Des arguments pour stopper l’exode

Christian Kobi

C’est le schéma classique: lorsqu’un jeune qui pratique l’athlétisme à Bienne atteint un certain âge, il est contraint de s’exiler, à Berne, dans le Jura ou ailleurs, faute d’infrastructures adaptées dans la cité seelandaise. Bientôt de l’histoire ancienne? «Notre objectif, à terme, est effectivement de pouvoir garder nos talents au sein du club. Avec les nouvelles installations dont nous disposons aux Champs-de-Boujean, nous avons les moyens d’y parvenir», lance Gabi Schibler, directrice technique de Bienne Athletics.

Jusqu’ici, le club biennois devait se contenter des infrastructures désuètes de la Champagne, construites en 1948, avec une piste de 333 m qui ne ressemble depuis longtemps plus à grand-chose. Si l’endroit pouvait encore convenir pour les plus petits, il n’était clairement pas adapté pour les plus âgés, qui devaient se rendre à Lyss ou Macolin pour travailler sur une piste aux normes. Pas étonnant, dès lors, que seule une dizaine des plus de 150 membres actifs de Bienne Athletics soient âgés de plus de 20 ans.

Maintenir la qualité
Avec ce déménagement, le club va entrer dans une nouvelle dimension, puisqu’il disposera désormais d’une piste de 400 m à six couloirs, mais aussi d’une zone pour le saut en hauteur, en longueur et à la perche, le triple saut, le lancer du poids, du disque ainsi que du javelot. Toute la panoplie de l’athlétisme, en résumé. «On espère que cela crée un nouvel élan autour de notre sport à Bienne», relance Gabi Schibler. «Nous avons désormais quelque chose de vraiment bien à proposer, ce qui va certainement décupler la motivation de tout le monde.»

Pas question, toutefois, d’augmenter le nombre d’entraînements à court terme. «Nous devons veiller à maintenir la qualité. Chez les plus petits, nous sommes déjà presque au maximum de nos capacités. Il y a beaucoup de demande, mais il faut être prudent et ne pas vouloir grandir trop vite sans pouvoir assurer le suivi», tempère la directrice technique, engagée en début d’année pour s’occuper notamment du développement de l’athlétisme dans la cité seelandaise.

Un projet passionnant qui pourrait passer, dans le futur, par une augmentation du nombre d’entraîneurs, voire par une semi-professionnalisation. Aujourd’hui, ils sont une trentaine à œuvrer à Bienne Athletics, sur la base du bénévolat. En raison de l’occupation de chacun, les entraînements ont lieu uniquement en fin de journée durant la semaine. «A un moment ou à un autre, nous allons devoir nous poser la question de la semi-professionnalisation», estime Gabi Schibler. «Car même dans le sport de base, aujourd’hui, le bénévolat ne peut pas être l’unique solution.»

La relève avant tout
De la musique d’avenir. Dans l’immédiat, même si le montant forfaitaire que Bienne Athletics versera à la Ville sera plus élevé qu’à la Champagne, les responsables ont décidé de ne pas augmenter le montant des cotisations. «Nous sommes un club sain, avec des finances saines», souligne le président Hansjörg Fahrni. «Et nous bénéficions aussi du soutien des autorités biennoises, que nous sentons derrière nous.»

Dans quelques années, le président espère pouvoir compter sur davantage d’athlètes de la trempe de Christian Mathys et de Joceline Wind, les deux fers de lance et principaux représentants du club. Mais il prévient aussi: «Notre développement ne doit pas se faire à n’importe quel prix. Nous sommes un club axé sur la relève, et nous avons bien l’intention de le rester.»

A la différence que désormais, les jeunes talents ne seront plus forcément contraints à l’exil lorsqu’ils auront atteint un certain âge et un certain niveau. Il était temps.
 

Des premières discussions sur une piste de 400 m en... 1960!

C’est la fin d’une longue, d’une très longue attente. «Des discussions sur une piste de 400 m à Bienne avaient déjà été menées dans les années 60», indique le président de Bienne Athletics, Hansjörg Fahrni, en poste depuis une vingtaine d’années après avoir longtemps œuvré comme entraîneur. Elles n’ont jamais abouti à quelque chose de concret, pas plus que le dernier projet en date, il y a dix ans du côté du Marais de Mâche. Celui-ci avait été abandonné en raison de la contamination du sol de ce site qui accueillait autrefois une décharge. «A un moment, on a pensé que cela n’allait jamais se faire...»

Le salut est finalement venu du projet d’agrandissement de l’école de la Champagne, qui nécessitait de trouver un nouveau lieu d’accueil pour les athlètes de la cité seelandaise. «A ce moment-là, on a insisté auprès des autorités pour que de nouvelles infrastructures soient construites», mentionne Hansjörg Fahrni. Message entendu. D’un coût de 3,83 millions de francs, les travaux au Long-Champ 1 ont commencé en mars 2020 pour s’achever en juin de cette année.

Quelques meetings prévus
Les nouvelles installations, qui seront utilisées conjointement avec les footballeurs du FC Mâche et FC Boujean 34, seront à la disposition de tous en dehors des heures d’entraînement. Outre Bienne Athletics, il est aussi prévu que les élèves qui suivent le programme sport-culture-études et d’autres clubs de sport les utilisent. Pour l’inauguration officielle, qui aura lieu demain et à laquelle la population est conviée, un meeting de saut à la perche sera mis sur pied. Le lendemain, près de 600 enfants sont attendus au même endroit pour la finale cantonale de l’UBS Kids Cup.

Et par la suite? «Pour commencer, nous allons organiser quelques petits meetings, a priori entre deux et quatre par année», répond Hansjörg Fahrni. A plus long terme, des collaborations avec d’autres clubs de la région pour des réunions de plus grande importance pourraient être envisagées. Mais c’est bien connu: chaque chose en son temps.