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LE PRÉNOM ★★( ★)

Et si on l’appelait Mauvaise foi?

Lorsqu’une soirée d’apparence bon enfant vire au chaos.

D’abord hilares à l’évocation du prénom du futur rejeton de leur ami (Patrick Bruel), Claude (Guillaume de Tonquédec) et Pierre (Charles Berling) ne vont pas tarder à trouver le choix saumâtre. LDD

Myrtille, Apolline, Albator ou plutôt Max, Icare ou encore Louison? Vous aussi, vous vous êtes torturé l’esprit pour trouver un prénom digne à votre progéniture, quelque chose à la fois d’original mais pas trop et qui ne prête pas le flanc à la moquerie? Le choix du prénom, sujet sensible s’il en est... C’est le ressort du bien-nommé «Le Prénom», film adapté d’une pièce de théâtre à succès, dont les deux auteurs, Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, ont assuré la transposition à l’écran. La mise en scène, un peu trop figée, respecte les impératifs du théâtre, à savoir une unité de lieu et de temps. On ne quitte donc pas l’appartement parisien dans lequel se déroule une réunion amico-familiale qui va gentiment déraper. Un peu à l’image du «Dîner de cons».

Ce soir-là, Elisabeth (Valérie Benguigui) et son mari Pierre (Charles Berling), un couple d’enseignants empreint de belles pensées de gauche, ont invité Claude (Guillaume de Tonquédec), un ami d’enfance à la sexualité ambiguë, et Vincent (Patrick Bruel), le frère d’Elisabeth. En attendant l’arrivée de son épouse Anna, une incorrigible retardataire, Vincent, bientôt papa, va créer la polémique en annonçant le prénom choisi pour son futur enfant. S’ensuit une série de joutes oratoires proprement jubilatoires.

Charles Berling, qui a rejoint la troupe de base pour le passage de la pièce de théâtre au cinéma, investit merveilleusement son rôle pour compléter une distribution impeccable. Les dialogues sont intelligents pour un rendu drôle, caustique et parfois même cruel. Les quiproquos et les situations cocasses s’enchaînent à une vitesse folle. Jamais le rythme ne faiblit et les rebondissements ne manquent pas.

Tout bascule en fait à la simple évocation d’un prénom. Entre opinions politiques et rancœurs personnelles, le vernis soigneusement appliqué au fil des ans craque et les vérités éclatent. Chacun défend son point de vue avec véhémence et mauvaise foi, quitte à casser l’ambiance d’une rencontre qui avait pourtant bien commencé. La suite de la soirée est à l’avenant et nous entraîne d’un rebondissement à l’autre à travers des joutes verbales où chacun en prend pour son grade. Le tout s’enchaîne avec précision.

Sans révolution dans la mise en scène, l’exercice est pourtant réussi. Grâce à des échanges musclés et à des acteurs proprement bluffants. On pourrait regretter le manque de subtilité, des situations un peu trop caricaturales à l’image de ce couple bobo de gauche face à un arriviste nouveau riche arrogant et pas très cultivé. Oui, le trait est grossi et grossier, comme dans toute comédie de boulevard. On citait tout à l’heure «Le dîner de cons». La référence ne doit rien au hasard. «Le prénom» dispose de tous les ingrédients d’un très bon divertissement. Que vous vous appeliez Suzette, Jean, Edouard ou Apollon, courez voir cette comédie grinçante.

« On citait tout à l’heure «Le dîner de cons». La référence ne doit rien au hasard.»

Mots clés: FFFH, Cinéma, critique, film, prénom

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