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Hockey sur glace

Une belle époque aux souvenirs amers

Mardi soir (20h15) face à l’Italie, Jason Fuchs se produira pour la dernière fois à la Tissot Arena en qualité de joueur du HC Bienne. L’avenir de l’international helvétique se situe du côté de Lausanne.

Jason Fuchs (à gauche), qui part à la chasse de l’attaquant russe Artyom Shvets-Rogovoi, aspire à participer aux Mondiaux pour conclure une saison mitigée au HC Bienne. (Keystone)

Laurent Kleisl

Jason Fuchs imaginait ses adieux autrement, en play-off, avec du public, au terme d’une série épique âprement disputée avec le HC Bienne. Il n’en sera rien. Ses derniers actes à la Tissot Arena avec le statut de joueur seelandais, le Neuchâtelois de 25 ans les commettra, mardi soir, avec l’équipe de Suisse face à la modeste sélection italienne. «Cela me fait déjà tout bizarre de me retrouver dans le vestiaire des visiteurs avec la sélection alors que celui du HC Bienne est juste en face», sourit-il. Il devra s’habituer à cette nouvelle réalité.

En 2017, un jeune attaquant à façonner avait rejoint l’effectif de Mike McNamara. En 2021, un joueur accompli s’en va à Lausanne, où il s’est engagé pour les quatre prochaines saisons. «J’ai passé quatre magnifiques années au HC Bienne. Je n’ai jamais regretté ma signature une seule seconde», souffle Jason Fuchs. «Dans le Seeland, j’aurai vécu beaucoup de choses en peu de temps.»

En premier lieu, le futur ex-No 21 du HC Bienne retient les qualifications pour les demi-finales des play-off, en 2018 et en 2019. «La première fois, cela avait provoqué un énorme engouement autour de l’équipe», se souvient-il. «La seconde, c’est cette série contre Berne... Il nous a manqué un rien pour passer en finale.» Un tout petit rien, qu’il rumine encore.

Une folle envie de bouger
Le mardi 9 avril 2019, les Seelandais avaient raté leur sortie lors de la septième manche, présentée à la PostFinance Arena. Un match, perdu 5-1, parti en sucette dès le premier tiers. Jason Fuchs pointe la source de son amertume au samedi précédent, au 6 avril 2019, jour du sixième acte à la Tissot Arena. «Cette défaite 1-0, je l’ai encore en travers de la gorge, et ce sentiment ne va pas partir de sitôt», soupire-t-il. Dominante, la troupe d’Antti Törmänen n’était pas parvenue à effacer un but de Ramon Untersander tombé après neuf minutes. «On méritait mieux», affirme-t-il. A raison.

La suppression des play-off 2020, également, lui laisse un arrière-goût d’inachevé. Son malaise est perceptible à leur seule évocation. «Comme l’année précédente, on avait une grosse équipe et, à l’approche des play-off, on était en très grande forme», rappelle-t-il. «A cette époque, on ne savait pas trop où on allait avec le Covid. Comme personne ne souhaitait disputer les séries sans public, leur annulation paraissait la seule chose à faire. Aujourd’hui, quand on regarde en arrière, on constate qu’on vient de jouer presque toute la saison à huis clos...»

Pendant quatre ans, Jason Fuchs s’est sédentarisé, un style de vie en opposition avec les vagabondages de sa jeunesse, entre Berne, Lugano, Bâle et La Chaux-de-Fonds, sa terre d’origine, au fil de la carrière de son père Régis, étoile du hockey au tournant du siècle. «Je remercie le HC Bienne de m’avoir offert l’opportunité de me développer avec une bonne équipe, mais je sentais en moi que le moment était venu de voir autre chose.»

De retour au centre
Nombreuses étaient les formations de National League à pister le Neuchâtelois. Lugano, notamment, avait déroulé le tapis rouge. «Pour être honnête, c’était soit Lausanne, soit Bienne», observe Jason Fuchs. «Le fait de vouloir connaître une nouvelle expérience a pesé très lourd dans la balance.» A la Vaudoise aréna, il retrouvera sa position naturelle au centre, «ce qui m’a conforté dans mon choix», admet-il.

Depuis une saison et demie, Jason Fuchs distillait son art sur une aile de l’offensive biennoise, position qui lui était inconnue jusque-là, à l’exception de quelques matches au HC La Chaux-de-Fonds aux prémices de sa carrière. «C’est étrange de me retrouver au centre en équipe de Suisse, je dois me réhabituer», s’amuse-t-il. «Etre capable de jouer dans les deux positions, c’est un gros avantage pour un attaquant. Désormais, je comprends mieux le job des ailiers.»

En constante progression durant ses quatre championnats seelandais, Jason Fuchs a stagné ces derniers mois, laissant l’impression d’avoir atteint un plafond que seul un départ ferait éclater. Il acquiesce. «C’est mon championnat avec Bienne durant lequel j’ai le moins bien joué. J’ai quand même connu une saison correcte, mais sur la lancée de la précédente, elle aurait dû être meilleure.»

Un exercice mitigé, qu’il espère conclure aux Mondiaux, tournoi auquel l’attaquant aux 13 sélections (1 but et 4 assists) n’a encore jamais participé. «Je suis là pour saisir ma chance!» Comme tous les autres.

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