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THE DESCENDANTS ★★

George Clooney à contre-emploi

De l’île paradisiaque à l’enfer du décor

George Clooney réussit une fois de plus à se surpasser en incarnant un père de famille inexpérimenté, loin des rôles de séducteur qui collent à son image. LDD

Filmé dans les décors de rêve de l’île d’Hawaii, cette comédie dramatique est un terrain de jeu idéal pour le caméléon George Clooney qui en rajoute sans se priver et se retrouve en bonne place pour conquérir l’Oscar du meilleur acteur. Car pour un rôle de composition, c’en est un. Imaginer le beau George, le bourreau des cœurs, en père responsable de deux adolescentes en pleine crise, veuf et ex-cocu à la fois en défenseur des valeurs morales et de la nature, c’est quasiment de la science-fiction. Et pourtant c’est ce qu’il arrive à faire passer facilement, s’imprégnant du rôle comme jamais et jouant à l’envi de ses yeux de cocker triste. Le George des grands jours. Certainement que la gent féminine ayant droit de vote pour les nominations aux Oscars a craqué devant tant de réalisme. Pour les autres, ils s’intéresseront plus au film, à la dure réalité de la vie supposée paradisiaque des Hawaïens, des méfaits de l’oisiveté et du tourisme exotique.

Matt King (George Clooney) est un richissime propriétaire terrien qui vit une existence dorée jusqu’au jour où son épouse est victime d’un grave accident de scooter des mers et où il se retrouve seul, confronté à une fille préadolescente imprévisible (pléonasme?) et une autre fille qui a déserté le domicile familial pour des raisons qui lui échappent mais qu’il apprendra ultérieurement.

Héritier en copropriété d’un terrain constructible à un autre bout de l’archipel, Matt King, poussé par la hoirie, met tout en oeuvre pour rentabiliser au mieux les milliers de mètres carrés disponibles en les mettant à disposition d’un constructeur de boîteàtouristes,quitteàdéfigurer définitivement le paysage et un environnement représentant un lieu sacré pour les autochtones. Très représentatif, limite cliché, de l’envahisseur yankee, Matt King saura-t-il faire la part des choses entre ses convictions, sa famille, ses amis, la nature et le bien communautaire?

En saupoudrant adroitement son histoire de thèmes à la mode et forcément contradictoires, Alexander Payne concocte un film qui peut dérouter par un récit parfois haché aux contours indéterminés au premier abord.

Comme une barque portée par les vagues plus que dirigées par un navigateur chevronné, Matt King tente parfois maladroitement de se rapprocher des siens tout en cherchant à garder une distance respectable. Ce n’est pas un homme qui se laisse diriger par ses sentiments, il domine les éléments. Du moins le croit-il. Se rabibocher avec sa fille aînée et accepter son petit ami, supporter les frasques de la cadette sans parler de l’hostilité de son exbelle-famille, se détacher des contraintes matérielles et éliminer les vieilles rancunes seront autant d’obstacles à surmonter sans y être préparé.

Humble et émouvant à souhait, George Clooney a mis tous les atouts dans son jeu pour conquérir l’Oscar qu’il convoite depuis belle lurette. Cela suffira-t-il pour l’emporter? Réponse à fin février. En attendant, «The Descendants» a tout pour réussir une belle carrière et inspirer des scénaristes à utiliser un acteur qui a encore un bon potentiel de talents cachés.

Mots clés: Cinéma, critique, film, FFFH

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