Luca Cunti, pointeur parmi tant d’autres

Christian Kobi

Il a fallu que ça tombe sur lui. Traditionnel rendez-vous de la fin de la saison régulière, la cérémonie de remise des chèques au meilleur compteur de chaque équipe s’est tenue mardi soir en live sur Instragram et non en présentiel, mesures sanitaires obligent. Et c’est Luca Cunti, adepte peu convaincu des réseaux sociaux, qui a dû s’y coller. «Je n’ai jamais eu Instagram, je ne savais pas comment ça marchait», rigole l’attaquant du HC Bienne, qui a eu droit à quelques cours accélérés de la part de ses coéquipiers. «Heureusement, j’ai pu utiliser le compte du club...»

Ouf! Sur le coup de 19h, mardi, le Zurichois s’est virtuellement retrouvé en compagnie des autres fines gâchettes de National League pour une série de questions-réponses. Un joli plateau, avec du Jan Kovar (Zoug), Sven Andrighetto (Zurich) ou Denis Malgin (Lausanne). Roman Cervenka, l’artificier tchèque de Rapperswil que les Biennois retrouveront sur leur route dès mercredi, vaquait lui à d’autres occupations. «Cervenka? C’est l’un des meilleurs joueurs de la ligue», admire Cunti. «Il est rapide, imprévisible, très technique. On va devoir le surveiller de très près, de même que toute sa ligne.»

Pas de «plan Cervenka»
Dans le vestiaire seelandais, on se refuse pourtant à faire une fixette sur le meilleur pointeur des Saint-Gallois (51 unités récoltées en 49 matches cette saison, soit le cinquième total de la ligue). «Même si Cervenka est l’un de ces éléments qui peut décider à lui tout seul de l’issue d’un match, nous n’allons pas nous focaliser sur lui», assure Lars Leuenberger. Ce n’est, il est vrai, pas le style de la maison. «Nous allons continuer à jouer notre système sans nous préoccuper de l’adversaire, en étant agressif d’entrée de jeu comme nous l’avons toujours été», précise l’entraîneur biennois.

Une tactique souvent payante cette saison, surtout dans sa version 2021. En tacticien avisé, Leuenberger sait aussi qu’il peut compter sur la profondeur de son effectif. La preuve par les chiffres: avec 10 joueurs ayant comptabilisé 20 points ou plus cette saison, le HC Bienne n’est devancé dans ce classement que par Zoug (12). «Aujourd’hui, aucun joueur ne peut gagner le championnat à lui tout seul», reprend le coach. «Pour cela, il faut une équipe. A Bienne, de nombreux joueurs tournent entre 0,6 et 0,9 point par match (réd: neuf exactement), ce qui est un bon indicateur de la qualité du groupe.»

Une saison difficile
Des leaders interchangeables qui se partagent leur temps de jeu, des étrangers moins décisifs que dans d’autres équipes. Corollaire? Avec ses 34 points amassés en 44 matches, Cunti n’occupe que le 31e rang du classement des compteurs de National League. Derrière lui, à l’interne, un amas de joueurs se tient dans un mouchoir de poche. «Si Rapperswil veut me surveiller de près, il peut volontiers le faire. Cela laissera davantage de place à mes coéquipiers pour marquer», lance le centre de 31 ans, qui n’avait encore jamais terminé une saison régulière avec le casque jaune sur la tête.

Il aurait pu y prétendre en 2013/14, lors de la campagne qui l’a mené à son deuxième titre de champion de Suisse avec les ZSC Lions. Mais les 44 points récoltés (54 au terme des play-off) s’étaient avérés insuffisants face à la gourmandise d’un Roman Wick alors au sommet de sa forme (48 points). «C’est difficile de comparer les deux exercices et de dire lequel a été le meilleur», avoue le Nov 12. «J’avais certes davantage de points à Zurich mais cette saison, avec toutes les quarantaines, n’a vraiment pas été facile. Si ce maillot veut dire que j’ai pu aider l’équipe à ma manière, alors j’en suis honoré.»

Lugano? Pour plus tard!
Sous contrat au HC Bienne jusqu’en 2025, Cunti semble avoir encore  de belles années devant lui. «Pour moi, toutes les saisons sans blessure sont de bonnes saisons. Je savoure juste chaque instant.» Nul doute que si son chemin l’amène à croiser Lugano, son ex-club, en quarts de finale, le plaisir n’en sera que plus savoureux. «Ça, je n’y pense pas du tout. Pour l’instant, tout ce qui compte c’est Rapperswil!» Ah, la puissance du mental.