Par Marisol Hofmann
«Al’arrivée des premières menstruations se pose immanquablement la question de la protection hygiénique à adopter. Or les différentes options existantes ne sont pas toutes adaptées aux jeunes filles», observe Aurelia Cellammare. «Et cela est d’autant plus vrai lorsque les règles surviennent à un âge précoce.» Un phénomène qui lui semble plus fréquent que pour les femmes de sa génération. Cette habitante de Reconvilier, mère de deux enfants, a été en effet surprise d’apprendre, deux ans plus tôt, que sa fille, alors âgée de 12 ans, était la dernière de sa classe à avoir ses menstruations.
Mais revenons-en aux types de protections périodiques. Son ado a opté pour la culotte menstruelle, qui ne cesse de gagner en popularité, plus confortable et écologique que les serviettes hygiéniques. Le hic: les modèles existants sont plutôt adressés à un public adulte. «Le design ainsi que les coupes ne correspondent pas forcément aux attentes et respectivement à la morphologie d’une adolescente», explique Aurelia Cellammare. Et d’ajouter: «Les adolescentes sont un peu les oubliées de la lingerie menstruelle.»
Une entreprise mère-fille
C’est face à ce constat qu’elle a eu l’idée de lancer, avec sa fille, sa propre production. «Au départ, il s’agissait d’une recherche privée, qui s’est finalement transformée en un projet d’entreprise familiale», note-t-elle. Un projet baptisé Nilia – la contraction du prénom de ses deux enfants, Nino et Julia.
«Cela a nécessité un énorme travail de recherche», lâche-t-elle dans un souffle de soulagement, prenant conscience du chemin parcouru depuis lors. «Nous avons notamment commandé plusieurs modèles de culottes, que nous avons décousues afin de voir comment elles étaient conçues. Nous nous sommes approchées de stylistes et de ma mère, couturière, afin de bénéficier de conseils en matière de design et de choix des textiles et avons cherché un fournisseur», détaille-t-elle.
Les premiers prototypes ont récemment été produits par ce dernier, basé au Portugal, à partir d’un modèle conçu par les deux complices. Le résultat, c’est une culotte noire couvrante et confortable, fabriquée avec du coton bio œko-tex, des tissus absorbants et des matières imperméables recyclés, conçue pour une tenue allant jusqu’à 12h et disponible en plusieurs tailles (de 10 ans au 3XL). Le dos du sous-vêtement comporte l’inscription «j’ai le seum», une expression utilisée par les jeunes, qui signifie en avoir marre, être dégoûté ou en colère. Il s’agit d’un petit clin d’œil empreint d’humour aux désagréments que connaissent les femmes durant leurs règles.
Aurelia Cellammare et sa fille œuvrent depuis un certain temps au lancement de leur campagne promotionnelle. Elles sont déjà actives sur les réseaux sociaux et s’apprêtent à lancer, dimanche, une campagne de financement participatif sur la plateforme wemakeit.ch. «Nous allons proposer aux mères et à leurs filles de faire des pré-commandes. Nous prévoirons également un stock de réserve que nous écoulerons via notre site internet», précise Aurelia Cellammare qui compte d’ailleurs pousser plus loin sa démarche. En effet, si son projet connaît le succès escompté, elle entend s’approcher des communes, des écoles et des associations sportives notamment, afin de les sensibiliser à un sujet encore tabou et «faire évoluer les mentalités». «Les actions menées à ce sujet dans certaines écoles, comme la mise à disposition de serviettes hygiéniques, sont une avancée réjouissante, mais il est possible de faire un pas supplémentaire. Je souhaite montrer qu’il existe des solutions non seulement confortables pour les jeunes filles mais également respectueuses de l’environnement», conclut-elle.
Retrouvez Nilia sur Instagram (nilia_sarl), Facebook (Nilia Sarl) et bientôt sur son site www.nilia.ch.
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