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HC Bienne

Une colère noyée dans la fondue

Kevin Fey, qui a vécu une saison parsemée de blessures et n’a donc pas pu confirmer ses progrès, se soigne aux Pays-Bas.

Le défenseur Kevin Fey n’aura pris part qu’à 24 matches cette saison sous le maillot du HC Bienne. Archives Anita Vozza

Sélim Biedermann

Même tout seul aux Pays-Bas, à Gouda, en train de suivre depuis hier un traitement de pointe d’une durée de cinq jours afin de soigner sa commotion cérébrale, Kevin Fey ne perd pas sa bonne humeur légendaire. «Je suis dans la ville du célèbre fromage. Il paraît qu’il est excellent pour la fondue, alors c’est sûr que je vais goûter!»

C’est en effet dans ce lieu que des médecins spécialisés dans le mal dont est victime le défenseur du HC Bienne sont venus depuis Atlanta, aux Etats-Unis. «J’en ai profité, dans le but de passer des examens plus précis par rapport à mon problème de vue. Ça va mieux, je vis normalement, mais j’ai cependant encore de la peine à fixer quelque chose», explique-t-il.

Kevin Fey ne se débarrasse pas facilement de cette commotion – sa première depuis l’époque des juniors – subie le 7 février alors qu’il reprenait confiance en LNB avec le HC Ajoie face à Thurgovie, «lors d’un super match», glisse-t-il aussi ironiquement qu’amèrement. «Je suis d’abord resté une bonne semaine en observation à l’hôpital de Bienne. C’était difficile: j’étais fatigué, je ne supportais pas le bruit, pas la lumière, je voyais trouble», raconte le Bernois, Jurassien d’adoption.

Pas de prochain retour

Toutefois, les jours qui ont suivi ont été bien plus positifs. A tel point qu’il s’est dernièrement laissé tenter par l’appel de la glace au sortir d’une séance de vélo électrique. «Je suis allé patiner tout seul un quart d’heure. Mais ce n’était pas comme sur le vélo, où la vision reste fixe.» Sur l’aire de jeu, Kevin Fey a en effet vu défiler les images sans pouvoir concentrer son regard. Et ainsi de malheureusement rechuter...

Les actuelles aventures compliquées du HC Bienne, l’arrière de poche les suit par conséquent à distance. «C’est encore plus difficile de vivre cette fin de saison de l’extérieur. Je suis impuissant, c’est frustrant, mais je ne suis quand même pas en train de pleurer! Je ne vais en tout cas pas pouvoir revenir à fond prochainement», lâche-t-il dans une évidence.

Mais il peut se réjouir du regain de forme des siens: «De toute façon, j’espère qu’on va rapidement se sauver», lance-t-il, «je suis content que l’équipe remonte la pente».

Impossible de confirmer

Remonter la pente, Kevin Fey, sur un plan personnel, ne demande que ça! Parce qu’il en a marre de sans cesse retourner à l’infirmerie. Soit le résumé d’un championnat qu’il trépigne d’envoyer aux oubliettes afin de repartir de plus belle. Car après un brillant exercice2014/15, le coach Kevin Schläpfer avait fait du petit trapu de Courrendlin un leader de la défense du HCB. «Je m’étais alors dit: ‹là, je viens d’effectuer un grand pas en avant.›»

Mais le sort s’est acharné contre ce vrai compétiteur qui avait sué quotidiennement entre quatre et cinq heures l’été dernier dans le but d’être présent à la reprise. «Je m’étais entraîné comme un fou à Macolin. Après mon opération à la hanche, en avril 2015, je savais toutefois que je ne serais pas tout de suite à 100% cette saison. Mais je n’avais pour autant pas imaginé un tel scénario», dit-il, fâché.

Kevin Fey a en fait trop vite remis les patins: sa hanche l’a ainsi empêché de jouer d’entrée. «Ce retour précoce sur la glace m’a retardé. Si j’avais un peu plus attendu, il n’y aurait ensuite pas eu tout ce commerce! Mais on est toujours plus intelligent après coup...»

«Je reviendrai en forme»

À son retour, le 16 octobre, le Seelandais s’est qui plus est agacé de constater son niveau en-deçà de ses réelles capacités. «Du coup, je me suis mis la pression», relève-t-il. Il n’est alors jamais parvenu à monter en régime.

Et la spirale négative n’allait pas s’arrêter là: Kevin Fey a dû s’astreindre à une nouvelle pause forcée dès le 13décembre à cause de tendons écrasés dans un poignet. Une blessure survenue à Zurich qui lui laisse tout de même un chouia de fierté: «Je me suis courageusement couché devant un tir de Marc-André Bergeron», rappelle-t-il.

Son bilan n’est donc pas réjouissant: trois blessures et seulement 24 matches (1 assist) au compteur pour le HC Bienne – en plus de quatre parties disputées avec Ajoie. «Il y a de quoi être en colère. J’ai connu beaucoup de moments difficiles durant une saison où je n’ai jamais pu revenir à 100% à cause du manque de rythme. Il m’était difficile d’avancer. Ces blessures à répétition, cela doit être une question de karma, pourquoi toujours moi?», ronchonne Fey.

«Mais la naissance, en décembre, de mon fils Tim – un petit costaud comme son père! – m’a procuré énormément de joie et donné beaucoup d’énergie.» Et de promettre: «Je reviendrai en forme».

Au niveau du Kevin Fey de 2014/15? «Elle va venir la saison prochaine, l’année de la confirmation», espère de tout cœur le défenseur. Que l’on préfère jovial plutôt que frustré. On croise les doigts pour lui.

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