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Hockey sur glace

Comme galvanisés par l’appel de la nation

Après le choc face à Berne, Damien Riat, Jason Fuchs et Samuel Kreis rejoindront l’équipe de Suisse. Cet été, les deux derniers nommés ont participé au «prospect camp» de Patrick Fischer.

Après avoir slalomé dans la défense de Genève, Jason Fuchs inscrit le premier but de la saison du HC Bienne. Un bon début! (Matthias Käser)

Laurent Kleisl

Le sélectionneur national soigne sa relève. En 2017, Patrick Fischer a lancé le concept du «prospect camp». Durant l’été, il rassemble la crème des futurs cadres de l’équipe de Suisse. Quatre joueurs du HCBienne figuraient sur sa liste: Damien Riat et Samuel Kreis parmi les joueurs convoqués, Jason Fuchs et Dominik Diem de piquet. Riat blessé, c’est Fuchs qui a été rappelé.

Du 29 juillet au 2 août, cette fine équipe a sué à la PostFinance Arena de Berne en l’absence d’éléments du club local (lire ci-dessous), adversaire des Seelandais ce soir. Lors des deux entraînements quotidiens au programme, assaisonnés de trois matches interéquipe, Fuchs a appris au contact de Nico Hischier, star de New Jersey Devils, et de Timo Meier, étoile montante de San Jose Sharks.

Précieux enseignements
«C’est l’unique occasion de côtoyer de tels joueurs», glisse le frétillant centre neuchâtelois. «On sent que sur la glace, ce qu’ils cherchent avant tout, c’est prendre du plaisir. Leur style est différent, ça se voit tout de suite. J’ai essayé de leur piquer quelques idées.» Des petites choses, des détails. Qui changent tout, parfois, dans le feu de l’action. «Chaque fois qu’ils affrontent le gardien, ils précèdent leur tir d’une feinte pour le surprendre», dit-il.

Samuel Kreis, également, a savouré cette parenthèse au cœur de l’été. «Les attaquants et les défenseurs étaient souvent séparés», explique l’Emmentalois. Les arrières bossaient sous la coupe du Suédois Tommy Albelin. Kreis a senti tout le poids des 1037 matches disputés en NHL par l’assistant de Fischer. «Il est fantastique! J’ai vraiment profité de ses entraînements.»

Cette réunion estivale de l’avenir du hockey suisse a esquissé les contours de la sélection qui disputera la Deutschland-Cup en fin de semaine prochaine. «Fischer nous a dit que beaucoup de joueurs parmi nous seraient retenus», relève Kreis. «Ainsi, je n’avais rien planifié pour les quelques jours de congé qui attendent le HC Bienne.» Il parle par expérience. Il y a 12 mois, Kreis avait été rappelé à la dernière minute pour la Karjala Cup. Cette convocation imprévue avait poussé le défenseur de 24 ans à annuler un séjour à Grindelwald.

Un cadre idéal
Pour Fuchs, l’aventure sous les drapeaux avait commencé sur un malentendu. «C’était il y a trois, déjà pour la Deutschland-Cup», rappelle l’attaquant de 23 ans. «La situation était assez bizarre. Il n’y avait plus de sélectionneur national. En Allemagne, nous avions été coachés par John Fust.»

Glen Hanlon licencié, la Swiss Ice Hockey Federation draguait Kevin Schläpfer, alors en poste au HC Bienne, avant de se rabattre sur Patrick Fischer. «Même si cette sélection tombait à un moment spécial, je l’ai prise comme un signal positif. Aujourd’hui, c’est le fruit de mon travail de ces trois dernières années. J’y vais avec l’objectif d’un jour participer aux Mondiaux. La médaille d’argent du printemps dernier me donne encore plus envie.»

C’est que dans leur quotidien, Fuchs et Kreis sont placés dans les meilleures conditions. Depuis le début de la saison, le second forme la première paire défensive du HC Bienne avec le placide Finlandais Anssi Salmela. «Comme il voulait jouer à gauche et que je n’avais pas évolué à droite depuis cinq ans, on s’est un peu cherché», note Kreis. «Anssi n’est pas quelqu’un de très causant. Avec lui, il faut demander.»

Fuchs dirige un deuxième trio offensif complété par Damien Brunner et l’Américain Robbie Earl. Trois flèches qui chérissent la rondelle. «C’est vrai, nous aimons tous trois avoir le puck», sourit Fuchs, «mais nous sommes assez intelligents pour trouver le bon équilibre et avoir un impact sur les performances de l’équipe.» Un impact rudement positif.

 

Les talents du CP Berne contraints à l’exil

Les faits accablent le CP Berne. Aucun hockeyeur d’avenir évoluant au SCB ne figure parmi les joueurs conviés au «prospect camp» de cet été, ni dans la sélection dévoilée cette semaine par Patrick Fischer. «J’ai récemment fait le compte», coupe promptement Marc Weber, directeur du mouvement juniors de SCB. «Il est intéressant de constater qu’une vingtaine de joueurs passés dans notre mouvement juniors gagnent très bien leur vie dans d’autres clubs de National League. Et s’ils partent, c’est peut-être parce que ce sont de bons hockeyeurs et qu’ils gagnent davantage ailleurs, comme Joël Vermin à Lausanne. Nico Hischier a joué deux saisons chez nous. Mais je crois qu’il a bien fait d’aller voir ailleurs!»

Avec Mauro Dufner, Kevin Fey, Samuel Kreis, Rajan Sataric, Fabian Lüthi et Julian Schmutz, six hommes ayant transité par les juniors de la capitale fédérale figurent dans le cadre actuel du HCBienne. Pour s’exprimer, le commun des soldats émanant de la relève du CP Berne est contraint à l’exil. Un sujet sensible. Weber part au quart de tour. «Chaque saison, nous devons viser le haut de la NationalLeague. Dans ce contexte, il est plus difficile pour nos jeunes de se faire une place en première équipe. Les exigences sont peut-être un peu plus élevées chez nous», reprend le Biennois établi à Belmont. «On parle de sport professionnel, où un jeune joue s’il est assez fort. Ce n’est plus possible d’intégrer des juniors et de leur laisser trois ou quatre ans pour se développer. Personne ne viendrait nous voir si on se mettait à perdre tous nos matches pour faire jouer cinq juniors du club.» Personne, vraiment?

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