Vous êtes ici

Abo

Hockey sur glace

Jonas Hiller marque son territoire

Le gardien superstar impeccable devant les filets du HC Bienne.

Les Seelandais pourront compter sur lui cette saison: c’est le message lancé ce week-end par Jonas Hiller. Keystone

Genève
Laurent Kleisl

La planète hockey s’agite. Outre-Atlantique, les grandes nations préparent la Coupe du monde, ou «Word Cup», tournoi hybride économico-sportif servant surtout à garnir les caisses de la NHL et de son association de joueurs. Du hockey de compétition en septembre, en Amérique de Nord? Les vétérans, terme consacré là-bas, n’y goûtent que pour le bien du business.

«En NHL, les premiers matches de la saison régulière sont encore la préparation», observe Jonas Hiller. «Avec 82 rencontres qualificatives, c’est impossible de jouer tout le temps à son plus haut niveau. Les meilleurs commencent à être dans une forme optimale à partir de Noël, pas avant.»

La NHL. La vie du nouvel ange gardien du HC Bienne entre 2007 et le printemps dernier. A cette époque bénie et lucrative, la routine estivale conduisait l’Appenzellois de 34 ans à amorcer le camp de la franchise l’employant mi-septembre seulement. Pas avant. Trois ou quatre matches «hors-concours», histoire de former l’équipement, et début octobre, les affaires reprennent.

Le hockey en août et le début du championnat dans la foulée, Hiller a dû s’y préparer. «C’est pour cette raison que je n’ai pas souhaité aller aux Mondiaux en Russie. Je savais que pour moi, par rapport aux neuf dernières années, je devrais être prêt quelques semaines plus tôt. J’avais conscience que l’été allait être assez court.»

Une tactique payante. «Oui, là, je me sens bien», dit-il. Le talent encore très distant en matches de préparation, Hiller a montré d’entrée de cause, face à Lausanne et Genève-Servette, qu’il avait déjà la mitaine bien chaude (94,23% d’arrêts). «En Suisse, si on perd les trois premiers matches, la saison devient tout de suite compliquée.

En NHL, on a bien plus de temps. D’ailleurs, je trouve que le niveau et l’intensité étaient déjà élevés pour un début de championnat.» La LNA aurait-elle à ce point progressé? «Difficile à dire, mes derniers matches en Suisse remontent déjà à un bout de temps», souffle-t-il.

Retrouver la patience
Le hockey européen et ses grandes surfaces de glace, Hiller admet s’y être réadapté sans secousses. Une histoire de bagage génétique. «Chaque été, je m’entraînais en Suisse sur les grandes patinoires», reprend-il. «Quelques séances ont suffi pour me situer sur la glace. Par contre, le style de jeu est très différent. En NHL, les équipes mettent le puck directement sur le but. Ici, il y a encore une passe, puis une autre. Le gardien doit être plus patient, c’est le plus gros changement.»

L’autre «gros changement» se situe dans l’occupation de la gendarmerie. Ces neuf dernières saisons aux Ducks d’Anaheim et aux Calgary Flames, Hiller était protégé par François Beauchemin, Luca Sbisa et autres Mark Giordano, défenseurs établis en NHL. Aujourd’hui, Kevin Fey, Marco Maurer & Cie nettoient ses rebonds. «Avec les défenseurs, on doit encore un peu apprendre à se comprendre», admet-il.

«Les rebonds, c’est quelque chose dont on a déjà bien discuté. En Suisse, c’est plus facile de gérer ces pucks-là car il y a beaucoup moins de trafic devant le but. Le gardien a aussi plus de temps pour effectuer des arrêts.» Contre les cousins lémaniques, Hiller a pris tout son temps, justement, pour actionner quelques parades spectaculaires. Pour le show, surtout.

Entre la grande NHL et la petite LNA, toutefois, le choc est essentiellement culturel. Il est sonore. «Il me faudra quelque temps pour réaliser qu’en Suisse, c’est bruyant durant toute la partie», sourit-il. «On sent que toute la patinoire est dans le match, et j’aime bien ça. A Montréal, il y a du bruit lorsque le Canadien a une bonne chance de marquer. En Californie, les gens ne crient que lorsqu’il y a quelque chose sur l’écran géant.»

Ses sept années au bord du Pacifique l’ont au moins aidé à dompter la touffeur suffocante régnant samedi aux Vernets. «Il faisait super chaud, la glace n’était pas très bonne.» Puis, cet aveu: «J’ai hâte qu’il fasse un peu plus frais!» D’abord, on prend volontiers quelques jours de beau.

 

Genève-Servette - Bienne 1-3 (0-0 1-2 0-1)

Vernets: 5549 spectateurs.

Arbitres: Massy/Prugger; Abegglen/Gnemmi.

Buts: 26’54 Loeffel (Santorelli, Almond, à 5 contre 4) 1-0. 32’28 Micflikier (Schmutz, Lundin) 1-1. 34’19 Tschantré (Fabian Sutter, Dave Sutter) 1-2. 58’59 Haas (dans la cage vide) 1-3.

Pénalités: 4 x 2’ contre chaque équipe.

Genève-Servette: Mayer; Vukovic, Fransson; Antonietti, Loeffel; Jacquemet, Petschenig; Chuard; Rubin, Slater, Rod; Schweri, Santorelli, Almond; Wick, Kast, Riat; Traber, Heinimann, Douay; Leonelli.

Bienne: Hiller; Lundin, Maurer; Jecker, Wellinger; Dave Sutter, Fey; Steiner, Valentin Lüthi;Micflikier, Earl, Schmutz; Horansky, Neuenschwander, Fabian Lüthi; Rossi, Haas, Rajala; Tschantré, Fabian Sutter, Pedretti.

Notes: Genève-Servette sans Détraz, Mercier, Romy, Simek ni Spaling (blessés). Bienne sans Joggi (blessé), Dufner (convalescent), Holdener, Huguenin ni Wetzel (surnuméraires). Une minute d’applaudissements est observée en mémoire de Bob Bissonnette, chansonnier québécois décédé la semaine dernière dans un accident d’hélicoptère. Le duo arbitral décide de ne pas accorder de buts sur des tentatives de Schmutz (6’47) et Micflikier (13’21) après visionnage des images vidéo. Tir sur la transversale de Haas (33’13). Tirs sur le poteau de Micflikier (13’21) et Maurer (36’23). Temps mort demandé par Genève-Servette (56’53). Genève-Servette sort son gardien au profit d’un sixième joueur de champ (de 58’22 à 58’59). Loeffel et Micflikierdésignés meilleurs joueurs de leur équipe.

Articles correspondant: Actualités »