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DE ROUILLE ET D’OS ★★★

Détonante rencontre de deux fracassés

Des corps et des cœurs en lambeaux

De rouille et d'os

Pierre-Alain Kessi

Souvent comparé à «Intouchables», le film événement de l’année dernière, puisque le sujet touche le handicap physique et les difficultés relationnelles qui en découlent, «De rouille et d’os» n’est, pourtant, en rien comparable. Jacques Audiard abordant son sujet et ses personnages dans une tout autre optique.

Le film traite avant tout des difficultés relationnelles rencontrées par deux fracassés de la vie, blessés soit physiquement ou moralement, voire les deux à la fois. Mais surtout dans l’incapacité d’exprimer leurs sentiments. Vraisemblablement leur plus grand handicap. Si «Un prophète» traitait de l’enfermement physique, l’Audiard nouveau traite, cette fois, de l’enfermement psychique.

Extirpé d’un recueil de nouvelles écrites par l’auteur canadien Craig Davidson, le scénario coécrit par Audiard et Thomas Bidegain, est cependant original dans le sens où les personnages principaux interprétés par Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts ont été créés pour le film.

Jacques Audiard, multirécompensé pour ses deux derniers films, s’il est le fils de Michel Audiard, l’un des plus grands dialoguistes du cinéma français, n’en est pas moins un cinéaste original et audacieux, qui traite de sujets de société à travers son œuvre.

Une autre facette d’Audiard est son talent certain pour révéler de nouveaux acteurs et surtout son immense qualité de direction d’acteurs. Certes, on le lit souvent, il est plus facile de faire pleurer que rire. Mais encore faut-il trouver le ton juste, la posture adéquate et faire vivre son personnage au-delà de ses dialogues.

Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts sont impressionnants de vérité et habitent littéralement leurs personnages. Tout à la fois forts et fragiles, ils forment un couple improbable, et s’accrochent l’un à l’autre comme des naufragés, ballotés par des vagues de sentiments alternatifs qui, comme des pôles magnétiques s’attirent et se repoussent sans cesse.

«De rouille et d’os» est un film formidablement bien joué, bénéficiant d’une mise en scène et en image étonnante, certes d’une vérité crue, mais également doté d’une grande humanité. Un film qui mérite surtout de rencontrer son public.

Mots clés: FFFH, critique, film, Cinéma

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