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Hockey sur glace

Luca Cunti, l’esthète qui compte

Elément offensif le plus constant cette saison dans les rangs du HC Bienne, le Zurichois de 31 ans tourne à une moyenne de près d’un point par match. En fin de contrat, il se verrait bien prolonger.

Quand il est en possesion du puck, Luca Cunti ne le lâche pas facilement. Ou alors seulement pour délivrer une passe dont il a le secret (photo Keystone)

Christian Kobi

Quand il embarque sur la glace, Luca Cunti donne l’impression de la survoler. L’attaquant zurichois du HC Bienne fait partie de cette caste de joueurs qui font tout plus vite et mieux que les autres. Un coup de patin lui suffit à mettre une défense dans le vent, un coup d’œil à déclencher la passe qui fera la différence. Cette saison encore plus que la dernière, sa première dans le Seeland, son aisance technique fait des merveilles. «Le bilan jusqu’ici n’est pas mauvais, mais j’ai l’impression que je peux faire encore mieux, être plus imprévisible et dangereux devant le but.»

L’appétit vient en mangeant, dit-on. C’est plutôt bon signe en ce qui concerne l’ancien international de 31 ans, que l’on sent loin d’être rassasié. Car avec ses 7 buts et 10 assists en 18 matches, il patine sur les traces de son meilleur bilan comptable en National League, atteint en 2013/14 avec les ZSC Lions (54 points en 64 matches). «Ma recette miracle?», rigole-t-il. «Je n’ai en pas. Je profite simplement d’être en bonne santé. J’ai connu assez de blessures durant ma carrière pour savoir qu’il faut profiter à fond des bons moments.» Luca Cunti parle en connaissance de cause, lui le multiple revenant, l’homme à la carrière rythmée par les retours à la case départ.

Avec une visière intégrale
Depuis son arrivée au HC Bienne, en provenance de Lugano durant l’été 2019, le Zurichois touche du bois. Mais les blessures ne sont jamais loin. Régulièrement, des parties de son corps viennent lui rappeler leur existence. Le 11 décembre par exemple, ce sont ses dents qui réceptionnaient douloureusement la canne d’un joueur davosien, celle de Teemu Turunen en l’occurrence. «Je n’ai rien pu avaler pendant une semaine», grimace-t-il. «J’avais des plaies plein la bouche, c’était extrêmement douloureux.» Aujourd’hui encore, il subit à intervalles réguliers des traitements de racine. «J’en veux au joueur qui n’a pas réussi à maîtriser sa canne. C’est pourtant la base du hockey», peste-t-il.  

Depuis cet incident, le No 10 biennois porte une visière intégrale. Un élément plus gênant que rassurant pour le centre aux mains de velours, dont la vision et le sens du jeu à 360 degrés sont les atouts majeurs. «J’ai dû m’habituer à ce nouvel équipement, qui me bouche partiellement la vue sur les côtés. Mais je crois que ma famille est plus rassurée depuis que je porte ce casque et qu’elle préférerait que je le garde à l’avenir.» Cela ne l’empêchera pas, dit-il, de retrouver au plus vite sa «demi-visière» dès qu’il obtiendra l’autorisation de son dentiste.    

Arrivé à bon Port
Si Luca Cunti évoque sa famille sans qu’il y soit invité ou contraint, ce n’est pas un hasard. Le neveu de Pietro Cunti, ancienne légende d’Arosa, Coire et Berne, y accorde une importance fondamentale, dans sa vie d’homme comme de hockeyeur. «Pour avoir l’esprit libre sur la glace, j’ai besoin de savoir que ma femme et mes enfants se sentent bien là où nous sommes. C’est le cas depuis que nous avons débarqué à Bienne l’an dernier», appuie-t-il. Plus précisément, c’est à Port que lui et son clan ont emménagé. «Mes enfants y ont plein d’amis et s’y plaisent beaucoup, tout comme moi.»

Dans ces circonstances, la prolongation de son contrat, qui arrive à échéance au printemps prochain, ne devrait être qu’une simple formalité. «On a déjà eu des discussions avec les dirigeants, mais toute cette situation avec le coronavirus rend les choses un peu compliquées qu’en temps normal», lâche-t-il. Le Zurichois marque une pause. Puis il enchaîne. «J’ai quand même l’impression que ça se présente bien. En tout cas, de mon côté, j’ai très envie de rester ici.» Si ce n’est pas une déclaration d’amour, ça y ressemble quand même méchamment.

Luca Cunti, bien dans son corps et dans sa tête. Si la guigne daigne continuer de l’épargner, sa grâce céleste pourrait illuminer la Tissot Arena encore un moment.

 

L’heure de fêter enfin une victoire à Zurich
La série lui semble interminable. Depuis qu’il a quitté les ZSCLions en mauvais termes en 2017, après que son futur transfert à Lugano a été rendu public et qu’il soit «parqué» à Kloten, l’ennemi juré, Luca Cunti n’est jamais ressorti en vainqueur de la glace du Hallenstadion. Ni avec Lugano ni avec Bienne, où les trois déplacements en terre zurichoise de la saison dernière se sont soldés par autant de défaites. «J’ai hâte que cette série se termine. Elle devrait déjà l’être depuis un moment d’ailleurs», lance celui qui portera à nouveau le maillot de topscorer mercredi soir – il est à égalité de points avec Janis Moser.

Sur la glace zurichoise, Luca Cunti sera toujours orphelin de Damien Brunner, son partenaire de ligne préféré. «Il me manque, mais il y a assez de bons joueurs dans l’équipe pour combler son absence», estime le centre, qui fera à nouveau équipe avec Jason Fuchs, un autre joueur qui, comme lui, aime patiner de longues secondes avec le puck posé sur sa canne. «Je ne crois pas que cela nous rend incompatibles. Jason est très rapide, j’apprécie de me baser sur sa vitesse pour le lancer.» Si cette entente pouvait permettre de ramener autre chose qu’une défaite de Zurich, on en connaît un qui serait ravi.

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