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Hockey sur glace

Des marches toujours plus hautes

Autant au HC Bienne ou qu'en équipe de Suisse, Gaëtan Haas reste fidèle à sa politique des petits pas.

C’est riche de 27 sélections en équipe de Suisse que l’attaquant biennois (ici lors de la dernière Deutschland Cup avec le Slovaque Andrej Kudrna) se présentera face à la France, vendredi, sur la glace de la Tissot Arena. (Keystone)

Laurent Kleisl

Gaëtan Haas trépigne. Le hockey international est en ville. Sa ville. Mardi soir, la France a été la première sélection engagée au Tournoi des Quatre-Nations à griffer la glace de la Tissot Arena. Un entraînement, entre 19h45 et 21h, avant que les hockeyeurs tricolores ne regagnent leurs pénates au Schlössli d’Ipsach. Les Suisses lanceront leurs activités seelandaises mercredi soir, entre 18h45 et 20h15. Puis, ils rejoindront l’Hôtel Elite, leur logis jusqu’à dimanche. Le logis, également, de Gaëtan Haas.

La semaine dernière, au moment d’annoncer sa sélection, l’entraîneur national Patrick Fischer avait dépeint l’attaquant du HC Bienne comme «un centre jeune et très talentueux» qui traverse «une période un peu plus compliquée». Sans rechigner, Haas acquiesce. Début novembre, lors de la Deutschland Cup à Augsburg, le sujet a provoqué une discussion entre quatre yeux, entre un joueur et son coach. «Fischer connaissait ma situation», confie le Biennois. «Maintenant, tout cela est derrière, je regarde devant.»

Tout cela, c’est le tintamarre assourdissant qui a accompagné l’annonce de son engagement, pour trois ans, au CP Berne. Un acte banal dans le hockey business que Haas a peiné à gérer. «Davantage que cette histoire, ces dernières semaines, j’ai surtout ressenti un énorme coup de fatigue», glisse-t-il. Il tient la crève automnale, tenace, comme responsable. Et c’est tout?

Effacité versus lyrisme
L’arrivée d’un nouveau coach au HC Bienne, à l’évidence, a bouleversé son quotidien. Une décennie durant, il n’avait connu que Kevin Schläpfer et ses préceptes. «Pour moi, ce changement n’a pas été anodin», indique-t-il. «A part avec l’équipe de Suisse, j’ai toujours évolué avec le même système; je n’avais jamais joué la défense en zone. Cette adaptation m’a demandé un peu de temps. Maintenant, je sens que ça revient, que je suis dans une bonne phase.» Pour preuve, à nouveau, il marque.

Mutation visible de son jeu, Haas se lance de moins en moins dans de grandes envolées lyriques, patins en feu et puck collé sur la palette. «Je savais que je ne tournais pas», admet-il. «Dans ces conditions, c’est normal, on ne tente pas de solos, c’est une question de confiance.» Jadis sa marque de fabrique, ses chevauchées fantastiques, si esthétiques, ne surprennent plus l’adversité. Il les a sacrifiées, Gaëtan, sur l’autel de l’efficacité. «J’essaie d’avoir de moins en moins de déchets dans mon jeu», reconnaît-il. «C’est quelque chose dont j’ai parlé avec Mike McNamara. Je dois m’améliorer dans le domaine, chercher la bonne passe, prendre moins de risques.»

Apprentissage moscovite
Haas a commuté en mode épuration. Un rite initiatique inévitable pour franchir un nouveau palier. La conséquence directe de son apprentissage moscovite, le printemps dernier, lors de ses premiers Mondiaux. «Peut-être... En Russie, je me suis retrouvé en tribune à cause de deux mauvaises décisions, de deux passes ratées, contre le Kazakhstan et la Norvège. Ces deux actions ont provoqué des contres sans conséquences, mais c’était deux mauvaises décisions, qu’il est interdit de prendre à ce niveau.»

Haas n’est pas sot. Il emmagasine les expériences. Et apprend. «Dans ma progression, je n’ai jamais explosé. J’ai toujours avancé par petits pas. C’est pour cela que j’ai attendu de me sentir prêt avant de décider de quitter Bienne», rappelle-t-il. Les petits pas. Un devant l’autre, sans brûler la moindre étape. En club, en équipe de Suisse. En 2015, Glen Hanlon l’avait coupé de la sélection quelques jours avant le départ aux Mondiaux en République tchèque. Le printemps dernier, Haas était du voyage à Moscou, avant que deux pucks ne l’expédient dans la colonne des joueurs surnuméraires. «Désormais, je dois m’imposer en équipe nationale», dit-il. C’est la prochaine marche, toujours plus haute, au bout d’un chemin escarpé, semé d’embuches.

