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Hockey sur glace

Une casse limitée par des soutiens fidèles

Le HC Bienne sort de sa saison Covid avec un déficit de 346’000fr. Il projette un budget de 17,3 millions pour la saison qui vient. Des miracles décortiqués par Sébastien Meyer, directeur commercial du club.

Pendant que ses patrons dissertaient avec les médias, lundi après-midi, Sébastien Meyer rencontraient de potentiels partenaires. (Matthias Käser)

Laurent Kleisl

Les deux membres de la coprésidence, Stéphanie Mérillat et Patrick Stalder, le CEO Daniel Villard, le directeur sportif Martin Steinegger, ils sont tous là. Tradition d’avant-saison, le gratin du HC Bienne vient parler chiffres, passé, présent et avenir devant les médias. Pendant que ses patrons dissertent en conférence de presse, Sébastien Meyer enchaîne les rendez-vous. Trouver des sous, c’est son job.

Engagé comme «sponsoring manager» durant l’été 2017, le Biennois de 34 ans occupe la fonction de directeur commercial depuis ce printemps. «Seba», c’est l’homme qui va au front. «A un moment donné, il y a quelques mois, nous avons réellement craint pour la survie du club», confie ce frappadingue du HC Bienne depuis sa plus tendre enfance. 

«Je suis Bienne»
Au plus noir de l’hiver dernier, une perte de 7,5 millions était planifiée. L’argent à fonds perdu versé par la Confédération (2,5 millions) à d’abord permis d’atténuer la note. Puis, il y a eu l’opération «Je suis Bienne». «Nous avons eu un retour incroyable; 60% des abonnés, 70% des sponsors et 80% des donateurs ont renoncé à un remboursement», s’enthousiasme Sébastien Meyer.

Sur les 5 millions fantasmés avec «Je suis Bienne», le club a récolté 4,5 millions. Un succès qui ne tombe pas du ciel. «Nous avons 480 donateurs et 120 sponsors, cela signifie que 600 entreprises sont avec nous. Entre mars et mai, nous avons appelé chacune d’elles afin de leur trouver une solution personnalisée. Nous soignons nos soutiens, nous travaillons pour générer des affaires entre eux. Nous avons créé un véritable club d’entreprises.»

Mieux, nombre de sponsors et de donateurs qui ont demandé un remboursement, faute de prestations, figurent toujours sur la liste des bailleurs de fonds. «Par contre, cela devient toujours plus compliqué de trouver de nouveaux partenaires», souligne Sébastien Meyer. «Les entreprises sont devenues plus frileuses. En plus, elles se demandent s’il y aura une nouvelle vague, si on va à nouveau devoir jouer à huis clos.»

Les prêts confédéraux au chaud
Ce dense réseau, assorti à des mesures d’économies et de chômage partiel, a permis au HC Bienne d’annoncer, lundi en conférence de presse, un déficit pour 2020/21 limité à 346 000 fr., pertes amorties par des fonds propres, pour un chiffre d’affaires de 12,7 millions. Et les prêts sans intérêt de la Confédération (1,5 million) dorment toujours sur un compte du club. Le début du remboursement est prévu dès le mois de mars prochain. En attendant, cette somme restera en stock bien au chaud, par sécurité, au cas où le Covid vient à refaire des siennes.

Avant que la pandémie et l’ère du huis clos poussent les Seelandais à un régime minceur, le budget 2020/21 avait été établi au niveau record de 18 millions, dont 10,5 millions provenant du sponsoring, des donateurs et de l’hospitalité (loges). «Avant l’arrivée du coronavirus, ce chiffre augmentait chaque année, et même pas mal», salive Sébastien Meyer. «Pour nous développer, nous avons profité d’être, dans la région et dans l’Arc jurassien en général, le seul club d’un sport de masse établi dans l’élite.»

Pour l’exercice 2021/22, le HC Bienne a dessiné un budget «retour à la normale» de 17,3 millions, pour un bénéfice de 462’000 fr. «La grande interrogation, c’est la billetterie. Il faudra être vacciné ou testé pour entrer à la patinoire. Est-ce que nos abonnés seront présents à chaque match malgré ces contraintes? Est-ce que les habitudes de consommation du sport ont changé après une année à huis clos et de matches devant la télévision? Et il y a la multiplication des possibilités de divertissement, qui est le grand défi des clubs.»

Par rapport à la saison 2019/20, la dernière avec du public, le HC Bienne ne déplore qu’une diminution de 10% du nombre d’abonnements écoulés à la même époque de l’année. «Avec un bon début de saison...», susurre Sébastien Meyer. Fan un jour, fan toujours.
 

Le HC Ajoie s'approprie son espace commercial

Sur les 600 entreprises qui soutiennent le HC Bienne, une trentaine est établie dans le canton du Jura. La promotion du HC Ajoie en National League n’a pas réduit leur nombre. Par contre, un effet collatéral immédiat se fait ressentir. «Avant l’ascension du HCA, j’avais établi de nouveaux contacts avec une dizaine de firmes jurassiennes. Nous étions prêts à aller de l’avant, mais toutes ont mis un terme aux discussions», explique Sébastien Meyer. La raison, évidente, tient à l’euphorie générée dans le canton du Jura par le retour du HC Ajoie parmi l’élite helvétique, euphorie attisée par le Biennois Stanislas Gaschen, tout nouveau responsable marketing et sponsoring du club de Porrentruy. «Ces entreprises m’ont toutes répondu que désormais, elles ne pouvaient pas soutenir le HC Bienne. Le HCA joue à fond la carte de l’identité», souligne Sébastien Meyer. Qui précise: «Nous entretenons de très bons contacts avec les Ajoulots.» Dans les bureaux, en tout cas. 
 

Bio Express

Sébastien Meyer Biennois, 34 ans, marié et père d’un garçon de cinq ans et demi. Etudes en histoire et géographie à l’Université de Neuchâtel. Entre 2005 et 2014, il grimpe tous les échelons chez Domino’s Pizza, de livreur à membre de la direction à Zurich, avant de reprendre la charge du bureau biennois de Kelly Services. Durant l’été 2017, il est engagé comme sponsoring manager au HC Bienne. «Professionnellement, j’avais deux objectifs dans la vie: fonder ma propre entreprise et travailler pour le HC Bienne», confie cet inconditionnel du club seelandais. Nommé directeur commercial du HC Bienne au printemps 2021.

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