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Saules

Un monument tire sa révérence

Après 50 ans, Norbert Paroz quitte son poste de secrétaire communal

Norbert Paroz remet à Sandra Bassin une commune saine. Benjamin Fleury

Benjamin Fleury

Cinquante années de loyaux services pour sa commune. Hier, c’est un monument de Saules qui a tiré sa révérence. Norbert Paroz, ancien enseignant et secrétaire communal depuis 1965 (!) a passé le témoin à sa successeur Sandra Bassin.

Cinquante ans à suivre les dossiers, à chercher le consensus sur les points épineux et à gérer les humeurs de chacun, forcément, cela laisse des traces. Mais, hier, ce furent celles de la passion qui ont pris le dessus pour Norbert Paroz.

Alors que l’homme de 78 ans évoque pour nous son parcours entièrement dévoué à sa commune, l’émotion le prend et les larmes coulent. Il n’essayera pas de les dissimuler. C’est un beau moment.

Les yeux embués mais avec la voix assurée, il remonte le cours du temps avec une mémoire infaillible. C’est en 1958 que le jeune homme, qui a grandi à Tavannes, prend ses quartiers à Saules et devient instituteur au village. Le petit village et ses habitants attachants ont par ailleurs raison de l’homme. Celui-ci n’a alors plus quitté son nid douillet.

Jusqu’à 35 enfants!

Le premier janvier 1965, Norbert Paroz a ensuite remplacé Jean Wittwer à la fonction de secrétaire communal. Un poste qu’il a, par ailleurs, enrichi de celui de caissier en 1975. Toute bonne chose ayant néanmoins une fin, il a dû quitter son travail dans l’enseignement en 1995.
«Les effectifs ont diminué avec l’introduction de l’école secondaire. Maintenant, les élèves de Saules vont à Reconvilier. Auparavant, on s’occupait au village des classes de première année jusqu’à la neuvième. On a compté jusqu’à 35 enfants!» Un autre temps pour le village de près de 170 âmes dont la vocation agricole s’est peu à peu perdue au fil des années. «Je ne suis pas nostalgique. Il faut vivre avec son temps et accepter les changements», ajoute néanmoins notre interlocuteur.

La seconde contribution professionnelle de l’homme à sa commune a, elle, pris fin le 31décembre dernier. Norbert Paroz a été contraint de remettre son tablier pour raison de santé 50 ans après l’avoir endossé. A la suite de quelques mois d’intérim assuré par Pierre-Alain Némitz, le témoin a donc été passé symboliquement hier entre Norbert Paroz et Sandra Bassin, qui débute sa fonction dès à présent.

78 ans, l’âge est fort respectable. Mais pourquoi avoir attendu si longtemps? «Je ne m’étais tout simplement pas vraiment posé la question. On n’en a pas non plus parlé avec les conseillers communaux. Ce travail est vraiment un plaisir, c’est la principale raison.»
Du plaisir, des efforts et du temps que le Conseil communal a, d’ailleurs, tenu à remercier dans un hommage rendu fin juin. «La commune, c’est un peu son bébé. Il a tout donné pour elle», a tenu à témoigner Michel Schaer, le maire.

Mais quels ont donc été les secrets de l’homme engagé et très apprécié par les siens? «Il faut beaucoup de persévérance. Vous savez, certains dossiers reviennent constamment.» La patience a donc été mère de toutes les vertus pour Norbert Paroz et ce, notamment pour régler les quelques situations conflictuelles rencontrées durant son long parcours. «Dans un village, il y a toujours deux ou trois personnes qui sont mécontentes. Quand un conflit éclatait, on savait qu’il ne fallait pas convoquer les personnes en même temps», sourit-il.

L’appétit d’une fusion

Pour sa belle carrière, Norbert Paroz a notamment eu à gérer le délicat projet de fusion avec les communes environnantes. «Le Conseil communal a toujours refusé d’entrer en matière. Je ne suis pas non plus pour. Une fusion, c’est peut-être un avantage au niveau administratif, mais c’est surtout une perte de pouvoir pour les petits villages.»

Petite mais au grand cœur, Saules «marche très bien» selon notre homme: «Nous sommes une des communes les moins endettées du Jura bernois car nous avons toujours eu des dépenses raisonnables.»

L’histoire n’est néanmoins pas encore terminée. «Je vais continuer à m’intéresser aux projets de mon village», confie-t-il.

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