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Nidau

De nombreux cœurs pour réchauffer le monde

L’humoriste Emil Steinberger et sa femme exposent leurs dessins

Le couple a exposé pour la première fois ses «feuilles hebdomadaires» en 2006. A Nidau, il a travaillé pour la première fois sur un thème précis. LDD

Christian Kobi

Tout a commencé dans un restaurant. La pizza se fait attendre, longtemps, très longtemps même. Trépignant d’impatience, Emil sort un stylo de sa poche et commence à dessiner sur le set de table. Puis il passe son esquisse à sa femme Niccel, qui y ajoute sa touche personnelle avant de renvoyer l’œuvre à l’expéditeur, et ainsi de suite. «Cela a donné une image incroyable», se souvient l’humoriste lucernois, aussi célèbre en Suisse allemande qu’en Suisse romande pour son personnage du Caporal Schnyder sur les planches et son rôle dans «Les faiseurs de Suisses» au cinéma.

La scène s’est déroulée il y a 16 ans. Depuis, le couple crée chaque semaine ce qu’il appelle une «feuille hebdomadaire». Cinquante de leurs créations, soit une année de travail, sont à découvrir en ce moment et jusqu’au 11 décembre à la Nidau Gallery. Le thème central de l’exposition est le cœur, sous toutes ses formes, un cœur censé réchauffer un monde qu’Emil trouve «un peu froid, voire même malade» et dans lequel «la seule chose qui compte est le pouvoir, uniquement le pouvoir».

Dans toutes les directions
Dessin, peinture, collage, les techniques utilisées sont aussi diverses que variées. Et le résultat, il faut bien l’avouer, est surprenant. Tantôt attristé, tantôt amusé, le visiteur vit un grand huit émotionnel. «Il est vrai que cela part dans toutes les directions. On ne sait jamais au début du dessin où cela va nous mener.

Tout dépend de notre humeur du moment, qui est parfois joyeuse, parfois moins», explique le vaillant octogénaire, qui présente actuellement son spectacle «Emil – Encore une fois» en Suisse allemande, avant sa venue en Suisse romande au début de l’année prochaine.

Le principe utilisé par les époux est le même depuis le commencement: chaque lundi matin, ils posent une feuille vierge sur une table à dessin. Elle ou lui y trace un ou plusieurs traits. L’autre y jette un coup d’œil à l’occasion et complète l’œuvre au gré de ses inspirations. «On continue ainsi, chacun à notre tour, selon notre fantaisie. On se laisse une liberté complète, il n’y a aucune limite sauf peut-être celle de ne pas détruire le travail de l’autre», rigole Emil.

Le couple poursuit l’exercice jusqu’au dimanche soir sans jamais se consulter, «même pas un petit mot de temps en temps». Celui qui a commencé le dessin signe toujours en premier. «A la fin, on ne sait souvent plus qui a fait quoi», s’amuse-t-il.

Un petit plaisir apprécié
Dans un quotidien chargé, où les préparatifs des spectacles et les représentations s’enchaînent à un rythme fou, Emil et Niccel Steinberger voient le dessin comme une forme d’exutoire. «Pour nous, c’est un jeu. On y prend vraiment du plaisir, même si on y passe au final que quelques minutes par jour», précise Emil, qui était passé par l’école d’arts de Lucerne durant ses jeunes années.

Sa femme, en revanche, n’a aucune formation dans le domaine. «Mais c’est incroyable ce qu’elle arrive à réaliser», déclare le mari sous le charme.

Pour la première fois depuis qu’il a commencé ses «feuilles hebdomadaires», le couple a travaillé sur un thème précis pour l’exposition, en l’occurrence le cœur. Celui-ci est présent d’une manière ou d’une autre dans chacune des œuvres, que ce soit sous forme de parapluie ou marchant à quatre pieds sur un tapis roulant.

Les directions prises sont parfois surprenantes. «Nous laissons les spectateurs libres de leur interprétation. Lors du vernissage, je me suis amusé à écouter les commentaires des gens. C’était parfois drôle», glisse Emil.

Deux dessins en souvenir
Cinquante dessins de Niccel et Emil garnissent donc les murs de la Nidau Gallery. Ils sont vendus 3650 francs la pièce. Sauf deux, que le couple souhaite garder en souvenir. «Ceux deux-là nous tiennent particulièrement à cœur», explique Emil. Une formule qui colle parfaitement au thème de l’exposition.

Exposition «Herzens-Wochenblätter»:
Nidau Gallery, rue Principale 13, Nidau. Ouvert du me au ve de 14h à 18h et le sa de 12h à 16h. Jusqu’au 11 décembre.

 

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