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Impertinences

Quand le manège donne le tournis

Echec du TransRun, bisbilles au sein du gouvernement, portes qui claquent: les affaires n'en finissent pas d'assombrir l'horizon du canton voisin

Décidément, le canton de Neuchâtel offre un bien pitoyable spectacle. Un mois après le psychodrame du TransRun, voilà Claude Nicati qui rue dans les brancards et claque la porte du Parti libéral-radical. Incompris, le malheureux n'a pas étranglé le coup de sabot reçu lors de la dernière assemblée générale. Faut dire que les délégués n'ont pas pris des pincettes en dénonçant sans ménagement celui qui incarnait l'échec du TransRun.

Mais surtout, son Excellence n'a pas avalé la décision du parti d'organiser des primaires pour désigner ses candidats au gouvernement en vue des prochaines élections. Une façon peu élégante de lui signifier son dernier tour de piste. Et dire qu'il y a quatre ans, le PLR avait cru miser sur un cheval de course avec Nicati, qui avait accepté de remplacer au pied levé un certain Rolf Graber (oui, le frère de Jean-Pierre), qui s'était désisté à la toute dernière minute comme candidat au Conseil d'Etat?

Qu'il est loin, le temps où la bonne étoile de Neuchâtel brillait au firmament! Malgré sa petite taille, le canton n'a-t-il pas compté plus souvent qu'à son tour un conseiller fédéral au cours de ces 60 dernières années- A commencer par l'excellent Max Petitpierre au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, puis Pierre Graber, dans les années 70, suivi de Pierre Aubert, René Felber et maintenant Didier Burkhalter. Sans oublier un certain Francis Matthey, imposé en 1993 par les bourgeois en lieu et place de Christiane Brunner, la candidate officielle du PS. Mais bon prince, Matthey refusa son élection.

Bon, c'est vrai que ces augustes personnes n'ont pas toutes laissé un souvenir impérissable de leur passage dans le Saint des saints. De Pierre Aubert, on a surtout retenu ses propos surréalistes au retour d'un voyage officiel dans la Roumanie de Ceaucescu. Interrogé à propos de la pénurie alimentaire frappant le pays, il avait répondu- y avoir trop mangé! Quant aux destructions de villages entiers, il n'en avait vu nulle trace, préférant gloser sur les beautés architecturales construites sous le régime du Conducator.

Autre particularité des élus neuchâtelois: à part Didier Burkhalter qui a d'abord fait un furtif passage au Département de l'intérieur, ils ont tous été confinés aux Affaires étrangères. Pourquoi- «Parce que c'est là qu'ils risquent de faire le moins de dégâts», avait une fois glissé, un brin perfide, un des poids lourds alémaniques aux Chambres?

Reste que sur le plan cantonal, l'Etat de Neuchâtel a longtemps pu compter sur de grands hommes. Des Francis Jeanneret, Jean Cavadini, Pierre Béguin, Pierre Dubois, Francis Matthey, ou encore Jean Studer. Mais depuis qu'il s'est fait brûler la politesse pour le Conseil fédéral par Alain Berset, ce dernier n'avait plus le feu sacré. Pas étonnant qu'il ait préféré les lambris dorés de la Banque nationale à la pierre jaune du Château.

Non sans raison, car depuis bientôt quatre ans, c'est vraiment la gabegie au gouvernement. A tel point que la présente législature restera sans doute dans les annales comme la pire depuis la fin du joug prussien en 1848. Seul élu d'expérience, Jean Studer a dû composer avec une bande d'amateurs. Passe encore qu'ils manquent d'expérience, si tous cavalaient dans le bon sens- Il y a d'abord eu les frasques du shérif des Montagnes Frédéric Hainard, contraint à la démission en cours de mandat. Thierry Grosjean qui lui a succédé n'est certes pas un pur-sang, mais il trotte au moins sans soulever de poussière.

Et au sein de ce foutu Conseil d'Etat, Jean Studer n'a même pas pu compter sur l'appui de sa collègue de parti, Gisèle-Ory-je-sais-tout. Le bilan de cette dernière à la tête de la Santé est si catastrophique qu'elle a d'ores et déjà annoncé qu'elle ne se représenterait pas l'an prochain. Histoire d'éviter une gifle. Elle, au moins, est lucide. Une qualité dont Claude Nicati est, à l'évidence, totalement dépourvu, lui qui dit encore réfléchir à un 2e mandat. Mais quelle formation voudrait bien s'encombrer d'un tel canasson! Et s'il se lance en indépendant, c'est qu'il n'aura vraiment rien compris.

Quant à son ex-parti, il faudrait lui administrer un sérieux remède de cheval pour qu'il puisse choisir lucidement ses prétendants. Sur les trois élus qu'il avait réussi à placer au gouvernement, il n'en reste plus qu'un seul en selle, le bien pâlot Philippe Gnaegi. Lorsqu'on dit que la politique est un grand cirque-

Sur les trois PLR élus au gouvernement, il n'en reste plus qu'un seul en selle.

Quel parti serait assez fou pour accueillir dans ses rangs un boulet aussi encombrant que Claude Nicati-

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