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Hockey sur glace

L’irrésistible attirance du neuf

C’est désormais officiel: Samuel Kreis quittera le HC Bienne à la fin de la saison pour le EV Zoug, où il a signé pour deux ans. Le défenseur de 26 ans avoue qu’il avait besoin d’un nouveau challenge.

Depuis ce cliché de novembre, Sämi Kreis a certes perdu sa moustache mais il a remporté le gros lot en signant pour deux ans à Zoug (photo Keystone)

Christian Kobi

Il est des séparations qui ne débouchent sur aucun pot de fleurs cassé, aucun jet de vaisselle par la fenêtre ni aucun mauvais sentiment entre les deux parties. Celle à venir entre le HC Bienne et Samuel Kreis, qui rejoindra le EV Zoug au terme de la présente saison après quatre ans d’union avec le club seelandais, fait visiblement partie de cette catégorie. D’un côté comme de l’autre, le sentiment d’être arrivé à la fin d’un cycle semble prédominer.

«Je suis très reconnaissant pour tout ce que j’ai vécu ici, mais je voulais voir quelque chose de nouveau, respirer un nouvel air, peut-être aussi sortir de ma zone de confort», philosophe le défenseur de 26 ans, dont les intérêts sont représentés depuis l’été dernier par son ancien coéquipier au CP Berne Martin Plüss. Bien plus qu’un simple agent en réalité, un conseiller, un psychologue. «Il ne travaille qu’avec quelques joueurs. On fait aussi pas mal de mental avec lui, de la force. Le contact est très personnalisé, cela me convient bien.»

Un flirt suédois sans suite
Martin Plüss, ce sont aussi des liens très étroits avec la Suède, où l’ancien international a passé quatre ans entre 2004 et 2008, à Frölunda. Un instant, un départ pour le pays aux trois couronnes a d’ailleurs traversé l’esprit de Samuel Kreis. «C’est vrai, il y a eu quelques contacts avec des clubs suédois», confirme-t-il. «Cela aurait été un dépaysement total, l’occasion de découvrir une nouvelle culture, un nouveau hockey. Mais la situation sanitaire a mis un frein à ce projet, sans compter que j’aurais peut-être dû attendre janvier ou février avant d’être fixé. Cela aurait été trop risqué.»

Le Bernois a préféré ne pas laisser le train zougois partir sans lui. Dès les premières discussions, en novembre, il dit avoir «tout de suite senti l’intérêt» que lui portaient les dirigeants du club de Suisse centrale. La perspective de trouver sur place des infrastructures uniques en Europe avec l’OYM de Cham – un projet pharaonique devisé à 100 millions de francs, entièrement financé par le président-mécène Hans-Peter Strebel et pensé pour améliorer le quotidien des athlètes – a achevé de le convaincre. «Les installations là-bas sont superbes», s’émerveille-t-il.  

A Zoug, Samuel Kreis rejoindra aussi et surtout une équipe taillée pour le titre. Mais une équipe au sein de laquelle les futurs départs de Raphael Diaz (Fribourg) et de Santeri Alatalo (Lugano?) redistribuent les cartes sur le plan défensif. «C’est sûrement bien pour moi, car il y aura un trou énorme à combler et des places à prendre», convient Sämi, qui n’ira pas jusqu’à prétendre qu’il a le calibre pour remplacer ces deux-là. «Ce serait clairement exagéré de dire ça. Le rôle qui m’attend là-bas, c’est plutôt celui d’un membre du top 3 ou 4 de l’équipe, avec passablement de temps de glace.»

Attentes (trop?) élevées
Un rôle finalement assez similaire à celui qui est le sien aujourd’hui au HC Bienne, avec qui les pourparlers n’ont pas débouché sur une offre concrète. «Ce n’est pas que je voulais à tout prix partir, mais la volonté de découvrir autre chose était très présente», avoue celui dont le premier exercice à la Tissot Arena, en 2017/18 (23 points en 61 matches), avait débouché sur des attentes élevées. Un costard de patron peut-être trop grand pour lui. Au fil du temps, l’arrivée de Yannick Rathgeb, couplée à l’avènement de Janis Moser, n’ont eu cesse de le faire chuter dans la hiérarchie.

«Le fait d’avoir été écarté du power-play il y a deux ans m’a permis d’améliorer d’autres facettes de mon jeu, notamment au niveau défensif et en box-play», dit-il. «Aujourd’hui, je suis un joueur plus complet, qui peut être aligné dans toutes les situations.» Une évolution aussi constatée par Anders Olsson, coach assistant et responsable des défenseurs, qui décrit un élément «fragile mentalement à son arrivée de Berne, mais qui a fait d’énormes progrès». «Il a su trouver son chemin. Je suis très fier de ce qu’il est devenu, je vais regretter son départ», concède le Suédois.

Même sans pot de fleurs cassé ou de vaisselle jetée, une séparation n’en reste pas moins souvent douloureuse.
 

Une commotion qui n’en est pas vraiment une
Mardi 15 décembre 2020. Samuel Kreis croise la route du rugueux Jannick Fischer lors de la large victoire 7-1 du HC Bienne face à Ambri-Piotta. «J’ai eu quelques vertiges directement après le match, mais dès le lendemain cela allait déjà beaucoup mieux», relate le défenseur, qui dispute encore trois rencontres dans l’enchaînement, jusqu’à la pause de Noël. «J’ai alors commencé à me sentir pas très bien, à avoir des vertiges, des pertes d’équilibre.»

Pour clarifier la nature de son mal, le Bernois prend la direction de Zurich pour passer des examens au Swiss Concussion Center. «Comme j’ai déjà eu deux commotions cérébrales durant ma carrière, je connais les symptômes. Ceux dont je souffrais n’étaient pas les mêmes que les dernières fois.» Sur place, la piste d’une commotion cérébrale «classique» est écartée. «En fait, c’est mon système vestibulaire (réd: un organe sensoriel situé dans l’oreille interne) qui était touché. Dans un premier temps, mon corps s’est adapté à cette nouvelle norme, ce qui m’a permis de jouer. Mais cela n’a pas duré.»

Après trois semaines de pause, Samuel Kreis fait son retour le 15 janvier à Langnau. Un retour fêté par un but après... 11 secondes de jeu. «Dans le voyage du retour, j’ai remarqué que ça n’allait pas et qu’il me faudrait une nouvelle pause.» Celle-ci dure 10 jours, jusqu’au 26 janvier. «Face à Langnau, je suis revenu trop tôt, j’aurais dû attendre plus longtemps. Avec le recul, on est toujours plus intelligent», souffle-t-il.

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