Derrière le masque, un énorme projet

Blaise Droz

Rue du Rocher 30, dans une ancienne fabrique en face du funiculaire de Mont-Soleil. Dans un vaste local du rez-de-chaussée transformé en salle de répétition, Patrice Bessire raconte avec passion ce que sera le prochain spectacle de la troupe Utopik Family tout en appliquant de la pâte à modeler sur un moule en tous points fidèle à son propre visage.

Un chant joyeux s’élève du sous-sol. C’est Florine Nemitz qui, elle aussi, confectionne l’un des 25 masques qui seront utilisés lors du prochain spectacle de la troupe. Patrice Bessire s’amuse de l’entendre: «Vous voyez que l’on peut être sous la pression du temps sans pour autant perdre sa bonne humeur!»

Mettre sur les bons rails une troupe professionnelle et dans le même temps créer un nouveau spectacle n’est pas une mince affaire. Il faudra bien pourtant que tout soit prêt le 27 janvier, date de la première représentation de «Solar» au CCL à Saint-Imier.

Ce sera le troisième spectacle original d’Utopik Family et pour Patrice Bessire ce sera aussi celui dont la mission sera d’ancrer la compagnie, de la pérenniser.

Projet énorme
«C’est un projet véritablement énorme plus contraignant et plus abouti encore que Tik tak et Diktatur nos deux premières créations», se confie Patrice Bessire. Chez Utopik Family, tout se crée mais rien ne se perd, un clou ne chasse pas l’autre et les deux premiers spectacles continueront d’exister et de tourner au gré des contrats.

Normal, le temps n’a pas d’emprise sur leur thématique et leur remarquable qualité n’a pas échappé à la critique, très élogieuse en Suisse, en France et en Allemagne. Le tandem Florine Nemitz et Fabrice Bessire constitue le noyau central de la troupe mais il sait s’entourer des bonnes personnes, qu’il s’agisse d’autres comédiens, de metteur en scène, d’agents ou de producteurs.

Le prochain spectacle a ceci de particulier que le projet artistique démarre au moment même de la fabrication des masques.

«Nous en préparons 25 qui ont chacun leur expression propre. Bien que figés, ces visages de papier mâché seront porteurs des émotions du spectacle», explique Florine Nemitz. Des visages caricaturaux dont la forme du front, du nez ou du menton dira le caractère de chaque personnage. Les yeux? Ils doivent surtout être placés parfaitement au bon endroit en fonction de celle ou celui qui se cache sous le masque.

Voici pourquoi les journées de Florine, de Patrice et de leurs aides sont entièrement vouées à la fabrication des masques et que le local des artistes est transformé en ce moment en un véritable atelier d’artisans spécialisés.

Trio sur scène
Les deux artistes seront rejoints sur scène par Matteo, un Italien de la troupe Family Floez de Berlin avec qui ils ont appris l’art de confectionner les masques. L’histoire que racontera «Solar» est celle d’une prostituée à la tâche dans une ville portuaire... Histoire de mettre en situation des matelots de passage.

Une sorte de Port d’Amsterdam à la Jacques Brel, avec ses rires forcés, ses fausses joies et ses vrais malheurs. La démarche n’est pas moralisatrice mais elle veut néanmoins ouvrir une réflexion sur la prostitution, l’abandon et la mort. Des thèmes durs qui seront pourtant abordés avec une salutaire dose d’humour.

Prélocations ouvertes: les trois premières représentations de Solar seront données au CCL les vendredi 27 et samedi 28 janvier 2017 à 20h30, puis dimanche 29 janvier à 17h au CCL de Saint-Imier. Il est sage de réserver d’ores et déjà ses places sur le site www.ccl-sti.ch, à information@ccl-sti.ch ou au 032 941 44 30.

Deux représentations seront ensuite données au CCRD (Delémont) les 3 et 4 février puis probablement dans beaucoup d’autres villes.