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Hockey sur glace

Une salvatrice bouffée d’oxygène helvétique

Il n’a fallu que deux matches et trois buts avec l’équipe de Suisse pour que Timo Meier évacue les restes d’une saison difficile avec les San Jose Sharks. A confirmer mardi soir (19h15) face à la Suède.

Timo Meier a comptabilisé 12 buts et 19 assists, cette saison, avec les San Jose Sharks. Insuffisant pour le satisfaire. (Keystone)

Laurent Kleisl

La NHL est habitée par de curieux spécimens. En symbole, l’état d’esprit si singulier qui anime Timo Meier, mariage d’une foi inébranlable et d’une rare capacité de rebond. «D’autres coaches, d’autres coéquipiers, un autre environnement, oui, je suis très heureux d’être à Riga pour effacer de mon esprit notre saison aux San Jose Sharks», admet l’Appenzellois de 24 ans. «L’équipe de Suisse me fait un grand bien, j’y retrouve la confiance.»

En 118 jours, entre le 14 janvier et le 12 mai, Timo Meier a avalé 54 des 56 matches au menu du calendrier régulier des Sharks. Un pensum intense, avec presque une performance à livrer tous deux les jours. Un pensum obscur pour la franchise californienne, bannie des play-off pour la seconde année consécutive.

Orphelins de Joe Thornton
Avant de planter trois admirables cageots lors de ses deux premières productions, bouffi de la conviction qui anime les champions, Timo Meier a dû oublier. «Du début à la fin, les Sharks ont connu un exercice très difficile», lâche-t-il. En janvier, les Californiens ont été contraints de délocaliser leur camp d’entraînement à Scottsdale, en Arizona, en raison des mesures sanitaires, avant de disputer leurs 12 premières rencontres à l’extérieur. «Malgré tout, nous sommes restés assez longtemps dans la course aux play-off. Avec beaucoup de jeunes à intégrer, nous avons manqué de constance.»

Ces derniers mois, sur et hors de la glace, les Sharks ont subi davantage qu’ils n’ont donné le ton. Pour la première fois depuis 15 ans, ils ont lancé un championnat sans leur charismatique attaquant Joe Thornton. Davosien l’automne dernier, le Canado-Suisse de 41 ans a migré vers Toronto et ses Maple Leafs. «Cela faisait bizarre de ne plus voir Joe dans le vestiaire», confie Timo Meier. «Cela a constitué un énorme changement pour nous, on ne pouvait plus bénéficier de son expérience et de son attitude positive.»

Le record de Patrick Marleau
Ensuite, il y a eu la constitution d’un mythe. Autre institution des Sharks, Patrick Marleau a dépassé Gordie Howe, le 20 avril, au nombre de matches de saison régulière joués en NHL. Quarante-et-un ans lui aussi, l’ailier canadien est parti en vacances avec 1779 parties au compteur. «Patrick, c’est une légende absolue. Ce record, cette longévité, c’est exceptionnel. Comme Andres Ambühl chez nous, il fait tout juste avec son corps jour après jour», admire Timo Meier.

Aux San Jose Sharks, l’attaquant vient d’écouler la deuxième des quatre années d’un contrat lui assurant un total de 24 millions de dollars. Les deux dernières, il pourrait les vivre ailleurs. «Ces rumeurs m’ont un peu surpris. Ce ne sont que des spéculations.» Il ajoute: «Je ne sais pas ce qui va se passer cet été à San Jose, qui est un endroit fantastique pour jouer au hockey. La franchise traverse une mauvaise passe, elle a dû accepter de descendre dans la hiérarchie. Même si elles ont été pénibles, les deux dernières campagnes suscitent de belles promesses.»

Apprendre la performance
La confiance, son moteur, refait surface. «C’est quelque chose que j’ai acquis en partant jeune en Amérique du Nord», dit-il. En 2013, ce grand fan du FC Saint-Gall, déçu de la tournure de la finale de la Coupe de Suisse, a abandonné les siens pour rejoindre les circuits juniors canadiens. «Cet état d’esprit s’intègre aujourd’hui au développement du hockey helvétique. De plus en plus de Suisses traversent l’Atlantique, où ils font l’apprentissage de cette mentalité, de cette faculté d’être performants dans les moments clés.»

