Vous êtes ici

Abo

ENVIRONNEMENT

Les sacs plastiques pas interdits

LDD

KESSAVA PACKIRY

Les sacs en plastique jetables ne seront pas interdits. Après le National, c’est le Conseil des Etats qui a ainsi décidé, hier, de classer la motion du Fribourgeois Dominique de Buman (PDC). Le Parlement privilégie comme alternative l’accord de branche librement consenti, signé notamment par les deux géants Coop et Migros. Cet accord sera progressivement mis en place, et vise à réduire drastiquement le nombre de sacs en plastique jetables, en les facturant d’un certain montant.

Dominique de Buman avait déposé sa motion en 2010 déjà. Il demandait au Conseil fédéral de modifier la législation fédérale «de façon à interdire l’utilisation dans le commerce des sacs plastiques non réutilisables et non recyclés, comme cela se fait déjà dans de nombreux pays, y compris dans des pays émergents». Le conseiller national fribourgeois avait cité la Chine, le Rwanda, le Kenya, mais aussi la France ou l’Australie comme exemples.

«La durée moyenne d’utilisation d’un sac plastique est de 25 minutes. Sa fabrication nécessite du pétrole et beaucoup d’énergie. De plus, lorsqu’il est incinéré, il dégage de la dioxine. Pour les sacs qui finissent dans la nature ou dans nos lacs, il faudra plusieurs centaines d’années pour qu’ils disparaissent», avait plaidé l’élu.

 

De Buman satisfait

«Même si j’aurais souhaité une interdiction pure et simple, je suis satisfait», confie Dominique de Buman. «Le paradoxe dans ce dossier, c’est que c’est la branche qui s’est montrée plus dynamique que l’Office fédéral de l’environnement, qui avait estimé, par sa section juridique, que l’interdiction était impossible sans un changement de loi. Et que ma motion était disproportionnée car elle aurait nui à l’économie. Pourtant, l’industrie plastique de la Suisse n’avait rien à craindre puisque ces sacs sont fabriqués en Chine. Et les expériences menées par Migros ont montré que les affaires n’en étaient pas affectées.»

Hier, les deux géants de la distribution n’ont d’ailleurs pas tardé à communiquer sur leurs bonnes intentions. A partir du 1er novembre 2016, Migros facturera cinq centimes les sacs à usage unique. Le géant orange se base sur l’expérience menée depuis 2013 dans le canton de Vaud. «Les clients se sont vite habitués à ce changement et, depuis lors, Migros Vaud a pu réduire considérablement l’usage des sacs en plastique», indique l’enseigne. Migros Genève de son côté renonce depuis plusieurs années déjà à distribuer des sacs jetables.

 

Réduction de 80% espérée

Coop facturera également le sac cinq centimes pièce à compter du 24 octobre à Zurich. «Des tests ont montré que quatre clients sur cinq renoncent au sac plastique jetable dès lors que celui-ci devient payant», indique la coopérative.

La pratique sera généralisée au printemps aux plus de 850 supermarchés de la coopérative, qui ambitionne de réduire de 80% le nombre de sac en plastiques jetables dans ses magasins. Les deux enseignes insistent également sur le fait que ces sacs utiliseront un matériau 100% recyclé. Enfin, elles font savoir que l’argent provenant de la vente de ces sacs servira à financer des projets environnementaux.

 

Exception pour les salades

L’accord de branche ne concernera pas les sacs servant à récolter les fruits et les légumes. «Il ne concerne pas non plus les commerces dits de proximité, comme les shops, car on parle là d’achats spontanés», précise Dominique de Buman. «Mais ces commerces ne représentent que 10% du chiffre d’affaires du reste de la branche. C’est peu.»

Le Fribourgeois insiste également sur un point: l’accord est valable jusqu’en 2025, mais est renouvelable. En revanche, si les objectifs ne sont pas atteints, la branche se dit prête à accepter une modification légale. «Ma motion a été classée, mais elle n’est pas enterrée.»

Articles correspondant: Suisse »