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Hockey sur glace

Samuel Kreis, leader par les actes

Ecarté du power-play depuis l’arrivée de Yannick Rathgeb au HC Bienne, l’arrière bernois doit se contenter d’un rôle plus défensif cette saison. Il en profite pour apporter de la maturité à son hockey.

Défenseur davantage porté sur le jeu défensif cette saison, Samuel Kreis n’oublie pas de mettre sa créativité au service du HC Bienne (photo Keystone)

Christian Kobi

Il pourrait l’avoir mauvaise, Samuel Kreis. Parce que l’arrivée de Yannick Rathgeb, cet été, l’a fait redescendre dans la hiérarchie du HC Bienne, parce qu’elle lui a fait perdre sa place dans l’une des deux unités de supériorité numérique, parce qu’elle l’a obligé à remettre en question certains aspects de son jeu. Pour tout ça, il pourrait l’avoir mauvaise, Samuel Kreis. Mais le Bernois est un homme intelligent, la tête bien sur les épaules. «Quand j’ai appris que le club avait engagé Yannick Rathgeb, avec encore Anssi Salmela sous contrat, j’ai très vite compris que je n’aurais plus beaucoup de temps de jeu en power-play. Je m’y étais préparé, ce n’était pas une surprise.»

Plutôt que de ruminer dans son coin – «J’étais quand même un peu déçu au début, mais cela n’a pas duré longtemps», avoue-t-il –, «Sämi» a choisi d’accepter la situation. Il y a même vu une opportunité d’ajouter de nouvelles cordes à son arc. «Ces deux dernières saisons, j’ai prouvé que je savais jouer en power-play et être productif offensivement. Mais dans le hockey moderne, cela ne suffit pas, il faut savoir tout faire», est-il conscient.

Un hockey plus constant
Jusqu’ici, le No 44 jouait ses atouts principalement en zone offensive: 23 points lors de son premier exercice dans le Seeland, en 2017/18, 16 lors du dernier. Désormais, même s’il compte deux buts et trois assists en 23 matches, ses priorités sont ailleurs. «Mon but cette saison est vraiment d’améliorer mon jeu sur le plan défensif, de gagner des duels, de bloquer davantage de tirs que par le passé, d’être le premier sur les rebonds. Ce sont des points essentiels pour mon développement.» 

Et le premier bilan intermédiaire est positif: pilier du box-play, un secteur dans lequel il évolue en moyenne 1’42 par match, Kreis a mis de la maturité dans son hockey. Tout ce qu’il fait, il le fait plus directement, avec moins de chichis. «Cette saison, je pense que je joue le meilleur hockey depuis que je suis arrivé à Bienne. Lors de ma première saison, même si je comptais plus de points, j’avais beaucoup de hauts et de bas. Aujourd’hui, je pense être devenu plus constant.» Il pense bien «Sämi», il pense bien.

Une voix qui compte
De par sa réaction suite à l’engagement de Rathgeb, de par son comportement sur la glace, Kreis est en train de gagner le statut qu’il était venu chercher au HC Bienne, en 2017: celui d’un leader. «J’ai beaucoup de temps de glace et de responsabilités. Je me sens vraiment bien dans cette équipe, même si à terme j’aimerais bien retrouver du temps de jeu en power-play, là où se situe ma force», déclare l’arrière de 25 ans. Dans le vestiaire aussi, sa voix prend de plus en plus d’importance. «Lorsque je dis quelque chose, je sens que les gars m’écoutent. C’est toujours agréable.»

Parmi ces gars, il y a bien sûr Janis Moser, son coéquipier de ligne de six ans son cadet. Après un départ en fanfare, les deux hommes, l’envie de trop bien faire accrochée à leurs patins, ont connu leur petit creux d’octobre. Ensemble, ils ont parlé, un peu, beaucoup. «Janis vivait son premier passage délicat en National League, il manquait d’assurance. Je lui ai dis qu’il ne devait rien changer, que la roue allait forcément finir par tourner si on revenait à des choses simples.» Et elle a tourné. Rapidement. Vendredi dernier à Genève, le brave Janis a même inscrit son premier but en National League. «J’étais si heureux pour lui! Il le mérite tellement!» lance Kreis.

Un Kreis qui vivra mardi soir, face aux Frölunda Indians, du hockey rapide et léché comme il l’aime. «Ce match aller en Suède, c’était un pur bonheur. J’aime ces gros matches, quand ça va vite, quand ça devient dur, quand il faut aller au-delà de ses limites.» Les paroles d’un leader, un vrai.

 

Un rôle plus défensif pour séduire Patrick Fischer

Samedi 4 mai 2019, au sortir du dernier match de préparation de l’équipe de Suisse disputé à Weinfelden, Samuel Kreis apprend qu’il est retranché. Les Mondiaux qui frappent à la porte, le défenseur du HCBienne les vivra depuis chez lui. «Sur le moment, j’étais bien sûr déçu, mais aussi satisfait d’être arrivé aussi loin. Cela m’a motivé à travailler encore davantage pour recevoir à nouveau ma chance.»

Une chance qu’il a obtenue lors de la dernière Deutschland Cup, début novembre, avec de bonnes performances à la clef. Mais le Bernois vise plus haut, plus loin, lui qui ambitionne de participer aux championnats du monde en Suisse, en mai 2020. «Mon rôle actuel au HC Bienne, plus défensif, va sûrement m’aider à me profiler en équipe nationale. Il y a assez de bons défenseurs offensifs en Suisse, je dois être capable d’amener autre chose, par exemple en box-play.»

En attendant, comme les autres internationaux encore engagés en Champions Hockey League, Kreis n’a pas été convoqué par Patrick Fischer pour le rendez-vous de Viège, en cette fin de semaine. «Entre la commotion contractée mi-novembre (réd: il est revenu au jeu le 1erdécembre) et notre début de saison chargé, je ne suis pas malheureux d’avoir quelques jours de congé.» On le comprend volontiers.

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