Vous êtes ici

Magazine: Paléo Nyon

Quand Paléo a décidé de (re)devenir «underground»

Depuis 2008, le festival laisse davantage de place aux artistes suisses.

Les Biennois de Puts Marie, mercredi soir au Club Tent. Cédric Sandoz

Rodolphe Haener

Il y a bien sûr le Paléo version kermesse et grands noms de la musique qui se succèdent sur la Grande Scène, et son public plutôt habitué à fréquenter l’Arena de Genève.

Mais il y a aussi un autre Paléo, presque «underground», où des musiciens parfois radicaux présentent leur musique à un public plus habitué à fréquenter les clubs. De sorte qu’on peut à la fois voir ou revoir Johnny Hallyday, Sting ou Calogero, et des artistes moins connus – mais non moins talentueux – comme l’Orchestre tout puissant Marcel Duchamps, Larytta ou Hell’s Kitchen.

Si bien que le regard sur le festival des professionnels de la musique suisse a bien changé. Eline Müller, attachée de presse pour le distributeur et agent de promotion Irascible, à Lausanne, s’explique: «J’ai beaucoup de respect pour la politique artistique du Paléo. [Ses organisateurs] pourraient se contenter de grosses pointures et remplir le reste avec du tout-venant, mais ils effectuent un véritable travail de défrichage. C’est bénéfique pour le public comme pour les artistes, qui n’ont plus à devoir attendre d’avoir fait leurs preuves à un niveau purement commercial pour se produire dans un grand festival.»

Au profit surtout de la scène helvétique

Cette nouvelle politique n’est pas le fruit du hasard. En 2008, à la faveur d’un remaniement de terrain, le festival intégrait dans son périmètre payant la scène du camping, dévolue jusque-là aux artistes suisses en devenir.

Un an plus tard, Paléo mandatait même deux jeunes programmateurs pour gérer la scène nationale.

Enfin, en 2013, la scène du Détour s’agrandissait pour accueillir jusqu’à 2500 places. «Nous permettons à des artistes plus underground, qui n’ont a priori pas leur place dans un tel événement ‘‘grand public’’, et qui n’auraient pas encore ce que l’on pourrait nommer une ‘‘niaque scénique’’, de pouvoir venir jouer», analyse le programmateur Romain Gomis. «Mais le public est indulgent et écoute la musique plutôt qu’il n’attend un show très rodé.»

Gare toutefois à ne pas offrir de cadeau empoisonné à un artiste qui n’aurait pas assez d’expérience. «Nous n’attendons pas des musiciens qu’ils soient des bêtes de scène, mais simplement qu’ils ne soient pas pris de panique devant 2500 personnes. Ça ne les servirait pas.»
Mettre en lumière les musiques de niche, donc, et ainsi participer, en tant que plus gros open air de Suisse, à ce qui pourrait être un «effort national».

«Nous sommes tous très contents de cette évolution. Les médias jouent le jeu en s’intéressant aux artistes. Nous poursuivrons dans cette lignée.»


Droit d'image: Qu’on se le dise, Johnny Hallyday aime les photos

La nouvelle, en début d’après-midi, a fait bondir toute la corporation des photographes et journalistes: par SMS, le Paléo Festival annonçait que Johnny Hallyday, du moins son management, refusait la présence de tous les photographes durant son concert prévu le soir même à 23h30. Tous hormis un: un professionnel mandaté par le staff de Johnny qui mettrait à disposition de la presse les clichés.

Ni une, ni deux, la polémique a enflé: Impressum, association de journalistes, dénonçait là une «liberté d’expression à nouveau bafouée dans un festival de musique». A nouveau? Oui, car, quelques jours plus tôt, au Montreux Jazz Festival, Lady Gaga et Tony Bennett n’avaient toléré la présence que d’un seul et unique photographe.

Mais pourquoi donc Johnny tint-il donc tant à ne pas être photographié? Spontanément, chacun a pensé à une coquetterie de l’idole des jeunes, qui n’eût plus tant goût à se faire tirer le portrait de près l’âge avançant. Passées ces considérations, l’explication était à trouver ailleurs: la star souhaitant maîtriser la commercialisation de son image jusqu’au bout.

Rappelons que, lorsqu’un photographe travaillant pour un journal immortalise un artiste sur scène, le cliché appartient alors au journal. Qui peut le republier à loisir. Que nenni!

Le fin mot de l’affaire n’est arrivé qu’en début de soirée de la part du Paléo: la fosse – endroit où les photographes se postent entre la scène et le public – allait être réquisitionnée pour la pose d’engins pyrotechniques prévus durant le concert.

Un arrangement a finalement pu être trouvé: les photographes iraient se poster près de la régie pour exercer leur métier. A l’heure où nous imprimions le journal, la situation était stabilisée.

Programme du jour

Grande scène 19h: Véronique Sanson. 21h30: 120’’ présente Paléo. 0h15: Faithless.
Les Arches 17h45: Nneka. 20h15: Malicorne. 23h: Christine and the Queens (photo). 1h30: Brodinski presents Brava.
Le Dôme 17h30: Gocoo. 20h15: Yat-Kha. 22h45: Violons barbares.0h: Tim & Puma Mimi DJ Set.
Le Détour 19h: Disco Doom. 21h45: Feu! Chatterton. 0h15: Peter Kernel.
Club Tent 17h: Fabian Tharin. 20h30: Salomé Leclerc.23h: Thylacine. 1h15: Soviet Suprem.
La Ruche Les Misstrash, comédie musicale improvisée de Rue, Les Œils, Qualité Street, Quignon sur rue, TSF Soundsystem, Lucamoros, Magnetic Ensemble.

Christine and the Queens

Deux grands moments de jeudi soir

Photos: Sigfredo Haro et Keystone

Grande Scène
Ben Harper et Gary Clark Jr. Le terrain est clairsemé avant le début du concert, signe que Ben Harper (photo de gauche) n’est plus au firmament, comme lors de ses six précédentes apparitions. Mais, dès les premières notes, le public converge vers la Grande Scène.
Applaudissements nourris dès la fin de la première chanson. Le public est d’emblée conquis, c’est comme s’il retrouvait un vieil et fidèle ami, un compagnon de festival rencontré sous le Club Tent il y a déjà 21 ans.
Un peu plus tôt dans la soirée, même scène presque même chapeau, le bluesman américain Gary Clark Jr. (photo de droite) a, lui aussi, trouvé son public. DGO - réd

Articles correspondant: Culture »