L’Aar de se la couler douce

Par Nicole Hager

L’embarcation avance quasiment sans effort. Un coup de pagaie ou deux permettent d’éviter les piliers de pont, de se dégager des remous et de garder le cap.
Les plus audacieux s’élancent depuis la zone d’embarquement de Schwäbis, à une quinzaine de minutes à pied de la gare de Thoune. Pour ceux qui veulent se la couler plus douce, il est conseillé d’amorcer l’aventure à Uttigen, juste en contre-bas de la gare du lieu. On évite ainsi le tronçon le plus délicat du parcours et ses rapides, prompts à faire chavirer les embarcations gonflables.
Que ce soit à Thoune ou à Uttigen, il est possible de louer un canot pneumatique avec pagaie, gilet de sauvetage, sac étanche pour ses affaires personnelles et recommandations bienvenues auprès d’une dizaine de prestataires. Prendre sa propre embarcation est aussi possible, d’autant que des stations de gonflage sont à disposition. A partir de là, on embarque pour un parcours d’une vingtaine de kilomètres qui serpente à travers des berges verdoyantes. En le réalisant d’une traite, il faut compter trois à quatre heures, «cela dépend du niveau de l’eau», observe Beat Oppliger, alias Oppi, instructeur de canoë et fondateur de Siesta Oppi, entreprise de location et de vente d’embarcations.

Un délice glacé
Sur ce très beau parcours sportif, sans être fatiguant grâce au courant, les tentations de s’attarder ne manquent pas. Les rives foisonnent de beaux endroits où s’arrêter pour pique-niquer, apprêter des grillades et se détendre. En chemin, il est aussi possible d’accoster près de restaurants, notamment à Kiesen, Münsingen, Rubigen ou encore Muri, sans compter tous les établissements situés à Berne même.
Portés par le courant, les marins d’eau douce multiplient les plongeons dans les eaux rafraîchissantes de l’Aar quand le soleil tape trop fort. La croisière s’écoule au rythme des moments dans l’eau et sur l’eau. Berne est en vue. La croisière touche à sa fin. Dans la ville fédérale, deux lieux de débarquement sont privilégiés. Le camping du Eichholz et sa plage de cailloux, ou encore les alentours des bains emblématiques du Marzili, offrant une vue imprenable sur le Palais fédéral et sa coupole dorée. Attention, avec le courant, la manœuvre d’accostage n’est pas des plus évidentes.
L’embarcation dégonflée ou reprise sur place par le magasin de location, il vaut la peine de s’attarder au Marzili. Pour musarder sur les pelouses impeccables de la plus grande piscine de Berne, à l’accès gratuit. Et, surtout, pour savourer une glace à la «Gelateria di Berna». L’échoppe est située juste en face de l’entrée des bains. Pour la trouver, il suffit de repérer la file de gourmands qui font la queue pour goûter au vaste assortiment de glaces maison, des grands classiques aux variantes plus audacieuses (pamplemousse-poivre rose, ananas-basilic, framboises-gingembre) qui s’ajoutent à la carte au gré des saisons.

Bains de foule
Pour profiter pleinement de cette aventure au fil de l’Aar, Oppi recommande de partir avant midi, surtout si on loue son embarcation, récupérée à 17h00 ou 18h00 au plus tard à Berne par la plupart des loueurs. Pour un maximum de tranquillité, l’idéal est d’organiser sa sortie en semaine. Durant la haute saison, les week-ends de juillet et août, l’ambiance est digne d’une street parade, selon une adepte de ces bains de foule. Une farandole ininterrompue d’embarcations gonflables se laisse dériver au fil de l’eau en toute décontraction.

Maîtriser son équipée aquatique

La descente de l’Aar se réalise avec sa propre embarcation ou en en louant une auprès d’une dizaine de prestataires, offrant tous types de bateaux, du canoë 2 places au raft à 10 places. Durant la haute saison, en juillet et août, pour une sortie sur l’Aar durant le week-end, il est sage de réserver son bateau une semaine à l’avance. Il vous sera fourni avec des pagaies, un gilet de sauvetage par personne et un sac étanche pour y glisser ses affaires personnelles afin de les emporter en toute sécurité à bord. Le jour de la balade, vous récupérez le bateau gonflable à la zone d’embarquement et bénéficiez de conseils pratiques sur l’itinéraire et les dangers des tourbillons de l’Aar, rivière déconseillée aux nageurs inexpérimentés. Au besoin, les loueurs acheminent également vêtements et objets de valeur jusqu’au point d’arrivée.
Avant toute balade en bateau pneumatique, la consultation de l’application Aare Guru ou du site www.aare.guru permet d’obtenir la température de l’eau de la rivière et de vérifier son niveau. Si le débit est supérieur à 230-250 m³/s ou inférieur à 100 m³/s, mieux vaut renoncer à son escapade.
La météo est à surveiller aussi (www.bern.com/fr/temps). Pour se lancer par une chaude journée d’été, l’idéal est d’éviter la mi-journée où le soleil tape le plus fort, et de se mettre à l’eau le matin pour s’assurer une plaisante équipée aquatique. NH