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Hockey sur glace

La nation ou les vacances

Dominik Kahun sera sur la glace avec l’Allemagne, cet après-midi (15h15), pour le quart de finale des Mondiaux face à la Suisse. Au contraire du Biennois Gaëtan Haas, son coéqupier aux Edmonton Oilers.

Après une saison riche de 15 points en 48 matches de NHL pour les Edmonton Oilers, Dominik Kahun a dû attendre six jours à Riga avant de pouvoir jouer avec l’Allemagne. (Keystone)

Laurent Kleisl

Il n’est pire que l’eau qui dort. Et depuis son entrée en jeu lundi, Dominik Kahun a bien roupillé. Deux matches et aucun point, l’Allemagne se languit du génie créatif de son attaquant de 26 ans. Le réveil, peut-être, interviendra cet après-midi, à Riga, face à la Suisse. D’où danger. «Dominik lit très bien le jeu et possède une belle technique. S’il a plutôt un profil offensif, il peut sans problème évoluer dans une ligne de gratteurs.» Une description signée Gaëtan Haas, son coéquipier aux Edmonton Oilers.

Mercredi, le Biennois de 29 ans a quitté l’Alberta pour revenir au pays. Mercredi, l’Allemand né à Planá, en République tchèque, a préparé son quart de finale face à la Suisse. L’un est en vacances, l’autre se bat pour sa nation. «Gaëtan est un joueur qui s’engage toujours à 100% pour la sélection et que nous tenons en haute estime, autant pour ses performances que pour sa personnalité», souligne Lars Weibel, directeur des équipes nationales. «En raison des règles sanitaires en vigueur à Riga, il n’aurait pu entrer en jeu que très tard dans le tournoi. C’est pourquoi nous ne l’avons pas convoqué.»

Voyage dans la nuit
Le staff allemand ne s’est pas posé autant de questions. Arrivé mercredi dernier à Riga, Dominik Kahun a d’abord passé les trois jours réglementaires enfermé dans sa chambre d’hôtel. «On m’avait installé un vélo d’appartement pour que je puisse un peu m’entraîner», sourit l’intéressé. Ensuite, il a été autorisé à rejoindre sa sélection à l’entraînement sur la glace. Et lundi matin, un sixième test Covid négatif consécutif lui a permis, en soirée, de lancer son tournoi face aux Etats-Unis. Les jambes lourdes, le souffle court. Mais il y était.

Comme Gaëtan Haas, l’Allemand a conclu sa saison avec les Edmonton Oilers le lundi 24 mai. Ou plutôt très tôt le mardi 25. «Toni Söderholm m’a appelé cinq minutes après notre élimination», raconte Dominik Kahun. «Nous étions à Winnipeg et il devait être une heure du matin.» Le Finlandais, coach de la «Mannschaft», a tout de même attendu la fin de... la troisième prolongation; il a patienté jusqu’à ce que les Oilers cèdent définitivement face aux Jets au premier tour des play-off de NHL.

Ce match, l’Allemand l’a suivi depuis les tribunes. «Comme il ne voulait pas perdre de temps pour organiser mon voyage jusqu’à Riga, Toni a exigé une réponse immédiate. Je n’ai eu que quelques minutes pour me décider», s’amuse-t-il. «Nous sommes arrivés à cinq heures du matin à Edmonton. A six heures, j’étais chez moi. J’ai rassemblé quelques affaires et à neuf heures, j’étais dans l’avion pour Riga, via Montréal et Francfort!»

Mercredi, avant d’atterrir à Zurich, Gaëtan Haas a transité par Calgary et Amsterdam. Un autre voyage, pour une autre raison. La gloire attendra. «Dès que la saison d’Edmonton a été terminée, j’ai eu Patrick Fischer au téléphone», indique le Biennois. «J’ai toujours eu une bonne relation avec lui et je comprends sa décision. En cas de besoin, j’étais prêt à venir. Ce n’est que partie remise.»

Le pote à Leon
Superstar allemande des Oilers, Leon Draisaitl a préféré, de son côté, retourner le carton d’invitation tendu par Toni Söderholm, s’évitant voyage et confinement. «Il a tellement joué cette saison en NHL. Sa situation est bien différente de la mienne», signale Dominik Kahun. Entre 2009 et 2011, les deux hommes ont de concert martyrisé les gardiens du championnat d’Allemagne réservé aux  moins de 16 ans. En deux saisons et 67 matches avec la relève de Mannheim, le jeune Dominik a entassé 374 points, son pote Leon 337 unités en 65 rencontres. Des machines. «Malgré des chemins différents, ils sont restés très amis», dit Gaëtan Haas.

Au-delà du quart de finale de cet après-midi, au-delà de leur trajectoire à la fois parallèle et opposée, Gaëtan Haas et Dominik Kahun sont, eux aussi, autre chose que de simples coéquipiers aux Oilers. «On vient d’Europe; ensemble, on parle allemand; Dominik est un des gars avec lequel je suis le plus proche dans le vestiaire», confie-t-il. «Son arrivée dans l’équipe, en début de saison, m’a fait du bien. Nos copines se sont tout de suite bien entendues. Quand nous étions plusieurs jours en voyage avec les Oilers, elles passaient beaucoup de temps ensemble.»

En fin de contrat à Edmonton, les deux attaquants n’ont qu’une certitude sur leur avenir: cet après-midi, l’Allemand du duo voudra prouver qu’il s’est enfin réveillé. L’autre pourra s’autoriser une sieste.

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