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Hockey sur glace

Mike Lundin, le défenseur surprise

Le HC Bienne complète sa légion étrangère avec un Américain

Janvier 2011. Alors arrière de Tampa Bay, Mike Lundin conte fleurette à la superstar de NHL Sidney Crosby. Keystone

Laurent Kleisl

Derrière son sourire un brin mutin, Martin Steinegger cache une âme de filou. «Nous cherchons un attaquant étranger, un centre de préférence», martelait le directeur sportif du HCBienne depuis de longues semaines. Prudent, il disait aussi: «Nous voulons surtout dénicher le meilleur joueur possible.»

Hier, le club seelandais a tranché pour la seconde option en engageant, pour une saison, le défenseur américain Mike Lundin (31 ans), transfuge de Barys Astana, club kazakh privé de play-off de KHL le printemps passé. Cette arrivée met fin au feuilleton de l’été. Qui pour escorter les attaquants Robbie Earl (CAN), Jacob Micflikier (USA) et Toni Rajala (FIN)? Un défenseur, pardi. Sacré Stoney!

«J’ai eu un premier contact avec Lundin et son agent il y a trois mois», explique-t-il. «A ce moment-là, ses prétentions salariales étaient hors de notre portée.» De la science-fiction à l’échelle monétaire. «Nous étions alors très loin d’un arrangement... Les défenseurs de qualité sont très chers. Pour cette raison, nous nous sommes mis à la quête d’un attaquant, tout en gardant un œil sur le marché des arrières.» Et samedi, le téléphone du «Sportchef» se met à vibrer d’émotion. Lundin est de retour à de meilleures intentions.

Avant d’atterrir à Astana en 2013, l’Américain a été durant six saisons salarié d’organisations de NHL (270matches pour Tampa Bay, Minnesota et Ottawa), amassant un total 4,2millions de dollars avant impôts. «Lorsqu’un Nord-Américain signe en KHL, dans cet environnement si particulier, il attend un gros salaire en retour. Comme Lundin n’a pas trouvé ce qu’il cherchait, il s’est tourné vers la Suisse et a baissé ses prétentions», raconte Steinegger. En clair: rameuter une épouse et quatre enfants en Russie demande une compensation conséquente. Que le brave Mike n’a pas obtenue.

«Bien sûr, cet engagement a été fait en concertation avec Kevin Schläpfer et Dino Stecher; nous avons les mêmes idées», reprend Steinegger. «On préférait une solution à quatre attaquants plutôt qu’avec un défenseur sans réelles références. Mais Lundin est le candidat idéal, c’est le profil type que je recherchais.» Selon les spécialistes s’ébattant joyeusement sur internet, la KHL perd un de ces meilleurs arrières. Avec 33points en 60 matches, le néo-Seelandais a terminé au 7e rang des compteurs défenseurs de la dernière saison régulière du circuit russo-continental. Durant l’exercice 2014/15, le Yankee était même monté sur la troisième marche du podium (39points en 60 matches).

«Lundin a de très bonnes statistiques en KHL mais je ne voulais pas d’un défenseur purement offensif, qui marque 25 points et qui termine la saison avec moins 25 de plus/minus. En me renseignant sur Lundin, j’ai obtenu de super références: il aide les attaquants tout en étant très responsable derrière.» Un joueur utile, prototype très apprécié de tout entraîneur. Une sorte de Martin Steinegger en version américaine. «Mais il est bien meilleur que je ne l’étais!», se marre Stoney.

Une litanie d’échecs

Cet engagement, à deux semaines du début du championnat de LNA, contribue à pallier une carence chronique de l’arrière-garde seelandaise. «La saison passée, nous avons clairement vu qu’il nous manquait un défenseur No1. Personne n’avait vraiment le calibre pour endosser ce rôle.» Avec Jonas Hiller devant les filets et Lundin enorgueilli de sa flatteuse réputation, le HCBienne a grandement solidifié son arrière-garde.

«Nous n’avons pas uniquement renforcé notre défense, mais également notre attaque avec Micflikier et Rajala.»

Depuis son retour en LNA en 2008, le HC Bienne n’a pas quasiment jamais eu la main heureuse en matière de défenseurs étrangers. L’arrogant et limité vétéran américain Sean Hill (2008/09), l’inconstant Ric Jackman (2009/10), le trop sobre Brendan Bell (2010/11, 2013/14), le météorite caractériel québécois Mario Scalzo (août-septembre 2011), le toujours blessé Tom Preissing (2011/12) et le marrant mais inutile Andrei Zyuzin (début 2012) n’ont pas marqué l’histoire du club. Ou dans le mauvais sens. Seul Chris Campoli (début 2013) sort du lot dans cette longue litanie d’échecs.

Sous réserve de l’obtention d’un visa, Lundin devrait arriver dimanche en Suisse. Dans son CV, une ligne indique qu’il a participé aux Mondiaux 2010 en Allemagne. Les Etats-Unis avaient été contraints de sauver leur peau dans le tour contre la relégation. Une expérience qui, espérons-le, ne lui sera pas trop utile dans le Seeland.

Mike Lundin

L’homme
Né le 24 septembre 1984 à Burnsville (Minnesota, Etats-Unis). Marié, père de quatre enfants. 1m87, 83 kg. Repêché en 2004 par le Lightning de Tampa Bay (4eronde, 102e choix).
Sa carrière
2003-07: University of Maine (NCAA). 2008-11: Tampa Bay Lightning (NHL) et Norfolk Admirals (AHL). 2011/12: Minnesota Wild (NHL) et Houston Aeros (AHL). 2012/13: Almtuna (Allsvenskan/Suè2, lock-out) et Ottawa Senators (NHL). 2013-16: Barys Astana (KHL).
Ses statistiques
NHL: 270 matches, 4 buts, 34assists, 38 points, 56’ de pénalités, -7. AHL: 80 matches, 6buts, 39 assists, 45 points, 22’, +3. KHL: 190 matches, 24buts, 77assists, 101 points, 17’, +15. Allsvenskan: 7 matches, 4assists, 4 points, 2’, -2. NCAA: 160matches, 22 buts, 74 assists, 96 points, 42’, -9.
Championnats du monde: 6matches, 1 assist, 1 point, en Allemagne en 2010 avec les Etats-Unis (sauvés dans le tour contre la relégation).

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