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Impertinences

Sa folie orchestrée la rattrapé

Pour les 25 ans de la sortie de «Bad», l'excellent mensuel français Rock First retrace brillamment la genèse d'un album qui a marqué son époque.

Sa folie orchestrée l'a rattrapé

Bien au-delà de la musique, ce sont les manipulations marketing orchestrées par Michael Jackson qui interpellent. En 1986, une année avant la sortie de «Bad», «Bambi» acquiert sa fameuse chambre à oxygène pour 200 000 dollars. L'idée: faire courir la rumeur qu'il passe ses nuits dans la machine afin de vivre jusqu'à 150 ans. Un journaliste du National Enquirer, Charles Montgomery, est perquisitionné pour avoir évoqué la chose, photo à l'appui. «Je voyais clair dans son petit jeu», explique Montgomery dans Rock First. «Je savais que le film ?Capitain Eo- (réd: court-métrage dans lequel apparaissait Michael Jackson) allait sortir et qu'il essayait de véhiculer une image un peu futuriste, pour la pub. Peu importait, ça me faisait un bon article.» Les médias mordent aussitôt à l'hameçon. Corollaire, ils affublent Michael Jackson du surnom de Wacko Jacko, ou Jacko le taré si vous préférez, un sobriquet qu'il traînera jusqu'à la tombe.

Pour faire jaser avant la sortie de «Bad», Wacko Jacko lance sciemment une autre rumeur tout aussi folle: il souhaite acheter pour un demi-million de dollars les ossements de John Merrick, alias Elephant Man. Toujours à des fins marketing, Michael Jackson tentera même d'initier Prince, son pire ennemi, à ses manigances en lui proposant d'enregistrer la chanson «Bad» en duo. Pour que la mayonnaise prenne, une campagne de presse opposant violemment les deux stars aurait bien sûr précédé la sortie du disque. Prince a refusé. Bien lui en a pris.

Ses manipulations à large échelle ont, en bout de course, consumer le peu de raison restant au King of Pop. Dès lors, Michael Jackson est complètement parti en vrille, perdant tout sens de la réalité. «Mon Dieu, qu'est-ce qu'on a fait- Putain merde, qu'est-ce qu'il lui arrive?», lancera Frank Dileo, son manager, au c?ur du Bad World Tour. Même pour sa mort, le 25 juin 2009, «MJ» a inventé une magnifique sortie marketing. Des répétitions pour un retour sur scène, un étrange docteur, un savant cocktail de médicaments et cette silhouette difforme, la sienne.

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