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Hockey sur glace

Un plan de progression savamment orchestré

Une potentielle sélection pour les Mondiaux en Lettonie pourrait entrouvrir les portes de la NHL à Janis Moser. Le défenseur du HC Bienne avoue entretenir des contacts avec les Arizona Coyotes.

Janis Moser commence à explorer une nouvelle facette de son hockey: le jeu physique. (Keystone)

Laurent Kleisl

Deux bonshommes, un gros et un moins gros, se chamaillent, se cherchent, s’empoignent. Samedi à la 52e minute, Janis Moser n’a pas hésité à donner de sa personne face à un colosse russe de 1m92 et 92kg. Son nom? «Je sais qu’il est jeune et que je l’ai affronté aux Mondiaux M20», relève le défenseur du HC Bienne. Bien vu. Retenu en 2019 par les Vancouver Canucks (10e position), Vasili Podkolzin a réussi là où l’international helvétique pèche encore pour le moment. Mystère du hockey business, les droits de Janis Moser, éligible au repêchage depuis 2018, n’ont pas encore trouvé acquéreur en NHL.

S’il passe une nouvelle fois entre les mailles du filet lors de la draft 2021, fixée les 23 et 24juillet prochains, le Seelandais de 20 ans sera autorisé à s’engager avec n’importe quelle franchise lui promettant un peu d’aventure. «Avant le repêchage, avec mon agent Sven Helfenstein, il est très difficile de connaître les intentions des franchises de NHL», constate Janis Moser. «Je sais uniquement que l’équipe avec laquelle nous avons eu le plus de contacts, ce sont les Arizona Coyotes.» Dans le désert avec Oliver Ekman Larsson et Phil Kessel? Pourquoi pas.

Un gars chétif
L’appel de l’Amérique du Nord ferait-il bander les muscles de Janis Moser? «L’intensité des matches internationaux fait qu’il y a davantage de batailles de ce genre», tempère-t-il. «Bon, c’est vrai que j’essaie de me montrer plus agressif, car c’est quelque chose qui peut donner de l’énergie à l’équipe. Il faut trouver le bon équilibre pour ne pas tomber dans les pénalités stupides.» Le jeu physique constitue une suite logique dans ses plans, cheminement savamment étudié.

En 2018, lorsqu’il a pointé le bout du nez dans le vestiaire du HC Bienne à tout juste 18ans, Janis Moser a d’abord cherché à se faire une place. Résultat: il a conclu sa première saison en National League en participant aux Mondiaux en Slovaquie. Ensuite, il a souffert en salle de force, sculptant son corps chétif pour lui donner des contours en adéquation avec les normes du hockey. «Je sais que j’ai encore du potentiel à exploiter dans le domaine», dit-il.

Assistant de Patrick Fischer, Tommy Albelin suit le processus depuis quatre ans et les débuts du Seelandais en sélection juniors. «Janis était si maigre que la première impression qu’il donnait, c’était qu’il allait avoir des problèmes dans les contacts», sourit le Suédois de 56 ans. L’ancien défenseur parle avec toute l’expérience de ses 1037 matches en NHL: «Janis a de bonnes mains et grâce à son intelligence de jeu, il a tout de suite eu un bon comportement défensif. Petit à petit, il est devenu plus solide, plus fort et plus rapide. Il a tellement progressé. Avec son corps ou sa canne, il est toujours sur le chemin, ce qui est très frustrant pour l’adversaire. Et il n’a que 20 ans!»

Comme prévu dans sa minutieuse gestion de projet, Janis Moser a franchi l’étape suivante ces derniers mois. «Cette saison, j’ai mis l’accent sur le jeu offensif», dit-il. Une réussite. Avec 30 points en 50matches, il a décroché le titre honorifique de meilleur compteur du championnat régulier parmi les défenseurs formés en Suisse. S’il vous plaît.

Du bon boulot seelandais
Ce week-end, il a paradé dans la première unité de jeu de puissance de l’équipe nationale en collaboration, à la ligne bleue, avec Ramon Untersander. «L’année passée, on a constaté que Janis avait amélioré son tir, arme dont il était encore dépourvu deux ans plus tôt. Le HC Bienne a effectué un excellent travail de développement avec lui», félicite Tommy Albelin. «Certains joueurs franchissent les étapes rapidement, d’autres plus lentement. Janis est dans le haut de la courbe.»

Reste cette sempiternelle question. Janis Moser est-il seulement prêt pour le grand saut, pour la NHL? «Il y a deux ans, on n’était pas sûr qu’il soit prêt pour les Mondiaux. On l’a pris et il a été très bon», souligne Tommy Albelin. «Des recruteurs le suivent. Après, tout dépendra de ce que les franchises de NHL chercheront. La marche jusqu’à la NHL est très haute, mais Janis apprend tellement vite. J’espère qu’il aura bientôt l’opportunité de prouver sa valeur outre-Atlantique.»

Si cette opportunité se présente cet été déjà, le HC Bienne, où la «Merveille de Safnern» est sous contrat jusqu’en 2024, sera autorisé à aligner cinq étrangers durant l’exercice 2021/22. Une autre histoire.

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