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Chaindon

L’aquarelliste orfèvre

Nacereddine Abbassi, toujours exposé au CIP, est un virtuose du pinceau, capable de faire vivre les atmosphères qu’il capture.

L’atelier de Nacereddine Abbassi, tout proche de l’église de Chaindon, surplombe la vallée de Tavannes. Photo:Adrian Vulic

par Adrian Vulic

«Ce que j’aime dans l’aquarelle, c’est que ça nécessite énormément de méditation. Il faut savoir où intervenir, contrôler les dérapages... Il y a une part de hasard, mais elle est maîtrisée. Dans le jargon, on dit d’ailleurs que ‹l’aquarelle ne pardonne pas le repentir›», dépeint celui dont le nom sonne à lui seul comme une poésie. Actuellement exposé au CIP, à Tramelan, Nacereddine Abbassi nous ouvre les portes de son atelier de Chaindon, dont les fenêtres offrent une vue sans pareille sur l’Orval.

Peintre aquarelliste
Car il y a vingt ans, déjà, que le peintre sillonne les différentes contrées du canton de Berne, dont il a habité, notamment, la capitale et la cité seelandaise. C’est pourtant en Algérie, en1949, que naît celui qui ne se découvrira aquarelliste qu’à trente ans. Après un diplôme obtenu à l’Ecole nationale des beaux-arts d’Alger, Nacereddine Abbassi se forme en effet à cette technique délicate dans les ateliers de maîtres florentins. Un savoir-faire qu’ilmaîtrise, depuis, avec une indéniable virtuosité, capable,comme personne, de rendre sur le papier les atmosphères qui le saisissent.
Ce sont ces ambiances, justement, qui l’intéressent, l’émeuvent, et que seul un long travail, toujours réalisé en silence, permet de reproduire. Pour cet orfèvre, en effet, le geste et la maîtrise du pinceau valent au moins tant que la sensibilité. «L’artisanat et l’art se rejoignent. Je n’aime pas le terme ‹artiste›, trop associé à une attitude, pas à du travail. Je me considère plutôt comme un peintre de chevalet ou comme un peintre aquarelliste», continue l’enfant de la ville de Constantine.
Cette appréciation d’une grande technicité, on la retrouve, également, dans l’attachement que Nacereddine Abbassi voue à la matière première de ses œuvres. «Pendant la pandémie, je ne pouvais pas acheter de papier. Je dois en effet me déplacer pour le toucher, je ne commande jamais.»

L’école des paysages
L’irréductible fidèle du grammage 380g/m2 s’est ainsi, pour partie, trouvé au chômage technique durant le confinement. Un temps de pause qu’il n’a pas eu de mal à combler, habitué des entractes durant lesquels, pendant plusieurs semaines, l’aquarelliste se contente du dessin et du croquis, nourrissant son inspiration de lectures, de musique et de balades. «Je n’aime pas le bruit, le trop-plein d’activités. Avant, la ville m’attirait comme un aimant, je suis d’ailleurs un enfant de la ville. C’est l’âge qui m’a changé», avance le peintre pour expliquer son installation à Chaindon.
Bien loin des paysages et du climat de son Algérie natale, où il se rend toujours régulièrement, s’inspirant, de la mer, du désert, de ses dunes et de ses oasis. «La nature, pour moi, c’est une école. Ce que je recherche, c’est l’authenticité», conclut distraitement l’aquarelliste, l’esprit déjà emporté ailleurs.

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