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Hockey sur glace

De la glace ingurgitée en grande quantité

En attendant de pouvoir s’envoler pour l’Amérique du Nord, Noah Delémont sue avec le HC Bienne. Le défenseur orvinois a droit à un traitement spécial de la part d'Anders Olsson.

Depuis plusieurs semaines, Noah Delémont participe à tous les entraînements du HC Bienne (Copyright Matthias Käser / Le Journal du Jura)

Christian Kobi

L’entraînement collectif du HC Bienne est terminé depuis belle lurette. Sur la glace, alors que Beat Forster est déjà en route pour la maison et que d’autres savourent les bienfaits d’une douche, Noah Delémont continue de suer à grosses gouttes. Sous le regard espiègle de l’entraîneur assistant Anders Olsson, l’Orvinois enchaîne les tours de piste. Cinq, dix, quinze minutes, le temps marque une pause. «Un jour, Anders était d’humeur à me faire patiner jusqu’à ce que je ne tienne plus sur mes jambes. A ce moment-là, je me souviens que je ne l’appréciais que moyennement...»

Pourtant, le défenseur de 18 ans le sait, le Suédois ne lui veut que du bien. «Noah est à un âge où il doit travailler davantage que les adultes pour parfaire son physique», remarque le coach, qui suit depuis quatre ans l’évolution d’un des joyaux du mouvement juniors biennois. «La saison qu’il a passée en Amérique du Nord ne l’a pas fait grandir uniquement en tant qu’hockeyeur, mais aussi en tant qu’homme. Sur et en dehors de la glace, il a fait un pas en avant.»

Avec coach Rathgeb
Cette saison, c’est du côté de l’Attack d’Owen Sound en OHL que Noah Delémont avait prévu de poursuivre son développement. Un projet remis à début 2021, au mieux, en raison de la pandémie de coronavirus (voir ci-dessous). En attendant, le HC Bienne lui a généreusement ouvert les portes du vestiaire de la première équipe. «Nous voulions l’aider et augmenter ses chances d’être retenu pour les Mondiaux M20», souligne le directeur sportif Martin Steinegger. Mission accomplie, du moins dans sa première partie: lundi, le coach national Marco Bayer l’a inclus dans une première sélection de 34 joueurs qui se battront pour entrer le mois prochain dans la «bulle» d’Edmonton.

Chaque matin ou presque, entre deux quarantaines quasi successives (celle des M20 le 12 octobre puis de la première équipe le 27 octobre), l’Orvinois côtoie quelques-uns des cadors du championnat sur la glace de la Tissot Arena. Certains l’inspirent plus que d’autres. Un nom? Yannick Rathgeb, bien sûr. «Il m’a expliqué quelques mouvements à effectuer à la ligne bleue, des feintes de corps, de regard, des manières de bouger le puck. Cela demande pas mal de sérénité et une grande confiance en soi.» Dans le domaine, il ne pouvait assurément trouver meilleur instructeur.  

En quête de stabilité
Reste que pour Noah Delémont, les exercices se cantonnent jusqu’à présent aux entraînements. La pratique en compétition au plus haut niveau attendra. «Noah a eu droit à quelques matches de préparation avec nous et il a plutôt bien fait son travail», rappelle Martin Steinegger. «On sent qu’il a le sens du jeu, qu’il voit bien les lignes de passe. Durant sa première année en Amérique du Nord, il me semble qu’il a aussi compris que le hockey se joue dans les deux sens de la patinoire. Il s’est beaucoup amélioré dans le travail défensif mais il doit continuer sur cette voie.»

Pour briguer une place en National League, aujourd’hui ou demain, l’international M20 doit surtout apporter de la stabilité à son hockey. «La place qu’il vise, celle de défenseur offensif, est la plus difficile à décrocher après celle de gardien. Il n’y a que deux ou trois joueurs qui peuvent y prétendre par équipe», appuie «Stoney». Inévitablement, la comparaison avec une autre pépite seelandaise, Janis Moser, 20 ans et actuel meilleur compteur du HC Bienne, surgit dans la discussion. «Janis est d’abord été un mur derrière avant de penser à se projeter vers l’avant. C’est plus facile pour un jeune de s’imposer de cette manière.»  

Recherche du bon mix
Deux défenseurs, deux talents, deux styles différents. «Aujourd’hui, avec Noah, nous essayons de réduire sa prise de risques tout en préservant sa créativité. Il s’agit de trouver le bon mix», précise Anders Olsson. Ensuite, seulement, le garçon sera prêt pour la National League. Dans combien de temps? Un an, deux ans, plus? «Je pense me rapprocher chaque jour un peu plus du but», tranche l’intéressé.

D’ici là, il pourra toujours compter sur Anders Olsson pour lui faire avaler des kilos de glace. En grande quantité.

 

Les Mondiaux M20 pour assouvir une intense soif de compétition
Six matches, six petits matches avec les M20 élites du HC Bienne et c’est tout. A l’évidence, la saturation est loin de guetter Noah Delémont cet automne. «Je tire un bilan couci-couça de ces sorties», avoue le défenseur de 18 ans, qui n’a récolté qu’un seul assist. «A vrai dire, cela n’a pas été facile de m’adapter et de retrouver un jeu moins structuré que ce que j’ai désormais l’habitude. J’ai aussi eu du mal à trouver la bonne balance entre la joie de retrouver les copains et le fait de devoir être performant.»

Dans l’enchaînement, et suite à la quarantaine imposée à la formation de Guido Pfosi mi-octobre, l’Orvinois n’a plus quitté la première équipe. Il a enchaîné les entraînements et les tours de patinoire. «Bien sûr que la compétition me manque», concède-t-il. «Mais les entraînements que je suis sont de qualité. Je progresse davantage ainsi qu’en enchaînant les matches avec les élites.» Dans l’optique des Mondiaux M20, son manque de compétition pourrait toutefois jouer en sa défaveur. «Je ne pense pas que ça soit le cas», coupe-t-il. «Il me faudra peut-être 10minutes lors du premier match pour retrouver mes automatismes, mais sinon je me sens bien dedans.»   

En compagnie notamment de Jérémie Bärtschi et d’Elvis Schläpfer, deux autres membres du HC Bienne, Noah Delémont cherchera à séduire Marco Bayer dès le rassemblement du 6 décembre. Il disposera pour y parvenir d’une semaine à Zoug, puis de deux autres sur place, dans la «bulle» d’Edmonton. «Je sais que j’ai les capacités pour faire partie de l’équipe et que mon destin est entre mes mains», lâche l’arrière, qui a fait de ce rendez-vous très prisé des recruteurs de la NHL son principal objectif de la saison.

Vers un démarrage en février
Une saison, d’ailleurs, dont il est bien difficile de déterminer les contours futurs. Aux dernières nouvelles, le championnat de l’Ontario Hockey League (OHL) doit démarrer le 4 février dans un format réduit de 40 matches, avec des duels principalement entre des équipes de même région géographique. «Les camps démarreraient à la mi-janvier», croit savoir celui qui est appelé à découvrir une nouvelle ligue après une expérience mitigée en LHJMQ. «Pour l’instant, tout cela est encore flou et ça peut très vite changer. Au moins, si je suis sélectionné pour les Mondiaux M20, j’aurai un mois de répit pour ne penser qu’au hockey et à rien d’autre.» Et accessoirement pour assouvir une soif de compétition de plus en plus intense.

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