Les médailles d’argent ramenées des Mondiaux en 2013 et en 2018 entrent également, à ses yeux, dans les actes qui contribuent à façonner la nouvelle conscience collective des hockeyeurs suisses. Il y a trois ans, il a guerroyé avec les glorieux de Copenhague. «Ceux qui y étaient connaissent la sensation de jouer une finale. C’est quelque chose qu’ils ont envie de revivre et de faire partager aux autres, à tous les copains du vestiaire.» Qu’importe le contenu de sa saison en NHL, qu’importe le vague à l’âme des San Jose Sharks, il n’a fallu que deux matches et trois buts à Timo Meier pour montrer la voie.


Deux matches, six points et un record pour l’équipe de Suisse

En limitant le Danemark à quatre tirs, dimanche, la sélection helvétique a écrit un chapitre d’histoire. Jamais une équipe n’avait accordé autant peu de lancers lors d’un match présenté lors de Mondiaux. La barre de la dernière référence en la matière, atteinte à trois reprises, était fixée à sept essais. Blanchi, le gardien Reto Berra a été condamné à l’inactivité, au contraire de son vis-à-vis Sebastian Dahm. Le portier de Klagenfurt n’a flanché qu’à une seule reprise sur les 30 tirs que lui ont adressés les Confédérés. Seule une frappe de Timo Meier, tombée après 13’12, a réussi à briser le mur défensif érigé par les Danois. Ce bloc compact porte le sceau d’Heinz Ehlers, «qui fait ce qu’il faisait en Suisse», coupe Tristan Scherwey. «Face à un tel dispositif, il suffit d’une erreur...» Qui n’est jamais venue.

Entraîneur qui a ramené le HC Bienne au LNA le 8 avril 2008, Heinz Ehlers a toujours privilégié le hockey béton, autant à Langenthal, Lausanne que Langnau, ses autres étapes helvétiques. «J’avais dit à mes gars de continuer sans relâche, que des opportunités allaient arriver», indique Heinz Ehlers, en évoquant une chimère. «Je suis heureux de l’éthique de travail de mes hommes, ils ont tout mon respect. Après la rencontre, je leur ai confié que cette sélection helvétique était la meilleure équipe que j’avais affrontée depuis bien longtemps. On n’est jamais content après une défaite, mais j’ai entendu que les Suisses ont admis que ce match avait été très difficile pour eux.» Une réussite à ses yeux.

Le défi suédois
Etonnamment, le succès 1-0 de dimanche face aux Danois a été plus ardu à décrocher que celui de la veille contre les Tchèques, battus 5-2 grâce notamment à des doublés de Timo Meier et Grégory Hofmann. Peut-être que, simplement, l’exploit réalisé vendredi par le Danemark face à la Suède (victoire 4-3) ne doit rien au hasard. «J’ai senti, dès le premier shift, que les Suisses venaient avec une énergie que nous n’avons pas vue face à la Suède», relève Heinz Ehlers.

Humiliée par les Danois, la «Tre Kronor» a littéralement sombré, dimanche, contre le Belarus, victorieux 1-0 – une des nombreuses surprises de début de tournoi. Mardi soir dès 19h15, le choc Suisse - Suède promet des étincelles. «Pour les Suédois, ce n’est pas normal de perdre d’entrée contre le Belarus et le Danemark», note Patrick Fischer, le sélectionneur helvétique. «Ils sont fâchés, ils vont réagir comme doit le faire une des meilleures nations du hockey. Nous pouvons nous préparer à un match difficile.» Une affirmation que Tristan Scherwey balaie du revers de la crosse: «On est bien décidé à laisser les Suédois là où ils sont!»

Sélectionneur du Danemark et ancien entraîneur du HC Bienne, Heinz Ehlers est impressionné par le hockey produit par l'équipe de Suisse. (Keystone)

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