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Hockey sur glace

L’ombre du coronavirus plane sur la reprise

Durement touchés par la pandémie du Covid-19, les joueurs du HCBienne se sont retrouvés en équipe, lundi, bouteille de désinfectant à la main, pour lancer la phase de préparation physique.

Gilian Koher se lave les mains, Valentin Nussbaumer et Janis Moser souffrent et, dans le fond, les éclopés Samuel Kreis et Anton Gustafsson suent. La vie, lundi, au HC Bienne. (Matthias Käser)

Laurent Kleisl

Pschitt-pschitt. Une petite mélodie, comme un refrain en vogue. Les mains, les engins, les haltères, les joueurs du HCBienne déploient, avec méthode, une maîtrise consommée des bouteilles de désinfectant. Lundi, ils ont retrouvé le chemin de la Tissot Arena pour lancer les grands travaux d’affûtage physique en vue de l’exercice 2020/21. «Cela fait du bien de revoir les autres, cela donne l’impression que la vie reprend un rythme normal», savoure Kevin Fey.

Crise sanitaire oblige, ce rendez-vous en commun n’est pas entré dans la continuité de deux ou trois semaines à la plage, coutume printanière solidement ancrée dans l’existence des hockeyeurs. «La saison s’est terminée nette, d’un coup», rappelle le No 4. «Après le dernier match des play-off, le corps décompresse complètement. Cette année, ce besoin de vacances n’était pas présent, on ne ressentait pas la même fatigue que d’habitude.»

En petits groupes
Par grappes des cinq à huit individus, nouveaux et anciens se sont succédé sur le parcours de torture, installé sur la dalle en béton de la patinoire, concocté par Willy Kaufmann, le patron de la préparation estivale, et Thomas Zamboni, gérant de la sueur en hors glace. «Lundi, comme on devait expliquer notre concept, tout le monde était un peu présent au même moment», indique le second. «Pour la suite, chaque joueur viendra deux fois par jour, mais l’horaire est construit de façon à ce que les groupes ne se rencontrent pas.» Trois semaines à ce régime particulier, de remise en train en douceur, sont au menu des hockeyeurs seelandais.

Selon les directives fédérales, le HC Bienne aurait pu se passer de ces artifices. Seules consignes: strict respect des règles sanitaires, désormais bien établies, et interdiction d’utiliser douches et vestiaire, où les joueurs ne font que poser leurs affaires. «Nous nous situons entre deux saisons, en préparation, il n’est pas nécessaire de prendre des risques en proposant un entraînement normal», observe Zamboni. «Pour les footballeurs, la situation est très différente, car ils se trouvent en plein milieu de leur championnat.» Pourtant, les footeux professionnels étaient peu nombreux sur les terrains d’Helvétie, lundi, à se retrouver pour suer de concert.

Antti Törmänen et les autres
Au HC Bienne, ce retour en équipe tape dans le rayon des symboles. Dimanche 15 mars, le club communiquait le résultat positif au Covid-19 d’Antti Törmänen – l’entraîneur finlandais, présent lundi, dit encore en ressentir les contrecoups. Depuis, les rumeurs ont circulé autour de l’équipe. «Je ne sais pas exactement, peut-être la moitié de l’effectif a contracté la maladie», confirme Martin Steinegger, un directeur sportif dont le charisme viril a apeuré le virus.

Zamboni fait partie du lot des infectés. «Pendant quatre semaines, j’ai connu des problèmes respiratoires», raconte-t-il. «Ensuite, ma condition physique est revenue progressivement. Aujourd’hui, je me porte bien. Je n’ai pas l’impression qu’il y ait de séquelles chez les joueurs qui ont été positifs. Peut-être en verra-t-on quand on commencera à travailler plus intensément?»

De Marc-Antoine Pouliot à Peter Schneider, l’Autrichien sur le départ, de Luca Cunti à Damien Brunner, du néo-Bernois Jan Neuenschwander à Samuel Kreis, la liste des Biennois touchés est, paraît-il, garnie de onze noms. Brunner et Cunti évoquent trois ou quatre jours «mal foutus». «De mon côté», coupe Kreis, «j’ai connu une première semaine très difficile. A cause de mon asthme, je ressentais pas mal de pression sur les poumons.»

Qui est le patient zéro?
Des hommes sains s’ébattent dans ce solide groupe des guéris potentiellement immunisés. «Non, je n’ai aucune crainte, il faut juste prendre quelques précautions», reprend Fey. Snobé par le coronavirus, le défenseur s’est tout de même astreint, comme le solde de la troupe, à deux semaines de confinement, chez lui à Châtillon. «Ensuite, en marge de mon programme de préparation individuelle, j’ai découvert la région delémontaine en VTT. Au-dessus de Châtillon, de Courtételle et Courfaivre, il y a vraiment des très jolis coins», sourit-il.

Le patient zéro? Patraque et se plaignant d’une fatigue chronique, le Suédois David Ullström a diplomatiquement été annoncé «blessé», les 28 et 29 février, lors des deux dernières rondes de la saison régulière. La source? L’origine? La racine du mal? Mardi 10 mars, le HC Bienne a accueilli Gottéron, à huis clos, en match de préparation pour les play-off. C’est un fait, nombre de joueurs fribourgeois ont contracté le Covid-19.

De fumeuses spéculations, uniquement. L’œuf qui fait la poule ou la poule qui fait l’œuf. Toujours la même rengaine.

 

Deux hommes en salle d’opération

Pour Samuel Kreis et Anton Gustafsson, la crise sanitaire a produit un effet collatéral indépendant de leur volonté. Les infrastructures hospitalières prioritairement réservées aux malades du Covid-19, toutes les interventions non essentielles ont dû être repoussées. Patiemment, les deux larrons ont attendu leur tour jusqu’au 27 avril. «Nous avons tous les deux été opérés le même jour, au même endroit, à Berne, par le même médecin», note Gustafsson. Qui précise: «En plus, nous sommes voisins à Port!»

C’est l’épaule droite de l’attaquant qui a nécessité une intervention. Le Suédois à licence suisse s’était blessé le 24 janvier, à Rapperswil, en ratant une charge à la dernière seconde de la première période. Et «boum» contre le plexiglas! Après quelques matches à l’infirmerie, dont il est un ardent fidèle, le fils de Bengt-Ake Gustafsson a tout même disputé les six derniers matches de l’exercice. «J’en ai pour six semaines», dit-il.

Le temps de la convalescence sera un brin plus long pour Kreis, amoché à l’épaule gauche. «Dans mon cas, comme les attaches du biceps sont également touchées, je devrai m’astreindre à trois mois de pause. Mon objectif, c’est d’être de retour pour la reprise de l’entraînement sur la glace, début août», informe le défenseur, qui se tient aux plans initiaux hors nouvelles variantes «covidiennes». «Je me suis blessé sur un check de Samuel Walser», dit-il. C’était le 11 février face à Fribourg. Malgré son articulation bancale, le Bernois a conclu le championnat sur la glace.

L’un à gauche, l’autre à droite, le bras en écharpe, lundi, Kreis et Gustafsson se sont contentés de pédaler. A eux deux, ils ont au moins la satisfaction de pouvoir assurer une place dans une partie de cartes. lk

 

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