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Etats-Unis

Le débat de l’ultime chance pour Trump

Devancé dans les sondages, le candidat républicain doit gagner le dernier duel télé, demain soir, pour rester dans la course à la Maison Blanche.

Donald Trump continue d’alimenter la machine médiatique avec des polémiques qu’il subit ou qu’il crée. Keystone

Washington
Philippe Gélie

Si Donald Trump veut remettre sa campagne sur les rails, c’est ce soir ou jamais. Le troisième et dernier débat lui offre une ultime chance de s’imposer face à Hillary Clinton devant une audience nationale.

Après cela, il ne restera que les discours devant des publics déjà largement convaincus, la bataille des spots publicitaires – pour laquelle la démocrate dispose d’un trésor de 150 millions de dollars, contre 75 millions récoltés par le républicain – et la mobilisation des forces vives sur le terrain, où le réseau mis en place par Hillary Clinton pourrait compenser le surplus d’enthousiasme des supporteurs de Donald Trump.

Reprenant le format du premier face-à-face, le rendez-vous de Las Vegas doit consacrer six segments de quinze minutes aux thèmes choisis par le modérateur, Chris Wallace, de Fox News: la dette et les prestations sociales, l’immigration, l’économie, la Cour suprême, les points chauds sur la planète, l’aptitude à la fonction présidentielle.

Donald Trump a fondé sa campagne sur le contrôle de l’immigration, l’enjeu que recouvrent les prochaines nominations de juges suprêmes et l’assainissement des comptes publics via la croissance et l’amputation des politiques fédérales.

Trio de choc en Arizona
Hillary Clinton cherche à s’imposer avec une batterie de programmes sociaux et économiques, son expérience en politique étrangère et ses trente années de «préparation» à la fonction suprême. Cela pourrait donner un débat équilibré sur le fond si les candidats se retiennent de dériver vers l’insulte et le complot, comme ils y ont été enclins jusqu’ici.

A moins de trois semaines du scrutin, alors que 1,4 million d’électeurs ont déjà voté de manière anticipée, la situation paraît très déséquilibrée. Hillary Clinton est en tête dans tous les sondages nationaux sauf un (le «Los Angeles Times»), en position favorable dans la plupart des Etats pivots (swing States) et même en mesure de contester plusieurs bastions républicains.

Sa campagne a par exemple décidé d’injecter deux millions de dollars et de dépêcher son trio de choc – Michelle Obama, Bernie Sanders, Chelsea Clinton – en Arizona, un Etat qui n’a voté qu’une fois pour un candidat démocrate depuis 1968. Un million de dollars doit également arroser de publicités télévisées le Missouri, l’Indiana et le Texas. Ces Etats ne sont pas considérés comme essentiels à la victoire, mais ils pourraient lui permettre de creuser l’écart et de réduire au silence toute contestation.

Avec un retard moyen de sept points selon RealClear Politics, Donald Trump devrait amorcer un come-back historique pour l’emporter. Seuls Harry Truman et Ronald Reagan ont remonté un déficit respectif de cinq et six points à la mi-octobre.

Mais Donald Trump n’a jamais dépassé 47% d’intentions de vote et, faute de constance dans ses efforts pour élargir sa base électorale, il fait moins bien que Mitt Romney face à Barack Obama il y a quatre ans auprès de nombreux segments de la population: les hommes, les femmes, les républicains, les minorités, les plus de 65 ans, les diplômés, les cadres...

Les modèles de projections voient la probabilité d’une victoire de Clinton à plus de 80 pour cent. Stuart Rothenberg, dans le «Washington Post», prend même le risque d’affirmer que les chances de Donald Trump d’obtenir les 270 grands électeurs nécessaires sont désormais «inexistantes».

Polémiques
Un sursaut paraît urgent, et il passe selon les analystes par un retour aux sujets qui préoccupent les Américains: le changement, l’économie, l’immigration... Hillary Clinton devrait se retrouver sur la défensive, ce soir, après de nouvelles révélations montrant qu’un de ses adjoints au département d’Etat, Patrick Kennedy, a cherché à négocier avec le FBI la déclassification d’un courriel «confidentiel» passé sur sa messagerie privée.

L’«échange de bons procédés» n’a pas eu lieu, et rien ne prouve que Hillary Clinton ait été au courant de cette initiative, mais elle ajoute au soupçon de collusion et de camouflage.

Donald Trump continue cependant à alimenter la machine médiatique avec des polémiques qu’il subit ou qu’il crée. Celle des accusations de harcèlement sexuel, contre laquelle son épouse Melania est intervenue en sa faveur, récemment, sur Fox News et CNN. Et celle d’un vote «truqué», qu’il a lancée sans l’étayer. Plusieurs dirigeants du parti, y compris parmi ses proches, le contredisent en affichant leur «pleine confiance» dans le processus et le résultat du 8 novembre.

Le système électoral américain est décentralisé, sous la responsabilité des Etats – dont 31 sous administration républicaine – et chaque bureau de vote tenu à parité par des citoyens appointés par les deux camps. Mais Donald Trump n’en démord pas: «Bien sûr qu’une fraude massive a lieu avant et pendant le vote. Pourquoi les leaders républicains le nient-ils? Si naïfs!» Le Figaro

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