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Equipe de Suisse

Victoire entachée d’un point noir

Les Helvètes n’ont pas su se mettre à l’abri face à l’Albanie

Haris Seferovic (en blanc, ici face à Elseid Hysa) s’est créé de belles occasions, mais a manqué de précision dans le geste final. Keystone

Lens Sélim Biedermann

Beaucoup d’observateurs avertis imaginaient Haris Seferovic titulaire en pointe avant l’entrée en lice de la Suisse à l’Euro, samedi contre l’Albanie. La plupart lui auraient pourtant préféré Breel Embolo. Les paris étaient ouverts.

Et c’est bien le Lucernois qui a été choisi aux dépens du Bâlois, pour sa part entré sur le flanc gauche à la place d’Admir Mehmedi à l’heure de jeu. Un choix que l’on peut aisément regretter au vu de toutes les occasions que Seferovic a galvaudées...

L’équipe de Suisse a gagné, sur la plus petite des marques (1-0), grâce à un habile coup de tête de Fabian Schär dès la 5e minute à la suite d’un corner botté par Xherdan Shaqiri – d’ailleurs l’unique point positif à mettre à l’actif du milieu offensif de Stoke City... – alors que le gardien Etrit Berisha sortait dans le vide. Là se situe l’essentiel. C’est même un succès historique, le premier qui compte dans un Euro pour les Helvètes.

Celui obtenu face au Portugal à domicile en 2008 avait été inutile et acquis face à une formation étant déjà certaine de poursuivre son parcours au-delà des poules. S’il est en plus déjà presque synonyme de qualification pour les huitièmes de finale – un point suffira mercredi contre la Roumanie, il est toutefois entaché d’un point noir: un cruel manque d’efficacité.

Manque de sang-froid

Dix-sept tirs contre sept, sept cadrés contre deux:la Suisse a dominé un adversaire réduit à 10 dès la 36e minute et le second avertissement écopé par Lorik Cana pour une faute de main flagrante. Supposée la plus faible du groupe A, la sélection de Gianni De Biasi, déstabilisée par un but encaissé très tôt et la perte brutale de son capitaine, a pourtant fait trembler celle de Vladimir Petkovic jusqu’au bout... Pas glorieux.

«Nous aurions dû ‹tuer› ce match au lieu de laisser notre adversaire y croire. C’était dur pour nous. On devenait nerveux à la fin, avant que l’on puisse enfin souffler avec ces trois points», souligne Embolo.

Le coupable numéro 1: celui qui a été préféré à ce dernier au centre de l’attaque. «On aurait dû l’emporter 3-0!», renchérit le jeune Camerounais d’origine. Tout n’est cependant pas à jeter dans la prestation de Seferovic, utile dans son rôle de pivot, rapide dans le sens vertical du terrain – c’est d’ailleurs lui qui a provoqué l’expulsion de Cana. Mais l’attaquant de Francfort n’a-t-il pas clairement manqué de sang-froid à quatre reprises? A l’orée des «16-mètres», il envoyait un «pétard mouillé» dans les bras du gardien (15e).

Excentré mais dans la surface de réparation, son tir croisé était facilement repoussé par Berisha (43e). En bonne position, son «pointu» à bout portant trouvait à nouveau le portier de la Lazio, brillant ce coup-ci (53e). Superbement lancé en profondeur par Embolo, il ratait son face-à-face avec le dernier rempart albanais (66e). Cela fait quand même beaucoup pour celui qui était censé ponctuer victorieusement les offensives suisses...

Ses coéquipiers ont beau eu le consoler au terme des débats, Seferovic se faisait alors tout petit. A cause d’une véritable incapacité à se montrer décisif. «Nous sommes bien rentrés dans le match, nous nous sommes créé plusieurs chances de marquer durant celui-ci, nous avons joué offensivement, mais au final, cette victoire n’est pas entièrement positive», juge Embolo. «Tout n’était pas parfait, on doit progresser, c’est clair», reprend Mehmedi. Qui poursuit: «On doit améliorer des choses». Lesquelles? «Il faut mettre le deuxième but! Si cela avait été le cas, la partie aurait été pliée. Heureusement que Yann Sommer a réalisé un miracle à la fin...»

Embolo se tient prêt

Et les miracles n’arrivent pas tous les jours. Mercredi à Paris, face à une Roumanie redoutable principalement par son bloc défensif compact, il s’agira d’«utiliser» au mieux les occasions qui se présentent. On ne peut alors s’empêcher d’espérer voir Embolo dans le rôle qu’il affectionne le plus et non pas sur le côté gauche en tant que joker.

Comme il l’a été samedi: «J’étais impatient, sur le banc, de pouvoir essayer d’aider l’équipe», lance-t-il. «Mais c’est le coach qui décide. Je reste toujours prêt. Contre l’Albanie, j’ai commis deux ou trois erreurs, mais j’ai réussi deux ou trois bonnes choses. Je suis quand même fier de mon entrée.» Rappelons qu’il n’a que 19 ans…

Ce serait beau d’inscrire un but à l’Euro à cet âge? «Bien que je sois jeune, je ne vais pas me cacher», prévient le Bâlois. «Je vais tout faire pour marquer!» Embolo pour Seferovic? Cela semble préférable.

Albanie - Suisse 0-1 (0-1)
Bollaert-Delelis, Lens: 38000 spectateurs.
Arbitre: Velasco Carballo (Esp).
But: 5e Schär 0-1.
Albanie: Berisha; Hysaj, Cana, Mavraj, Agolli; Abrashi, Kukeli, Taulant Xhaka (62e Kaçe); Roshi (74e Cikalleshi), Lenjani; Sadiku (82e Gashi).
Suisse: Sommer; Lichtsteiner, Schär, Djourou, Rodriguez; Behrami, Granit Xhaka; Shaqiri (88e Gelson), Dzemaili (75e Frei), Mehmedi (62e Embolo); Seferovic.
Notes: coup franc sur le poteau de Dzemaili (38e). Avertissements à Schär (13e, jeu dur), Cana (23e, jeu dur), Kaçe (63e, jeu dur), Behrami (66e, jeu dur), Kukeli (89e, antijeu) et Mavraj (91e, antijeu). Expulsion de Cana (36e, second avertissement, pour faute de main). Coups de coin: 4-4 (3-3).

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