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Hockey sur glace

L’avenir de Jonas Hiller s’esquisse au HC Bienne

Le 30 avril 2019, le gardien de 36 ans arrivera au terme de son contrat dans le Seeland. De premières discussions, informelles, ont déjà été menées en vue d’une prolongation de l’entente.

Jonas Hiller se plaît dans le Seeland. L’ancien gardien de NHL s’imagine volontiers terminer sa carrière à la Tissot Arena. (Keystone)

Laurent Kleisl

Après trois semaines en Corée du Sud, Jonas Hiller a retrouvé ses proches jeudi soir. Lundi, il était de retour à l’entraînement avec le HC Bienne. «Après notre échec aux Jeux, c’est bon d’avoir tout de suite un truc positif comme les play-off», glisse-t-il. Adepte de la zen attitude, le gardien appenzellois regarde devant lui. La fin de la saison régulière puis les séries, mais pas plus loin.

Pourtant, l’augure du terme de son contrat, le 30 avril 2019, aiguise déjà la curiosité. «On n’évoque pas ces choses-là avant les play-off», coupe fermement le directeur sportif Martin Steinegger. Vraiment? A 36 ans, Hiller est actuellement le portier le plus fiable de National League. «Je suis en pleine confiance», confie-t-il. «Il faut dire que je me sens très bien au HC Bienne. J’aimerais rester, car à quoi bon changer de club pour une ou deux saisons? Je devrais tout reprendre à zéro.»

Le prix de la qualité
Ses propos attisent un peu plus la possibilité d’imminentes négociations. «Bien sûr, j’ai déjà parlé de l’avenir avec lui», admet Steinegger. «C’était un sondage, je voulais prendre le pouls, savoir ce qu’il a en tête. Le retour de Jonas est plutôt positif. Il a donné des signes montrant qu’il souhaite continuer chez nous.» Après neuf exercices, 437 titularisations et 32 millions de dollars bruts amassés en NHL, l’ancien gardien des Anaheim Ducks et des Calgary Flames s’est engagé en avril 2016 pour trois saisons au HC Bienne. Un contrat richement doté – près de 700 000 fr. par année –, le plus lourd jamais signé par l’organisation seelandaise. Depuis, il ne se trouve que quelques rares illuminés pour douter du retour sur investissement.

En 2019, à l’échéance de l’entente, Hiller aura 37 ans. Ses appointements, par osmose, seront nettement revus à la baisse. «Statistiquement, je suis quand même le meilleur gardien des Jeux olympiques!», coupe-t-il, à la fois malicieux et affûteur. «A mon âge, je ne me soucie plus de chaque franc que je gagne ou ne gagne pas. Mais je sais que j’ai encore une certaine valeur, que je fais encore partie des meilleurs gardiens de Suisse. Je suis certain qu’on va trouver une solution avec le HCBienne, c’est d’ailleurs le mandat de mon agent.»

Par la nature singulière du poste, un gardien peut s’imaginer agiter sa mitaine jusqu’à la quarantaine. Sa carrière, amorcée en 2001 à Davos, Hiller la prolongerait bien de quelques années. «Je continuerai tant que j’aurai du plaisir à jouer au hockey. Et pour cela, je dois être à un haut niveau. Peut-être qu’à 40 ans, je n’aurai plus ce niveau-là», indique-t-il.

Bye bye sélection
Dans cette optique, Hiller a averti Patrick Fischer, sélectionneur de l’équipe de Suisse, qu’il ne répondrait plus à la moindre convocation après PyeongChang – 64 sélections, quatre participations aux Mondiaux et trois aux Jeux olympiques. Par acquit de conscience, il l’a fait savoir avant le départ en Corée du Sud. «En début de saison, je traînais encore les petites blessures de la précédente», explique-t-il. «A mon âge, j’ai besoin de plus de temps pour récupérer, ce qui n’est pas compatible avec l’équipe nationale.»

Hiller a bouclé sa vie internationale sur une déception oylmpique, d’un point de vue collectif s’entend (lire ci-dessous). Laissé de côté au début du premier match face au Canada, il a suppléé Leonardo Genoni pour ne plus lâcher les filets confédéraux. «Contre le Canada, j’étais déjà tout content d’être sur le banc. Après, en hockey, tout va très vite. Le printemps dernier lors des Mondiaux à Paris, Leo et moi avons vécu la situation inverse.» Le passé, désormais. Le présent est au HC Bienne. Pour un bon moment encore.

 

Une note amère pour quitter la scène internationale

S’il y a un international helvétique à qui la débâcle de PyeongChang ne peut être reprochée, c’est bien Jonas Hiller. Son statut de meilleur gardien du tournoi au pourcentage de tirs arrêtés (95,60%) ne lui enlève toutefois pas un arrière-goût amer. «Ces JO sont une déception, surtout quand on repense à notre huitième de finale perdue contre l’Allemagne. Un seul but en prolongation a fait la différence…», soupire l’Appenzellois. «Les Allemands se sont battus sur chaque puck, bien plus que nous.»

Cette abnégation a manqué à la sélection de Patrick Fischer, qui a davantage évolué comme un assemblage de stars au statut surfait qu’en groupe uni derrière un objectif, ceci malgré des ambitions clairement affichées avant le tournoi. «Nous n’avons pas réussi à grandir en tant qu’équipe et créer un environnement propice à l’épanouissement des individualités. Nous n’avons pas trouvé de solution pour augmenter notre niveau et atteindre celui de la scène internationale», reprend Hiller. «L’intensité, c’est ce qu’il nous a manqué. Autant en attaque qu’en défense, nous n’étions pas assez actifs sur les rebonds. Nous n’avons jamais eu le sentiment que nous pouvions battre tout le monde.»

La culture du détail
Le confort de la National League, où nombre d’internationaux helvétiques sont choyés, anesthésie l’esprit conquérant. S’attachant à ce quotidien, le hockeyeur suisse oublierait-il de se faire violence lorsqu’il défie la planète? Hiller tempère le propos: «Sur le plan de la vitesse et de la technique, les Suisses sont doués. Les Allemands nous ont battus alors qu’ils ne nous étaient pas supérieurs. Par contre, il nous manque le sens du jeu et la culture des détails. En NHL, par exemple, les joueurs travaillent beaucoup toutes ces petites choses, du placement jusqu’à la bonne position de la canne.»

Après trois participations aux Jeux, Hiller quitte la scène internationale sur un échec collectif. «Pour terminer avec une victoire, nous aurions dû jouer pour une médaille!», sourit-il. Sans rancune.

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