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Hockey sur glace

Luca fièrement dans l’ombre de Nico

Arrivé lundi à Bienne, où il s’est engagé jusqu’en 2024, Luca Hischier ne nourrit aucune jalousie à l’égard de son frère cadet. Bien au contraire, l’ex-attaquant du HC Davos est très proche de Nico.

Au HC Bienne, Luca Hischier portera le matricule 13, numéro choisi en son honneur par son frère Nico aux New Jersey Devils. (Keystone)

Laurent Kleisl

Luca Hischier n’évitera pas la comparaison. Le Haut-Valaisan de 25 ans est rompu à l’exercice. Le sujet de son frère cadet Nico Hischier, il le sait, s’invite invariablement, à un moment ou à un autre, dans les discussions. «Je n’ai absolument aucun problème avec ça», coupe-t-il. «C’est tout à fait normal que l’on me parle très fréquemment de Nico.»

Le frérot étrenne, cette saison, un contrat de sept ans garni, au total, de plus de 50 millions de dollars généreusement versés par les New Jersey Devils. Luca Hischier ne nourrit aucune jalousie, aucune rancœur. «Je suis même très fier de mon petit frère», dit-il. Aux Devils, Nico porte tout aussi fièrement le 13 en hommage à Luca, qui arborera son numéro fétiche également sous les couleurs du HC Bienne.

Colocataire de Samuel Kreis
Très régulièrement, les deux frères attaquants s’appellent, se consultent. «Evidemment, on a parlé de mon échange, et Nico s’en réjouit. L’été, il habite à Berne, où réside également notre sœur. Comme nous serons désormais plus proches, nous pourrons nous entraîner plus souvent ensemble quand il sera en Suisse.» Proches géographiquement, proches de cœur également. Naters et le Haut-Valais, leur région d’origine, n’ont plus qu’une présence parentale comme agrément.

Actuellement blessé à une jambe, Nico n’a pas encore lancé sa saison en NHL. Luca, son aîné de quatre ans, vit intensément la sienne. «Dimanche, j’ai rassemblé mes affaires de hockey, pris quelques habits, et lundi matin, je partais pour Bienne», détaille-t-il. Le solde de son fatras l’attend encore eu pied du Jakobshorn. «Tout s’est passé tellement vite que je n’ai pas vraiment eu le temps de réfléchir à la situation, et ce n’est peut-être pas une si mauvaise chose!»

Ces derniers jours, Luca a goûté à l’existence d’un hockeyeur de NHL. A son niveau, il a partagé le quotidien de Nico. En Suisse, même si les échanges ne choquent plus, ils restent encore un pan marginal du hockey business.

Débarqué du CP Berne en 2018 (lire ci-contre), il ne sera pas arrivé à l’échéance de son contrat dans les Grisons. «Dans trois mois, c’était de toute façon terminé pour moi au HC Davos, où je tiens à préciser que je n’avais aucun problème», reprend-il. «Là-bas, comme on est loin de tout, c’est assez spécial. Moi, ma vie est à Berne.» Désormais, Luca Hischier habite à Port. Il loge chez Samuel Kreis, ancien coéquipier au SCB. «Je vais reprendre son appartement à la fin de la saison, après son départ», précise-t-il. Un départ prévu pour Zoug, semble-t-il.

Une surprise relative
La transaction qui l’a conduit à la Tissot Arena, avec l’attaquant finlandais Perttu Lindgren, n’est pas une surprise à ses yeux. Depuis quelque temps déjà, Luca Hischier parlait de son avenir avec Martin Steinegger, directeur sportif du HC Bienne. «Je savais que Perttu était à la recherche d’un nouveau club, et comme mes négociations avec Bienne étaient avancées, l’option d’un échange m’a traversé l’esprit. Il y a une certaine logique dans tout ça, c’est davantage la rapidité avec laquelle tout s’est déroulé qui m’étonne.»

Lundi, après avoir passé avec succès la visite médicale, Luca Hischier s’est engagé au HCBienne jusqu’en 2024. «Un contrat de trois ans, c’est une énorme marque de confiance. Une telle durée permet de construire quelque chose. Je suis très motivé de répondre à cette confiance avec de bonnes performances.»

Mardi contre Langnau, il a participé à l’ouverture de la marque de Perttu Lindgren, l’autre nouveau venu, en lançant une action prolongée par Jason Fuchs. Si ce trio s’est éteint au fil du match, il propose une association de qualités susceptibles d’amener des vitamines à l’offensive seelandaise. «Ce premier match s’est très bien déroulé», savoure-t-il. «Il n’y a pas de grandes différences entre le système de jeu de Davos et celui de Bienne, mais il y a quand même pas mal de petits détails auxquels je devrai m’adapter.» En cas de doutes, il peut toujours demander conseil au petit frère.

 

«Luca est un attaquant extrêmement talentueux»

«On ne dit jamais du mal d’un ancien coéquipier.» Jérémie Kamerzin éclate de rire. Pour dresser un portrait flatteur de Luca Hischier, le défenseur de Fribourg-Gottéron n’a pourtant nul besoin de forcer son naturel. «Luca est un super bon gars, le genre de caractère qui fait du bien dans un vestiaire. Au CP Berne, il était apprécié de tout le monde», confie-t-il.

Entre 2016 et 2018, l’ancien arrière seelandais – de février 2008 à avril 2009 – a partagé le quotidien de Luca Hischier au CP Berne. Ensemble, ils ont fêté le titre national en 2017 sous les couleurs fédérales. «A cette époque, le SCB était au sommet», rappelle Jérémie Kamerzin, qui décrit un joueur «qui a tout pour réussir». «Luca est un attaquant extrêmement talentueux. C’est un bon patineur, très habile pour changer de direction avec le puck. Il est également costaud, il est bâti comme un Haut-Valaisan, en fait», se marre le Martignerain de 32 ans. Ce paquet généreux n’a toutefois pas permis à Luca Hischier de s’imposer dans l’équipe de la capitale.

Jérémie Kamerzin a côtoyé Luca Hischier au CP Berne. (ldd)

Après avoir connu ses premiers émois de hockeyeur dans le mouvement juniors du HC Viège, il a rejoint les usines à champions du SCB en 2010. «A Berne, ce n’est jamais facile pour un junior du club de s’installer en première équipe. Soit on entre dans les plans, soit c’est la porte. Ça passe ou ça casse», observe Jérémie Kamerzin.

En ce temps-là, l’entraîneur finlandais Kari Jalonen exigeait une conscience défensive presque extrême au SCB. «Avec lui, le jeu est très structuré et n’offre que peu de libertés. Un joueur avec les qualités de Luca peine à s’exprimer dans un système aussi restrictif», souligne Jérémie Kamerzin. «Son jeu me paraît mieux assorti au style du HC Bienne, dont l’ADN colle davantage au pedigree de Luca. Je dis ça par rapport à ce que je ressens en tant qu’adversaire.» Un adversaire tout amoureux des Seelandais. La sixième victoire de Fribourg-Gottéron contre le HC Bienne cette saison est programmée le jour de la Saint-Valentin à la BCF-Arena. Un signe qui ne trompe pas.

 

 

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