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Équipe nationale

«L’Euro va continuer pour la Suisse»

Stéphane Chapuisat estime que la Pologne est battable.

L’ancien attaquant international, croqué l’automne dernier lors d’un match des légendes sous le maillot de Grasshopper, croit dur comme fer aux chances de l’équipe de Suisse face aux Polonais. Keystone

Juvignac
Sélim Biedermann

«Un huitième de finale, c’est toujours spécial. On entre maintenant dans la phase de k.-o. Il n’y a plus le droit à l’erreur. C’est là que l’on voit si on est une grande équipe.» Stéphane Chapuisat sait de quoi il parle. Bien que «sa» Suisse ait craqué au Mondial 1994 face à l’Espagne à ce stade de la compétition, elle avait séduit. Aujourd’hui, la nouvelle génération menée par Vladimir Petkovic monte en puissance. Passera-t-elle encore un cap samedi à Saint-Etienne face à la Pologne?

L’ancien international aux 103 sélections (21 buts), déjà convaincu avant l’Euro que l’équipe nationale avait une belle carte à jouer en France, en est désormais persuadé.

«La Suisse a bien fait son travail jusqu’ici et a pris confiance, elle s’est montrée solide. Tout comme l’est la Pologne d’ailleurs, qui possède aussi un attaquant de classe mondiale (réd: Robert Lewandowski), bien qu’elle ait eu de la peine lors de son dernier match face à l’Ukraine. Ce sera en tout cas un beau match, intéressant, sûrement serré, qui dépendra de la forme du jour. C’est du 50/50.»

Une équipe embêtante
Néanmoins, Stéphane Chapuisat mettrait volontiers une petite piécette sur cette formation au maillot rouge à croix blanche qu’il a porté durant trois grands tournois – il a aussi participé aux Euros 1996 et 2004. «La Suisse est embêtante à jouer, elle est bien organisée», souligne-t-il.

Elle possède surtout cette qualité essentielle qui est de faire le jeu. «Comme beaucoup de petites équipes maintenant, car elle n’est quand même pas encore une grande nation, elle ne perd pas tout de suite le ballon. Empêcher l’adversaire de le récupérer ainsi que de le conserver grâce à une bonne agressivité est une de nos grandes forces.»

Oui, «Chappi» croit dur comme fer que la sélection helvétique n’a pas fini d’écrire son histoire en France, malgré la tension inhérente au grand rendez-vous de samedi.

«C’est une pression positive, parce que la Pologne est à notre portée. C’est un adversaire battable, face auquel on est clairement capable de passer», juge celui qui reste dans les annales de la Bundesliga encore à ce jour en étant le troisième buteur étranger le plus prolifique du championnat allemand avec 108 réussites. Autant dire que son avis n’est pas dénué d’intérêt, et qu’il fait plaisir à entendre: «L’Euro va continuer pour la Suisse.»

«Compter sur la classe des attaquants»
L’ancienne gâchette du Borussia Dortmund, finaliste de la Coupe de l’UEFA en 1993 avec les «jaune et noir», deux fois vainqueur du championnat allemand et surtout d’une Ligue des champions en 1997 – il est d’ailleurs le seul joueur suisse à l’avoir remportée en ayant été titulaire –, espère bien d’ailleurs se rendre à Marseille jeudi prochain, après être déjà venu à Paris pour le match face à la Roumanie... «J’ai un empêchement samedi, mais je serai peut-être là pour les quarts de finale», lance le Vaudois, qui fêtera ses 47 ans mardi.

Son enthousiasme est partagé par beaucoup. Mais il tranche cependant avec l’incapacité des hommes de Vladimir Petkovic à se montrer efficaces face aux filets. Un constat implacable durant cet Euro. Qu’en dit dès lors l’ancien buteur – il a pris sa retraite sportive en 2006 – reconverti en entraîneur des attaquants à Young Boys? Eh bien, il reste convaincu du potentiel offensif de cette équipe de Suisse.

«Nous possédons des joueurs capables de faire la différence», rappelle-t-il. Oui, certes... «Bien sûr, le plus difficile restent les 30 derniers mètres, où il faut compter sur la classe des attaquants.» Evidemment, il n’existe pas de recette miracle. Et ne s’appelle pas Stéphane Chapuisat qui veut.

Une question d’instinct
Mais les Suisses ont des arguments à faire valoir, souligne le Vaudois. «Lors des deux premiers matches, on s’est créé plusieurs occasions mais on a manqué de réalisme.» Et de signaler à ce propos que la sélection helvétique n’est pas la seule dans ce cas lors de cet Euro. «C’est simplement une question de confiance, cela peut vite tourner. Une action finit au fond puis cela débloque le joueur. Les attaquants fonctionnent comme ça.»

Puissent Haris Seferovic, Breel Embolo ou encore Xherdan Shaqiri – le meilleur buteur suisse lors des qualifications avec quatre réussites – entendre les bonnes paroles de Stéphane Chapuisat... «Tous les trois ont beaucoup de qualités. On sait qu’ils sont capables de marquer. Mais à un tel niveau, ce n’est jamais facile. Il s’agit pour eux de retrouver des gestes simples», relève le plus grand attaquant suisse de tous les temps.

Elémentaire mon cher «Chappi»! Son conseil: «Quand on commence à trop réfléchir, on effectue souvent le mauvais choix. Le truc qu’il ne faut pas perdre, c’est l’instinct.»

 

Haris Seferovic: «Ce ne sera pas évident»

PAS SOULAGÉS À entendre Haris Seferovic (photo Keystone), les joueurs suisses ne sont pas plus soulagés que cela du fait d’affronter la Pologne en huitièmes de finale, samedi à Saint-Etienne (15h), plutôt que l’Allemagne, quant à elle première du groupe C uniquement grâce à une meilleure différence de buts, mais tout de même championne du monde en titre.

«La Pologne est aussi une très bonne équipe. Ce ne sera pas évident, parce que notre adversaire espère bien aller le plus loin possible dans ce tournoi, comme nous. On a disputé une bonne première phase, mais il s’agira de rester concentré samedi. Le but n’est pas de s’arrêter en si bon chemin, on a pour l’instant juste atteint notre objectif initial», lance l’attaquant de pointe, par ailleurs en concurrence avec Breel Embolo à son poste.

CE PETIT PLUS La Suisse n’a jusqu’ici encaissé qu’un seul but, sur penalty. La Pologne, elle, a gardé sa cage inviolée, ayant même posé des problèmes à la «Mannschaft» (0-0). Il s’agira donc évidemment de corriger le tir... «La situation n’est pas si compliquée que beaucoup le pensent, il nous manque simplement ce petit plus face au but», estime Seferovic.

«Il est évident que les défenseurs polonais sont rugueux, qu’ils jouent très bien. C’était déjà une équipe combative lors du 2-2 obtenu chez elle en 2014 en match amical.» Mais les joueurs de Vladimir Petkovic connaissent leurs propres qualités. «Nous sommes positifs avant ce huitième de finale, pour lequel on se prépare au mieux», glisse l’attaquant. «Maintenant que la Suisse est lancée dans cette compétition, tout devient possible!»

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