Vous êtes ici

Abo

Moutier

Expérience à vivre, un concert dans le noir le plus complet

Soirée musicale particulière samedi à la Sociét’halle avec un public privé de vue

Place à l’émotion pour un voyage musical à travers le monde, dans le noir complet. Sandro Schneebeli, à gauche et Max Pizio après leur première prestation dans le hall de la Sociét’halle samedi. PYT

Pierre-Yves Theurillat

Etre l’auditeur d’un concert dans le noir est une expérience unique que le Centre culturel proposait par deux fois à son public samedi à la Sociét’halle. Exécuté dans l’obscurité totale par deux musiciens, les Tessinois Sandro Schneebeli et Max Pizio, d’autant plus expérimentés qu’ils se produisaient sans repères visuels, ce concert a ravi une salle surprise. Reposée. Les musiciens invitaient l’auditoire au voyage musical à travers le monde, les continents. Des séquences musicales africaines, européennes, américaines, australiennes et jusqu’au fond de l’Asie ont pu transporter l’auditeur ailleurs.

Guitares, percussions, saxophones, clarinette, flûte traversière ou chinoise, des «toys» aussi, au service d’airs accessibles joués en virtuose, de sons plus méditatifs produits avec profondeur. La salle avait été traitée pour l’occasion. Pas un filet de lumière durant le concert. Pas de repères spatiaux. Juste la musique, les silences, le sentiment d’une présence ineffable.

Créer l’obscurité
Il a fallu cinq heures samedi après-midi aux instigateurs du concept pour rendre l’espace entièrement coupé de lumière. Au départ guidé à la queue leu leu par deux dames aveugles, qui ont déjà fait leur preuve dans les soirées «repas dans le noir», le public a pu prendre place dans l’espace de la Sociét’halle. Ce n’est que vers la fin du concert qu’il a découvert sa place réelle dans l’espace, retrouvant la vue. «J’avais peur que ça fasse un peu gadget, un peu jeu. Mais mes réserves se sont dissipées. Il émanait de ces musiques un peu de mystère», témoigne une auditrice, privée comme les autres de toute vision durant une heure, très enthousiaste après l’expérience.

Sandro Schneebeli (guitares et percussions), à gauche et Max Pizio (instruments à vent, percussions) © Marco d’anna/ldd

Vers la fin du concert, l’espace se dévoile. Deux bougies sont allumées. L’effet est total. Le public a été mis en cercle autour des deux musiciens, sans qu’il s’en aperçoive vraiment. «Il fallait deviner où nous pouvions être, laisser aller l’imagination grâce à la musique», confie une autre «spectatrice».

Du mérite de jouer ainsi dans la nuit aussi bellement, Sandro Schneebeli et Max Pizio en ont. Comment leur est venue l’idée d’aller au bout d’un tel concept, joué durant la saison d’hiver, à raison de 30 à 35 représentations dans toute la Suisse? «Un ami est allé manger dans un restaurant d’aveugle connu à Zurich, le Blindekuh, où ils proposent le repas dans le noir. Il m’a suggéré de faire de même mais avec la musique. Nous avons retenu l’idée d’autant que nous étions à la recherche d’une expérience hors du commun, fantastique», explique Sandro Schneebeli.

Une expérience qui varie d’une salle à l’autre, d’un public à l’autre. «A chaque concert on ressent les différentes énergies, la constellation du public, qui soit réagit aux sons, ou se tient plus tranquille. A Moutier, c’était à mi-chemin!», conclut le musicien tessinois.

Articles correspondant: Culture »