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Attente... !

Maurice Devaux, pasteur

Attente... !
Maurice Devaux, pasteur
Depuis le temps des vacances, je suis interpellé, chaque matin par des messages particuliers délivrés habituellement par la radio, «juste» avant les informations. Messages laconiques annonçant des temps d'attente, soit au tunnel de Glion soit au Gothard (de 20 minutes à plus de 2 heures!).
Je ne me vois pas du tout en attente dans une voiture avec le moteur qui tourne et un rendez-vous programmé. Je déteste attendre et je plains les pauvres automobilistes en attente. Voitures surchauffées, moteur qui s'essouffle, manque d'air, vitesse au point mort et frein à main tiré avant d'avancer d'un bon mètre voire de deux, au mieux. Attendre 10 minutes pour avancer une fois encore d'un mètre ou deux, sans vraiment voir le bout du tunnel. Si je ne me rongerais pas déjà les ongles, là, c'est sûr, je m'y mettrais. Mais je reste très serein parce que moi, l'après tunnel de Glion ou l'après Gothard, ce n'est pas demain que j'irais y planter ma tente. C'est vrai que, partir par là-bas, il faut le vouloir... et il faut vraiment le vouloir.
Pendant les vacances, moi, je reste à la maison, c'est tout! A la maison, je n'attends pas. Je reste serein, tranquille. Quand je me réveille, j'attends un peu avant de descendre me faire un thé. J'attends que l'eau cuise puis j'attends que les feuilles de thé infusent. Quel plaisir de boire un bon thé! Je m'occupe alors comme je peux et j'attends l'heure de l'apéritif en attendant que le repas soit prêt. L'après-midi j'attends le soleil avant de me mettre sur le balcon. Je choisis un des nombreux livres en attente sur la table du salon pour en lire quelques lignes. Le soleil tant attendu étant trop insistant, j'attends un peu d'ombre pour en savourer la suite. Le soir arrive et j'attends que le soleil passe derrière le toit pour me remettre à table. Puis, très sereinement, j'attends que le sommeil me prenne pour retrouver mon lit. Belle journée! Une de plus. Je n'aime pas attendre.
Je suis comme ça depuis toujours. Je déteste attendre le train, je déteste attendre le bus, je déteste attendre le printemps, je déteste attendre la pluie, je déteste attendre les beaux jours, le bonheur et les nuits sans lune.
Moi, je n'attends jamais. Je viens de vous le dire. On est sur terre pour vivre, pas pour attendre! Bon, je vous le concède: ce n'est pas parce que le temps des vacances finissantes porte encore à quelque peu plaisanter et jouer avec des mots que je ne dois pas redevenir un peu plus sérieux.
Je comprends, je crois, ceux qui, humainement, attendent la fin de leurs soucis, la santé retrouvée, un travail correct et correctement rétribué. Je comprends celles et ceux qui attendent, dans leur vie, un coin de ciel bleu dans la grisaille quotidienne, un rayon de soleil dans leur humanité souffrante. Je le comprends d'autant mieux que moi aussi, parfois, j'aurais bien besoin d'un coin de lune pour éclairer mes nuits.
Attendre fait partie de notre vie. On attend toujours. Mais on est aussi toujours attendu. Et je me demande souvent, pour jouer encore avec les mots, ce que Dieu attend de nous. Et pour tenter de le dire «mieux» et «un peu plus encore», en faisant «un pas plus avant», je me demande ce que nous attendons de Dieu.
Attendre, toujours attendre... il me semble que ce que nous attendons ne se trouve pas dans le «vide» de nos vies à nous. Ce que nous attendons, sans vraiment le savoir ni le reconnaître, c'est de pouvoir donner un sens à notre vie et y trouver une raison d'espérer. Sans attendre!




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