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Hockey sur glace

Laura et Mathieu à la croisée des chemins

Le Covid-19 impose des trajectoires singulières aux sportifs d’élite. Respectivement as du unihockey et étoile du volleyball, Mathieu Unternährer et sa sœur cadette Laura Koutsogiannakis racontent leur quotidien, loin de Reconvilier, au cœur d’une époque trouble.

Le fitness permet à Laura Koutsogiannakis de «garder un minimum de maîtrise» de son corps. (dr)

Laurent Kleisl

«J’ai dû accepter de lâcher prise»

Pour Laura Koutsogiannakis, l’arrêt de la saison de Volero Züri Unterland, épouvantail du groupe Est de LNB, a coïncidé avec la gestation d’un heureux événement, attendu pour la fin du mois d’avril. «J’attends une fille», s’enthousiasme-t-elle.

Une sportive accomplie, professionnelle du volleyball depuis une décennie, multiple championne de Suisse. Une femme d’action, maîtresse de son corps, de sa destinée. «J’ai dû apprendre à lâcher prise, j’ai dû l’accepter», confie Laura Koutsogiannakis. «Deux fois par semaine, je fais un peu de musculation histoire de garder un minimum de maîtrise sur mon corps. Il me reste un mois de grossesse. Jusqu’ici, j’ai beaucoup de chance, tout se passe très bien. Je vis une magnifique expérience.» Puis, avec un soupçon d’émotion: «J’attends une fille...»

Après huit saisons à Volero Zurich, une en première division française à Volero Le Cannet et une dernière à Kanti Schaffhouse, Laura Koutsogiannakis (27 ans) s’était lancé le défi d’épauler la jeune escouade de Volero Züri Unterland, nouvelle émanation helvétique du grand dominateur de la LNA féminine de ce début de siècle. «On n’a disputé que trois matches avant que la saison ne soit arrêtée le 24 octobre», rappelle-t-elle. Trois matches, trois victoires 3-0.

L’attrait du haut niveau
Le groupe Est de LNB semblait promis aux Zurichoises. «Comme je savais déjà que j’étais enceinte et que je devrais tantôt faire une pause, je n’ai même pas joué ces rencontres», précise l’ancienne junior du VBC Bienne. «Avec mon mari Vassilios, on voulait avoir un enfant. Après, on ne sait jamais quand ça arrive!» Candidat à la promotion en LNA, Volero Züri Unterland travaille au rythme des professionnelles, avec deux séances quotidiennes. «Malgré l’arrêt des activités, on a continué à s’entraîner avec des restrictions, parfois même avec les masques.»

Pour alimenter le développement de sa troupe, solide mais inexpérimentée, Volero l’a envoyée dans le sud de la France, au Cannet, chez le club partenaire. «Entre fin décembre et février, les filles se sont entraînées et ont joué là-bas. Je suis allée leur rendre visite pendant une semaine pour être un peu avec l’équipe.» Car son corps s’est transformé, il s’est préparé.

Le Covid-19 a facilité son passage du statut de sportive d’élite à celui de maman. Elle ne s’en cache pas. «Comme le championnat et l’équipe sont en stand-by, je n’ai pas eu l’envie de ressentir l’adrénaline d’un match. La situation aurait été différente si nous étions déjà en LNA et que la saison suivait son cours», avoue la résidente d’Hochfelden.

L’attrait de la compétition ne l’a pas quittée. Laura Koutsogiannakis compte bien reprendre sa carrière sportive là où elle l’a laissée. «Mon objectif est de rejouer à un haut niveau. Pour y parvenir, je dois faire les choses correctement, sans me mettre de pression. Le plus important est de prendre le temps nécessaire et d’être entourée des bonnes personnes.» Du temps et des compétences? Elle peut cocher les deux cases.

 

«Comme Reconvilier, mais avec vue sur le Rigi»

Grasshopper Unihockey s’est qualifié pour les demi-finales des play-off de LNA sans le soutien de son deuxième gardien, Mathieu Unternährer. Le Jurassien bernois de 29 ans a été contraint de mettre sa carrière en veilleuse.

Finnley, son Cavalier King Charles, et Kumi, le chien de sa sœur Laura, piquent une petite sieste sur le parquet du salon. La nature, le calme, de la verdure qui s’épanouie sur la terrasse, le cadre est idyllique. «J’habite à Ottenbach. C’est comme Reconvilier, mais entre Zurich et Zoug, avec vue sur le Rigi et le Pilatus», s’amuse Mathieu Unternährer. Cette tranquillité apparente tranche avec le rythme de son existence. Un rythme soutenu, qui l’a obligé à écarter le unihockey de ses priorités.

Depuis 2016, Mathieu Unternährer officiait comme doublure de Pascal Meier, gardien de l’équipe de Suisse, devant les filets de GC Unihockey, club prestigieux entraîné par le Biennois Luan Misini. Au bénéfice d’un contrat semi-pro en LNA, Mathieu Unternährer n’a plus paradé depuis mars 2020 et l’interruption des championnats imposée par le premier confinement. «Après trois semaines de congé, on a repris l’entraînement via Zoom. Cela tombait au pire moment dans mon travail», glisse-t-il.

Polyglotte et réserviste
Chef de projet dans le secteur «non-food» de la direction de Coop, il a pris en pleine face l’arrêt des activités de son rayon tout en étant rattaché à une autre branche de l’entreprise. Ces talents de polyglotte – les trois langues nationales en plus de l’anglais – l’ont amené à gérer les réclamations de la clientèle. «Après avoir passé la journée à répondre à une tonne de mails, je m’occupais de mon secteur jusqu’à 22h», explique-t-il. «Je profitais de la pause de midi pour m’entraîner une heure.»

Après quelques mois à ce régime, il a tranché. «Quand la préparation d’été a commencé, je n’ai pas eu d’autre choix que de mettre ma carrière sportive en suspens. A côté de mon travail, je n’avais pas le temps de consacrer deux à trois heures, chaque soir, pour m’entraîner en équipe.» Avec Luan Misini, il est décidé que Jan Lemke (21 ans) épaule Pascal Meier, avec Mathieu Unternährer en qualité de réserviste. Au cas où.

Son déménagement à Ottenbach, loin de l’agglomération zurichoise, l’a ensuite obligé de renoncer à un engagement à Kloten, en LNB, «à cause des déplacements», coupe-t-il. Pour autant, Mathieu Unternährer n’a pas tiré un trait sur le unihockey. «En vue de la saison prochaine, Zoug United, autre club de LNA, s’est approché de moi et mes coéquipiers de GC me demandent souvent quand est-ce que je reviens. Je devrai évaluer la situation, voir comme elle évolue. Tout reste ouvert.»

Ce flou entoure aussi la sélection transalpine, avec laquelle il a déjà disputé trois Mondiaux. «C’est génial d’affronter les grandes nations», relève l’international italien – passeport obtenu du côté de sa maman. Comme les représentants de la race canine qui se vautrent sur le parquet de son salon, Mathieu Unternährer est en stand-by.

 

 

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