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Sélim Biedermann
Aussi sacrée soit elle outre-Sarine, la lutte suisse n’en perd pas ses quelques forces vives francophones. Les rares Romands qui prendront part à la Fête fédérale de la discipline, ce week-end à Estavayer, se jetteront dans la sciure avec enthousiasme face aux favoris germanophones, à défaut d’ambitions démesurées. Ils sont au nombre de 27 sur 275, annonce le comité d’organisation de cet événement d’envergure se produisant tous les trois ans. Eh bien non, ils sont «carrément»29. N’allons pas oublier les deux représentants du Jura bernois! Même s’il est vrai que Maël Staub et Lukas Renfer sont bien cachés au sein de leur association cantonale forte de 55 sélectionnés...
Tous deux sont en tout cas très heureux d’avoir su répondre présent en amont de ce gigantesque rendez-vous. «C’est une grande fierté d’avoir été retenu parmi les meilleurs Bernois», lance Maël Staub, de Sonceboz, qui participera, du haut de ses 27ans, à sa troisième Fête fédérale de lutte suisse et des jeux alpestres consécutive.
Maël Staub (photo) et Lukas Renfer représenteront le Jura bernois à Estavayer. Le premier nommé, possédant 17 couronnes, prend part à sa troisième Fête fédérale de lutte suisse consécutive, quant au second, il vient de fêter ses 20 ans et découvrira ce grand rendez-vous en étant déjà riche de cinq de ces distinctions. Stéphane Gerber
«De plus en plus populaire»
Un homme bien placé pour constater un certain renouveau hors des contrées alémaniques. «Evidemment, c’est incomparable avec l’Oberland bernois, par exemple, où c’est une religion! Mais il y a davantage d’attrait pour la lutte en Suisse romande ces dernières années», se réjouit-il. «Les athlètes proviennent, certes, en majorité du cercle des métiers agricoles, mais cela devient de plus en plus populaire. Dire que c’est uniquement un sport de bûcherons ou de paysans suisses allemands, ce sont clairement des préjugés. Il ne s’agit pas simplement d’être gros ou de juste avoir de la force (réd: il n’existe aucune catégorie de poids). Les lutteurs se préparent à fond, il y a aussi une certaine tactique à adopter. C’est devenu très technique.»
Maël Staub, lui, possède déjà un bagage conséquent avec les 17couronnes qu’il a remportées dans sa carrière sportive débutée voici quasiment deux décennies. Et n’allez pas croire qu’il n’est pas un fin technicien parce que son profil rappelle certains a priori. En effet, ce sympathique colosse de Sonceboz, pesant105kg pour1m97, exerce les métiers de bûcheron et d’agriculteur...
L’honneur bernois
Lukas Renfer, de son côté, est fromager dans le canton de Fribourg, à Alterswil, où il a suivi son apprentissage en allemand. Il n’a fêté ses 20ans que dimanche dernier. Pourtant, malgré le fait qu’il sera un des plus jeunes compétiteurs présents à Estavayer, il est parvenu à totaliser suffisamment de points pour s’y rendre. Le jeune homme aux cinq couronnes en est fier. «C’est un honneur», sourit celui qui a grandi à Corgémont. «C’était toutefois mon but au début de la saison, bien que celui-ci se voulait ambitieux. Cela a d’ailleurs été assez rude pour décrocher ma qualification. Durant les années où se tiennent lesFêtes fédérales, tout le monde se donne à 120%.»
Le Jurassien bernois a mis tout en œuvre pour se faire sa place parmi ses coéquipiers cantonaux. «Je me suis donné à fond l’hiver dernier. Puis un peu moins intensément ensuite afin que mon corps soit bien rétabli pour les premières fêtes», explique-t-il. Lukas Renfer s’entraîne dans les ronds de sciure de Schwarzenburg et Berne en plus de ses séances de fitness. L’association fribourgeoise de lutte suisse, canton où il exerce sa profession, ne l’attire pas plus que cela. «Mon cœur est toujours dans le Jura bernois», coupe le Curgismondain. «Je combats pour l’honneur bernois.»
«Le bon niveau manque»
On le retrouve quelques fois par an à s’entraîner au sein du club de Tavannes – où il a fait ses débuts lorsqu’il avait 10ans –, le seul du Jura bernois avec celui de Péry. Mais, au-delà des déplacements très contraignants, la relative faible rivalité s’y trouvant l’empêche de réellement progresser, note Lukas Renfer, presque gêné.
«Le bon niveau manque, c’est assez limité en qualité. C’est un peu méchant à dire, mais il y a seulement Maël Staub qui est vraiment fort. Et en Suisse allemande, les lutteurs sont à fond impliqués dans leur sport. La mentalité est différente, les athlètes viennent de façon plus régulière aux entraînements», ajoute le parfait bilingue, dont la maman est originaire de Rüeggisberg, dans le canton de Berne.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que son «bon copain» Maël Staub, selon les termes de ce dernier, également, se rend régulièrement dans le Seeland au lieu d’aller dans son club de Tavannes. «On est obligé de chercher un peu la qualité à l’entraînement si on veut arriver à quelque chose. Il faut varier les lutteurs, combattre contre des adversaires plus forts que soi», souligne-t-il.
«Ce sport demande beaucoup de sacrifices, aussi pour la copine... La mienne, et je l’en remercie, est très compréhensive.»
Bien qu’elle gagne de l’intérêt en Romandie, la lutte suisse reste donc surtout une affaire alémanique. Oui, encore une fois, les francophones vont avoir de la peine à gagner des couronnes à Estavayer.
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