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Rencontre

Le «père adoptif du Panettone» a démarré sa carrière à... Reconvilier

Iginio Massari, considéré comme l’un des meilleurs chefs pâtissiers italiens et du monde, était récemment de passage dans la localité où il a fait ses premières armes, il y a un peu moins de 65 ans.

Iginio Massari (à droite), accompagné du fils de son premier patron, Michel Doriot et de son épouse sont retournés sur les lieux où les deux hommes se sont rencontrés, il y a plus de 60 ans. MAH

Par Marisol Hofmann

Iginio Massari était âgé d’une quinzaine d’années, lorsqu’il a rejoint ses parents, qui avaient émigré à Bévilard. C’est la soif de découverte et l’envie d’acquérir de nouvelles méthodes, après une première expérience professionnelle dans sa ville natale (Brèche), qui l’ont poussé à s’aventurer hors de l’Italie. Il a alors dégoté un premier emploi à la boulangerie Doriot, à Reconvilier, qui se trouvait, à l’époque, dans le bâtiment de la route de Saules 1.

Près de 65 ans plus tard, par l’intermédiaire du dernier boulanger de la localité, Olivier Hofmann, il revient sur les lieux, accompagné du fils de son ancien patron, Michel Doriot, qu’il n’avait d’ailleurs jamais revu depuis. «Le village est resté le même, quasiment identique à mon souvenir. En revanche, Doriot et moi avons beaucoup changé. La vieillesse est une maladie irréversible», plaisante Iginio Massari. S’il ne reste aucune trace de l’ancienne boulangerie – les locaux accueillent aujourd’hui une épicerie-bar à tabac –, cette visite lui rappelle tout de même, non sans nostalgie, «l’homme au grand cœur» qui lui a donné l’opportunité, durant une année, d’acquérir les secrets du savoir-faire helvétique. «J’avais beaucoup d’estime pour feu André Doriot, un passionné qui se donnait de la peine pour transmettre son art.» 
Sa venue à Reconvilier lui évoque d’autres souvenirs comme les entraînements de lutte à la culotte, les skieurs, en hiver, qui marchaient des kilomètres, leurs lattes sur l’épaule, pour dévaler des pentes ou encore la Foire de Chaindon. «Il y avait une telle foule, c’était incroyable. Et tout le monde ne jurait que par le gâteau au fromage!» s’étonne-t-il encore, bien que la recette l’ait conquis, lui aussi. «Il m’arrive même d’en préparer.»  
Michel Doriot garde également un souvenir positif du pâtissier italien, de huit ans son cadet. «J’étais épaté par l’entrain dont il faisait preuve. Il se donnait au maximum et était très alerte». Avant ces retrouvailles, Michel Doriot ignorait toutefois que le jeune passionné qu’il a connu s’était depuis lors taillé une réputation internationale. «Iginio voulait faire un apprentissage, mais pour cela il fallait faire une demande officielle auprès des autorités, qui lui a été refusée, de par son statut d’étranger», explique le boulanger retraité. «Suite à son départ, nous n’avons jamais su ce qu’il était advenu de lui.» 
C’est donc avec surprise et admiration qu’il a récemment découvert le brillant parcours d’Iginio Massari.
 
La recette du succès
Cette étoile de la pâtisserie et de la confiserie, auteur de près de 200 livres spécialisés et lauréat de plus de 300 prix et concours nationaux comme internationaux, baigne depuis son plus jeune âge dans le monde des saveurs. «Mes parents tenaient, en Italie, une auberge avec une gelateria», précise Iginio Massari. 
Selon lui, la recette de son succès est composée de sa persévérance, son habileté à développer de nouveaux goûts et combiner des saveurs, aiguisée au cours de ses nombreuses expériences de travail auprès de grands noms tels que Bauli et Star, ainsi que de sa sensibilité à l’esthétique. «Le goût ne suffit pas. Il faut également que mes créations soient belles», insiste-t-il. Celles-là sont de véritables œuvres d’art à l’élégance italienne, à dévorer aussi bien avec la bouche qu’avec les yeux.  «Ce qui me passionne, dans mon métier, c’est de pouvoir transmettre de la joie par le goût», lâche celui qui est considéré comme le «père adoptif du Panettone». 

 

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