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LE GUETTEUR ★

Un sniper qui vise à côté de la cible

Ça tire dans tous les sens, au propre comme au figuré.

Daniel Auteuil, commissaire, traque Matthieu Kassovitz, tireur d’élite. Si les scènes d’action ont de la tenue, l’ensemble manque de clarté. LDD

Nadja Hofmann

L’affiche est accrocheuse. Daniel Auteuil et Mathieu Kassovitz réunis dans un polar franco-italien, cela laisse présager du meilleur. Le film commence d’ailleurs sur les chapeaux de roue avec une équipe de la PJ menée par le commissaire Mattei (Daniel Auteuil) qui piège une bande de braqueurs à la sortie d’une banque. Mais un tireur d’élite en couverture sur les toits (Mathieu Kassovitz) tire à tout va sur les policiers pendant que ses complices prennent la fuite. L’un des bandits est grièvement blessé et doit se faire soigner, ce qui bouleverse les plans de la bande de malfrats. Le commissaire Mattei se met à traquer sans relâche les braqueurs et le sniper qu’il a dans sa ligne de mire. C’est à partir de là que les choses commencent à se gâter. Le scénario part dans toutes les directions, et on suit la trajectoire de plusieurs personnages en parallèle.

Il y a le flic qui poursuit une vengeance personnelle, la bande de truands qui au lieu de s’entraider se met à se déchirer, le médecin psychopathe qui joue un double jeu. Les invraisemblances s’enchaînent et on perd le fil de l’histoire. Pire encore, on en vient à se demander qui est le véritable héros du film. Au lieu de se concentrer sur l’un de ses personnages et de lui donner de la profondeur et de l’épaisseur, le réalisateur italien Michele Placido a voulu mettre des petits coups de projecteurs sur chacun de ses protagonistes, ce qui fonctionne peut-être dans un film documentaire mais pas dans un long-métrage de fiction.

Pour ce film sur l’univers du banditisme, Michele Placido s’est directement inspiré de son expérience professionnelle. Il a en effet été policier avant de tout plaquer pour réaliser son rêve de devenir comédien et réalisateur dans la foulée. Ce qui explique certainement le réalisme des scènes d’action et l’ambiance empreinte de noirceur. Mais une fois encore, la surenchère de violence en tous genres (braquage qui dégénère, scènes de fusillade, maniaque sexuel), nous éloigne de la trame de l’histoire.

Pour ne rien arranger, «Le guetteur» accumule les clichés au niveau des nationalités: le braqueur est un Italien (tout le monde sait que les ritals sont des voleurs!), le salaud pervers à tendance pédophile est un Belge (sans commentaire), et les policiers et militaires sont incarnés par des Français (de là à dire que la France est un pays de flics…), il fallait oser le faire surtout quand on sait que la production est franco-italo-belge !
Malgré un casting 4 étoiles, et des têtes d’affiche qui remplissent honorablement leur contrat, vu la situation, le temps paraît long. N’est pas Olivier Marchal qui veut, et s’il suffisait de scènes d’actions bien corsées entre une bande de braqueurs et des flics pour faire un bon film, ça se saurait! Laissons tout de même le bénéfice du doute au réalisateur italien qui s’est fait remarquer avec «Romanzo criminale» en 2005 pour savoir s’il fait bien de persévérer dans la veine du polar.

Mots clés: FFFH, Cinéma, critique

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