Vous êtes ici

Abo

Bienne: art

Une carrière qui prend son envol

Etabli à Bienne depuis 2014, Dimitri Bähler est en passe de se faire un nom dans le monde du design.

La collection «Volumes, Patterns, Textures and Colors» a valu un prix en Belgique à Dimitri Bähler. LDD

Christian Kobi

Dimitri Bähler n’en revenait pas: une salle d’exposition rien que pour lui dans la célèbre Villa Noailles, dans le département français du Var. Récemment, son rêve est devenu réalité. Entre le 1erjuillet et le 27 septembre, sa collection de céramique «Volumes, Patterns, Textures and Colors» a été exposée dans ce haut lieu européen de l’art et de l’architecture, dans le cadre du 11e festival international de design.

«C’est un endroit que j’adore et où je m’étais déjà rendu plusieurs fois. Il possède une histoire riche, une aura. Le fait d’avoir pu y présenter cette création m’a valu plusieurs articles élogieux dans la presse spécialisée et de belles nouvelles collaborations», déclare-t-il, heureux.

Un prix décerné en Belgique
Ce projet, il l’avait initié en 2013 alors qu’il effectuait une résidence à l’European Center for Ceramics, aux Pays-Bas. Il n’a depuis cessé de le développer. «Mon idée était de mettre au point une technique de décoration en 3D. Celle-ci est une sorte d’estampage, qui consiste à imprimer en creux ou en relief des motifs à l’aide d’une feuille de latex», résume-t-il.

Sa collection contient aujourd’hui une quarantaine de pièces. «Il s’agit aussi bien de plats, de vases que d’objets indéfinis dont je me plais à questionner la fonctionnalité. Ceux-ci composent une sorte de dictionnaire dans lequel je puise mes informations et qui est encore appelé à grandir au fil des années. Mais cela prend du temps, car chaque pièce est unique», dit-il.

Après la Villa Noailles, son travail va être exposé dès vendredi à la Biennale du design d’intérieur de Courtrai, en Belgique, où il s’est vu décerner le grand prix du jury. Une belle récompense pour l’artiste établi dans un atelier regroupant plusieurs indépendants au centre-ville de Bienne depuis début 2014.

Né à Malleray il y a 28 ans, Dimitri Bähler ne se prédestinait pourtant pas à faire carrière dans le design. Durant l’école obligatoire, il aspirait plutôt à devenir biologiste. «Mais le fait de devoir travailler dans un laboratoire a assez vite freiné mes ardeurs», avoue cet amoureux des grands espaces.

Attiré par les arts visuels, il suit cette filière durant son gymnase à Bienne, où ses professeurs lui conseillent de persévérer. Chose qu’il fait à l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL). «La première année, j’ai pensé plusieurs fois à arrêter, indique-t-il. Mais je me suis senti beaucoup plus à l’aise dès le moment où chacun était responsable d’un projet et qu’il devait réunir tous les paramètres pour le faire aboutir. C’est là que j’ai compris que c’est ce que je voulais faire plus tard.»

Un agenda bien rempli
Une fois l’ECAL terminée, en 2010, Dimitri Bähler s’envole pour Eindhoven (Pays-Bas), où il fait six mois d’études puis deux ans d’assistanat. Des workshops et des résidences lui donneront aussi la possibilité de travailler à Majorque, à Ouagadougou ou encore à Tokyo.

S’il a posé ses valises à Bienne fin 2013, le jeune artiste n’en continue pas moins de voyager. Un week-end à Londres par ci, une semaine à Copenhague par là, un rapide détour par Milan: son agenda est bien rempli. «Et puis je me rends prochainement au Japon pour y présenter un nouveau projet en duo, qui joue sur les propriétés du magnétisme. Mais avec tout ce qui m’arrive ces derniers temps, j’avoue ne pas avoir encore eu beaucoup l’occasion de travailler dessus», lâche-t-il.

Guidé par la passion
Si les rentrées d’argent restent pour l’instant fluctuantes, Dimitri Bähler se dit surtout guidé par la passion. «Ce sont les liens avec la matière et les gens que j’aime, de même que la découverte de nouveaux contextes. Plus conceptuellement, le côté sensible des formes et leur présence dans nos quotidiens m’intéressent. C’est ce qui m’a guidé dans ce projet en céramique qui m’a valu de nombreuses réactions positives.»

Articles correspondant: Culture »