Vous êtes ici

Abo

Hockey sur glace

Une carrière sur le fil du rasoir

Avec Langnau et Zurich, Luca Cunti affronte ce week-end deux de ses anciens clubs. L’occasion de se rappeler que l’attaquant du HC Bienne a vécu des hauts, mais aussi de nombreux bas, ces dernières années.

Attaquant aux mains de velours et au jeu raffiné, Luca Cunti est toujours capable de faire quelque chose de bien avec un puck (Copyright Matthias Käser / Le Journal du Jura)

Christian Kobi

Son patinage céleste et son aisance dans le maniement de la rondelle ne laissent rien transparaître. A l’œil, Luca Cunti est un hockeyeur comme les autres, tout juste doté de capacités techniques supérieures à la moyenne. Pourtant, le Zurichois de 30 ans est un (multiple) revenant. Plusieurs fois, sa carrière a failli basculer dans le néant. «Aujourd’hui, je suis juste heureux de pouvoir encore jouer au hockey», affirme l’attaquant, débarqué à la Tissot Arena cet été avec l’objectif, comme tant d’autres avant ou avec lui, de se relancer.

Sa satisfaction actuelle, le centre aux mains de velours l’a puise dans ses multiples mésaventures passées. La dernière en date? Une blessure à une épaule contractée la saison dernière, à Lugano. Un championnat maigre de 11 matches, des traitements à foison. Et des doutes, beaucoup de doutes. «J’ai longtemps été dans l’inconnue», souffle-t-il. «Je ne savais pas si j’allais devoir subir une opération, ni si je pourrais un jour pouvoir rechausser mes patins.» Mais Cunti, mis entre temps sous contrat par le HC Bienne pour cette saison, s’est accroché. Une nouvelle fois. Et il a sacrément bien fait.

Courte aventure biennoise
C’est qu’à la longue, les départs à zéro sont un peu devenus sa spécialité. Il avait dû s’y résoudre une première fois en 2009/10, avec un exercice écourté à Langnau en raison d’une mononucléose infectieuse. Le neveu de Pietro Cunti venait de rentrer au pays après deux saisons dans les circuits juniors nord-américains. Vidé de son énergie, il s’était résolu à mettre provisoirement sa carrière de côté afin d’épauler son père dans la gypserie familiale. «C’est à ce moment-là que j’ai remarqué que le hockey me manquait», dit-il aujourd’hui.

Pour retrouver ses facultés, Cunti rejoint la saison suivante les GCK Lions, son club formateur. Quelques mois plus tard, il boucle l’exercice 2010/11 parmi les meilleurs compteurs de Lionceaux privés de play-off. Une licence B en poche, il débarque – une première fois – au HC Bienne. Mais son aventure ne dure que quelques minutes, le temps de subir une charge de Philippe Seydoux à l’entraînement et de contracter une commotion cérébrale. Pour Cunti le maudit, c’est retour à la case départ, celle qu’il connaît désormais par cœur.

Encore sous le patin
Par chance, l’été suivant, le Zurichois obtient le droit de prouver toute l’étendue de son talent auprès des ZSC Lions. C’est le début de sa grande ascension: deux titres de champions de Suisse avec le «Z», en 2012 et 2014, une médaille d’argent avec l’équipe de Suisse aux Mondiaux, en 2013, le «Cunti Express» est lancé. «Zurich, c’est un chapitre important de ma carrière, j’y ai vécu beaucoup de belles choses», déclare l’ancien international. Des belles choses? Pas seulement. En janvier 2017, son aventure se termine en eau de boudin après que son futur transfert à Lugano est rendu public. Cunti est alors parqué à Kloten, l’ennemi juré. Tout un symbole.

Deux ans et une mésaventure luganaise plus tard, l’ancien choix du Tampa Bay Lightning se retrouve à Bienne. Pour un énième nouveau départ. «Comme je sors d’une saison quasi blanche, il m’a fallu un peu plus de temps que les autres pour me mettre dans le bain. Mais je sens que ça va de mieux en mieux», analyse le No 10 seelandais, qui estime en avoir encore sous le patin. «J’en suis convaincu, je peux encore en faire plus», lâche-t-il. 

Prometteur. Car le Cunti aperçu ces derniers temps a quelque chose de fascinant. Bien dans son corps, bien dans sa tête, il peut à tout moment émerveiller l’assistance d’un geste de grande classe. «Je suis heureux dans cette équipe, alors j’essaie simplement d’en profiter. Une carrière de hockeyeur est trop courte pour ne pas savourer les bons moments.» Des mots qui, dans sa bouche, prennent tout leur sens.
 

Damien Brunner et Luca Cunti, les retrouvailles

Damien Brunner. Luca Cunti. Deux attaquants qui débarquent à Bienne, à une année d’intervalle, après une saison laborieuse à Lugano marquée par une blessure. L’un qui ressuscite sous le maillot biennois, l’autre qui est en passe d’en faire de même. Difficile de ne pas tirer de parallèle. «Stefan Ulmer aussi est arrivé de Lugano. Peut-être qu’il y a des similitudes entre Damien et moi, mais au final nous traçons chacun notre voie», coupe Cunti, trois buts et cinq assists en 20 matches cette saison et qui ne trouve pas là matière à s’épancher davantage. 

Pourtant, qu’on ne s’y méprenne pas, les deux hommes s’entendent à merveille. Sur la glace, leur association lors du «Weltklasse Eishockey» de Wil, en août, avait fait des merveilles. Pas étonnant qu’Antti Törmänen ait prévu de les réunir dans la même ligne vendredi soir, avec Tino Kessler à leur côté, pour le grand retour au jeu de Brunner. «Je suis évidemment ravi qu’il soit remis de sa blessure», signale Cunti. «Damien est un joueur très important pour l’équipe, un super caractère.» Les deux attaquants, ces amoureux du jeu bien léché, ont mis sur pied un sacré plan de marche. «Luca m’a dit que je pouvais patiner les yeux fermés et qu’il me suffirait de mettre la canne sur la glace», rigole un Brunner au taquet. On ne demande qu’à voir!

Articles correspondant: Actualités »