Songes olympiques
En mai 2017, Paris accueillera les Helvètes. Mais Haas, déjà, regarde plus loin. Par passion pour le sport. Son sport. «Mon objectif, c’est une participation aux prochains Jeux olympiques», annonce-t-il. Ces trois dernières saisons, en franchissant sans stress les échelons du hockey professionnel, quitte à froisser les supporters les plus pressés, «Gates» a compris que la Corée du Sud n’est pas si loin, que 2018, c’est demain.

Cette ambition, davantage viscérale que démesurée, est née en Pologne, en 2009, lors du Festival olympique de la jeunesse européenne. «Avec la Suisse, on avait décroché la médaille d’argent. J’en garde un souvenir extraordinaire. Ce rendez-vous m’a tellement marqué que depuis, j’ai mis une participation aux Jeux olympiques parmi mes priorités.»

Sa quête olympique a déjà commencé. Elle passe, vendredi et samedi, par la Tissot Arena, son chez lui. «Je me réjouis de ces deux matches avec l’équipe de Suisse!»

 

«Bienne est un excellent endroit pour l’équipe nationale»

Gaëtan Haas savoure. La Suisse en représentation à Bienne, chez lui, devant ses proches, un must à ne manquer sous aucun prétexte. En avril dernier, malgré une défaite 1-2 (ap) face à la République tchèque, l’attaquant avait goûté chaque seconde passée sur la glace de la Tissot Arena avec le maillot rouge à croix blanche sur les épaules. Une fierté légitime. «Quand je peux jouer à Bienne avec l’équipe nationale, c’est toujours très spécial pour moi», souffle-t-il.

Délocalisé dans le Seeland pour la première fois après plusieurs éditions à Arosa, le Swiss Ice Hockey Challenge – appellation officielle – espère trouver son public vendredi et samedi. Promotion large, village des supporters, séance d’autographes cet après-midi avec Haas et Jonas Hiller (15h30 à 16h30 à la Tissot Arena dans la galerie située devant l’Athleticum), la Fédération a mis les petits plats dans les grands pour s’assurer d’un large soutien populaire. «Notre patinoire est parfaite pour ce tournoi, elle a juste les bonnes dimensions», note Haas. Ni trop petite ni trop grande, elle peut accueillir jusqu’à 6500 spectateurs tout en assurant un visuel rassurant en cas d’affluence un peu plus timide. «Bienne est un excellent endroit pour l’équipe nationale, qui est, j’ai l’impression, plus populaire en Romandie qu’en Suisse alémanique. J’espère que ces matches vont attirer du monde afin que le tournoi puisse s’établir à la Tissot Arena.»

Cerise sur le gâteau, vendredi, la sélection nationale affrontera la France d’un certain Eliot Berthon, grand pote de Haas parti à Ambri-Piotta l’été dernier après deux saisons dans le Seeland. «Eliot a gardé pas mal de contacts avec les Romands du HC Bienne», relève «Gates». «De notre côté nous sommes restés proches des gars d’Ambri-Piotta qui ont joué chez nous, comme Igor Jelovac et Adrien Lauper. Entre Welches, on passait beaucoup de temps ensemble. Ça va être vraiment cool de jouer en sélection contre Eliot!» Que le meilleur gagne.

 

Cette semaine à la Tissot Arena

Mercredi 15h30 à 17h: entraînement de la France. De 15h30 à 16h30: séance d’autographes avec Gaëtan Haas et Jonas Hiller (dans la galerie située devant l’Athleticum). 16h45: arrivée des Suisses. 18h45 à 20h15: entraînement de la Suisse.

Jeudi Entraînements. 11h30 à 13h: Suisse. 13h15 à 14h45: France. 15h à 16h15: Suisse. 16h30 à 17h45: Slovaquie.

Vendredi 9h: entraînement de la Biélorussie. 10h: entraînement de la Slovaquie. 11h: entraînement de la Suisse. 12h: entraînement de la France. 16h15: Slovaquie - Biélorussie. 20h15: Suisse - France.

Samedi 9h: entraînement de la Biélorussie ou de la Slovaquie. 10h: entraînement de la France. 11h: entraînement de la Slovaquie ou de la Biélorussie. 12h: entraînement de la Suisse. 16h15: France - Biélorussie/Slovaquie. 20h15: Suisse - Biélorussie/ Slovaquie.

Où trouver qui Suisse: Hôtel Elite à Bienne. France: Hôtel Schlössli à Ipsach. Biélorussie et Slovaquie: Hôtel Mercure à Bienne.

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