Cinq blessures qui ont rendu un artiste plus ordinaire

par Sélim Biedermann

A droite, l’artificier, pour la partie la plus visible du spectacle. A gauche, le polyvalent, pour le socle le plus solide du spectacle. Soit deux ailiers respectivement nommés Damien Brunner et Mike Künzle, qui démultiplient les points de repère pour le génie de la deuxième triplette du HCBienne, et qui par conséquent le rassurent. Lui, le cœur du spectacle, Luca Cunti.

Soit un joueur de centre se sentant pleinement à l’aise lorsqu’il évolue au sein de «sa» ligne offensive d’artistes100% zurichoise. «C’est si bon quand on joue ensemble, tellement agréable de combiner avec ces deux-là. Il existe une bonne alchimie entre nous, on sait en général où les autres se situent sur la glace, ce qu’ils vont faire. Mais ça ne va pas de soi, cela représente beaucoup de travail à l’entraînement», lance le numéro10 seelandais.

«J’ai de bonnes jambes»
«Rassurer», le verbe employé quelques lignes plus haut n’est en fait certainement pas le plus adéquat quand l’on parle d’un ex-international suisse qui compte à son actif deux championnats du monde –avec une médaille d’argent obtenue en2013– et un tournoi olympique. Il n’empêche que sans ses fidèles et efficaces compères de bloc, auteurs de 24buts à eux deux depuis le début de l’exercice, Luca Cunti éprouverait davantage de mal dans la quête de son ancienne tenue d’apparat, celle de2020/21 notamment.

Avec une commotion cérébrale et deux blessures successives à une jambe, ce championnat, pour le Zurichois de 32ans, s’apparente à une éternelle rengaine côté problèmes physiques. «Oh, il y en a eu plus que trois... Cinq, je crois», corrige aussitôt celui qui n’a en effet cessé de «séjourner» à l’infirmerie depuis l’été dernier. Mais c’est sous un franc sourire qu’il le rappelle, puisque le Luca Cunti de2022 se porte comme un charme. «Je me sens bien, en santé, et c’est le plus important. J’ai de bonnes jambes désormais», glisse-t-il.

De là à marcher sur l’eau comme l’hiver passé (34points en 46matches au final), il reste un pas à effectuer. Même plusieurs, tant l’attaquant s’est éloigné du casque jaune de topscorer qui le coiffait. Luca Cunti joue bien. Il créé sans cesse, avec son coup d’œil aiguisé et son élégant maniement de canne, le puck «collé» à la palette, apportant son indispensable touche au répétitif show de la deuxième ligne du HCB. Mais il n’en est pas moins redevenu plus ordinaire.

Dur mentalement
Ses 12unités –dont quatre buts, lors desquels il a été servi soit par Mike Künzle, soit par Damien Brunner– en 26rencontres disputées en témoignent. «J’espère que mon compteur va dorénavant sensiblement augmenter. Ce n’est pas tellement que j’ai moins d’opportunités que la saison précédente, mais plutôt que je ne me montre pas aussi efficace.  J’ai manqué de nombreuses occasions de marquer. Pourtant, j’y travaille», relève-t-il en préambule.

Car Luca Cunti sait également pertinemment que les allers-retours par la case blessure retardent une nouvelle ascension vers les sommets. «Même si je ne ressentais plus de douleur lors de mes retours au jeu, cela prend toujours un moment pour revenir en pleine forme en compétition. Et ce n’est pas faute de m’être repréparé du mieux que je pouvais à l’entraînement», lâche-t-il.

Aussi, ces derniers mois ont été compliqués à vivre pour l’homme dont le contrat court jusqu’en2025. «Toutes ces blessures, mentalement, c’est dur», admet-il sans détour. «On fait tout pour se remettre rapidement dans le bain, en faisant cependant preuve d’une grande prudence lorsqu’il s’agit d’une commotion. Puis ça repart, on est content de se sentir assez bien. Et tout s’arrête à nouveau...»

«Nous sommes de retour ensemble!»
Et d’exprimer sa gratitude envers ses coéquipiers: «Heureusement, quand j’avais une baisse de moral, je n’étais pas seul. Il y a toujours eu quelqu’un pour me remotiver». Entre autres, évidemment, Damien Brunner et Mike Künzle.

Deux ailiers par ailleurs également rétablis depuis début janvier. De quoi réjouir au plus haut point le centre du deuxième bloc. «‹Maintenant, nous sommes de retour ensemble!» jubile Luca Cunti. Et, a priori, cela s’annonce explosif, parole de Damien Brunner: «L’alchimie entre nous trois avait un petit peu disparu en début de saison, elle était plus consistante l’année dernière. Mais c’est aussi lié aux absences répétitives de Luca. En tous cas, aujourd’hui, ça fonctionne mieux, je le ressens. On a effectué des progrès.» Faites place aux artistes!

Avec un Damien Brunner au taquet

Les fêtes de fin d’année ont non seulement nourri comme il se doit Damien Brunner, mais elles ont surtout encore aiguisé son appétit, puisque son retour au jeu était programmé pour début janvier. Finalement, le HCBienne étant resté au repos forcé dans un premier temps, ce n’est que dimanche dernier face à Ambri-Piotta que l’attaquant a pu rechausser les patins en championnat, avec un assist, son quinzième cette saison –en plus de ses 13buts–, sur sa fiche personnelle au bout du compte. «Même si j’aurais déjà été apte à jouer le 2janvier, c’est bien pour moi que l’on ait eu ces quelques jours supplémentaires sans match par rapport à mon retour», note le deuxième meilleur compteur seelandais de la saison.

Damien Brunner peut désormais regarder en avant. «Je me sens bien. Et je suis heureux de rejouer!» assure-t-il. Avant d’ajouter: «J’espère que l’équipe continuera sur sa bonne lancée jusqu’au break de février». Avec un «Brunni» au taquet, cela paraît forcément plus facile...