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Hockey sur glace

Une douce musique olympique

Gardien du HC Bienne, Jonas Hiller a pris lundi ses quartiers dans un autre vestiaire de la Tissot Arena, celui réservé à l’équipe de Suisse jusqu’à mercredi soir et le match face au Canada.

Portier olympique à Vancouver en 2010 et à Sotchi en 2014, Jonas Hiller sait qu’il devra briller avec le HC Bienne s’il entend voir PyeongChang. (Keystone)

Laurent Kleisl

Robbie Earl, escorté de son fiston de trois ans, entre dans le vestiaire du HC Bienne. L’attaquant américain en ressort quelques minutes plus tard, cannes à la main et son énorme sac de hockey sur l’épaule. «Je rejoins l’équipe des Etats-Unis mardi à Augsburg», glisse l’attaquant US retenu pour la Deutschland Cup. Dans les coulisses de la Tissot Arena, les joueurs de l’équipe de Suisse se ramènent au compte-gouttes. «Un retour aux sources, je suis quand même né à Bienne!», sourit Grégory Hofmann, buteur de Lugano.

Hier matin, les couloirs de la Tissot Arena fourmillaient de l’animation du hockey international. Demain (20h15), pour lancer la Karjala Cup, la sélection de Patrick Fischer affrontera le Canada sur la glace seelandaise. Devant ses filets: Jonas Hiller. Le dernier flirt entre le gardien du HC Bienne et la sélection à feuille d’érable avait tourné au massacre. C’était le 13 mai dernier aux Mondiaux à Paris.

Dans l’enceinte de Bercy, l’Appenzellois aux 437 matches en NHL ne tient que 6’28 face au Canada. Dix tirs ennemis, deux buts concédés. Chassé du jeu, Hiller s’en va purger sa colère dans le vestiaire alors que Leonardo Genoni conduit les Helvètes à un succès 3-2 en prolongation. «Dans une carrière, il y a des jours où rien ne fonctionne et d’autres où tout se passe à la perfection. Ce match, je n’y pense plus», tempère Hiller.

La folie de Vancouver
Son précédent rendez-vous avec le Canada est bien plus reluisant dans sa perspective. Le 18 février 2010, au cœur des Jeux olympiques, Hiller avait tenu la baraque, ne cédant qu’aux tirs au but face à Sidney Crosby (défaite suisse 2-3). «Des matches comme celui-là, par contre, on s’en souvient! En plus, c’était à Vancouver. C’était de la folie, au point qu’on avait l’impression que les JO ne se résumaient qu’au seul tournoi de hockey!»

Egalement dépositaire des filets confédéraux lors des Jeux 2014 à Sotchi, Hiller amorce demain une saison internationale qui pourrait l’amener à participer à son troisième tournoi olympique. Mais en février prochain à PyeongChang, le hockey sera orphelin de ses plus grandes stars, les têtes pensantes de la NHL n’admettant pas de libérer leurs vaches à lait pour la lointaine Corée du Sud. «La majeure partie des joueurs de NHL est déçue de cette décision», reprend Hiller. Qui rappelle 2006: «Aux JO de Turin, j’avais vécu en direct la concurrence de la NHL. J’avais dû rentrer à la maison quand David Aebischer était arrivé.»

La possibilité de revoir les anneaux olympiques l’émoustille d’autant plus depuis son retour en Suisse. «Si je vais aux Jeux, je me réjouis, pour une fois, de vivre l’expérience olympique en intégralité. On sera sur place dès le début, on participera à la cérémonie d’ouverture. A Vancouver et à Sotchi, je l’avais manquée car la NHL n’avait pas encore arrêté son championnat. Et un jour après le dernier match, il fallait déjà s’envoler pour l’Amérique du Nord.»

Réveil biennois
Il s’y voit déjà, Jonas. L’ancien gardien des Ducks d’Anaheim et des Calgary Flames sait qu’une sélection passe par des performances de choix avec le HC Bienne. «C’est quand même plus agréable de rejoindre l’équipe de Suisse après deux victoires», souffle-t-il. Brillant il y a dix jours à Berne malgré un revers 1-4, l’Appenzellois de 35 ans a grandement contribué aux cinq points récoltés, le week-end dernier, face à Langnau et Ambri-Piotta.

Ces deux succès tombent après une lourde série de cinq vexations consécutives – et tout le reste –, période durant laquelle la critique a lourdement pesé sur ses épaules. «Pourtant, j’ai toujours eu le sentiment de bien faire mon boulot», rétorque Hiller. «Les performances d’un gardien ne se résument pas à ses seules statistiques, elles dépendent aussi des tirs qu’il reçoit, des occasions de marquer de l’adversaire, de la solidité de la défense. J’ai quelque fois eu de la poisse. Et tout à coup, au lieu de faire mouche, les tirs finissent sur le poteau!»

Comme samedi à Ambri, où Hiller a entendu trois fois résonner des bruits métalliques. «Après le match, Martin Steinegger m’a dit qu’on devrait ramener les buts de la Valascia à Bienne!», se marre-t-il. «Ces détails-là, c’est la différence entre la victoire et la défaite.» La différence, aussi, entre des Jeux olympiques sur la glace et devant la télévision.

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