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Reconvilier

L’engagement actif de Richard Kalonji

Requérant d’asile, le juriste congolais participera au «Dimanche des réfugiés» à Chaindon

Réfugié «au pays de l’excellence», dit-il, Richard Kalonji s’engage pour le rétablissement de la démocratie au Congo. Stéphane Gerber

Yves-André Donzé

L’allure posée, le regard analytique, le verbe clair, Richard Kalonji porte très fort en lui le destin de l’humanité et plus particulièrement de son pays, la République démocratique du Congo (RDC). Craignant que l’on continue de génocider son pays, ce juriste ne s’inscrit pas dans une diaspora silencieuse, mais bien militante. «Dans l’espoir d’alléger à terme la souffrance de mon peuple», dit le juriste et réfugié politique à Reconvilier. Lors du «Dimanche des réfugiés» qui se tiendra le 21 juin à l’église de Chaindon, il présentera un film intitulé «Le conflit au Congo: la vérité dévoilée» Ce documentaire dénonce les causes du déclenchement de la plus grande crise humanitaire à l’aube du 21e siècle, au Congo.

Diplômé de l’Université protestante du Congo, à Kinshasa, Richard Kalonji s’est rapidement intégré dans la communauté protestante de Berne, puis de Reconvilier. Il est membre du Conseil de paroisse de l’Eglise réformée de Chaindon depuis le début de l’année. A ce titre, il représente la paroisse au Synode jurassien dans lequel il siège à la commission des migrations. «Avec Richard Kalonji, nous avons non seulement un excellent représentant de notre communauté, mais encore un être de très grande qualité», se réjouit la secrétaire de la paroisse Brigitte Saunier.

En pirogue de Kinshasa à Brazzaville

Le requérant d’asile n’a pas débarqué avec les marées assassines de la Méditerranée. Menacé dans son pays, il a franchi le fleuve frontière Congo jusqu’à Brazzaville, d’où il a pris l’avion. Escale en France, puis il s’est immédiatement constitué requérant d’asile il y a deux ans, à Bâle. «Je suis réfugié provisoire», dit-il laconique. Mais il fait passer la cause de la libération du Congo avant son confort personnel.

Il explique l’importance d’informer le public sur les vraies raisons de la crise du Congo. «Le film documentaire que je vais présenter et commenter montre qu’à la base du conflit, il y a, entre autres, les viols des femmes et des enfants, les pillages des ressources naturelles, la complicité de la communauté internationale à travers l’armée rwandaise et ougandaise», explique le réfugié, en sa qualité de président du Comité urbain de l’alliance des patriotes pour la refondation du Congo (Apareco) pour le canton de Berne.

Il existe un groupe de ce mouvement pacifique, et politique, par canton, en Suisse. Celui de Berne comprend une centaine de membres. Son but est donc de dénoncer publiquement les exactions permanentes du gouvernement tels que les viols et les exécutions sommaires.

Un charnier de 425 corps

«Récemment, il a été découvert un charnier de 425 corps dans la commune de Maluku à Kinshasa. Une enquête internationale est en cours. Une grande manif pacifique de protestation a eu lieu les 19, 20, 21 janvier 2015 au Congo», précise le juriste. Qui explique comment les élections démocratiques sont systématiquement confisquées par Joseph Kabila, par-dessus l’épaule des élus tels que Jean-Pierre Bemba en 2006, et Etienne Tschisekedi, en 2011.

«Nous devons lutter pour que cessent les arrestations et les assassinats politiques, que cessent les empoisonnements des hommes politiques, que cesse la fermeture des médias d’opposition. Nous exigeons la reconnaissance du génocide congolais , martèle le militant.

Ici, le réfugié souffre de la séparation d’avec sa famille, du projet de vie qu’il doit abandonner et du regard des gens qui le prennent pour un profiteur. Le réfugié n’existe pas vraiment. «C’est pourquoi il faut donner la bonne information au requérant. Qu’il connaisse ses droits et ses devoirs. A la Commission des migrations, du Synode nous promouvons les principes de la politique migratoire», résume Richard Kalonji.

«Ici, c’est un pays sécurisé, à la démocratie solide, où nous pouvons nous exprimer librement et surtout, c’est le pays de l’excellence. La Suisse est un pays de bosseurs», conclut-il, admiratif.

Dimanche des réfugiés à l’église de Chaindon

La Journée mondiale des réfugiés est organisée en l’honneur des réfugiés, des demandeurs d’asile, des personnes déplacées, des apatrides et des personnes de retour dans leur pays du monde entier, et ce afin de saluer leur envie et leur espoir en une vie meilleure, selon l’agence des Nations Unies pour les réfugiés. En Suisse, la journée a lieu le troisième samedi du mois de juin. La paroisse de Reconvilier organise un «Dimanche des réfugiés» à l’église de Chaindon, le 21 juin à 10h, avec la présentation du film et un repas africain. Inscriptions jusqu’au 17 juin au 032 481 19 55 ou à paroisse.ref.rec@bluewin.ch

 

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