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Canton de Berne

Promouvoir les métiers techniques

Pour faire face au manque de relève dans les métiers techniques, le canton lance un projet baptisé "Education et technique". L'objectif est d'éveiller l'intérêt des enfants et des adolescents aux métiers scientifiques et techniques en créant, dès 2013, des partenariats entre les écoles et les entreprises. Le projet vise aussi à mieux intégrer ces disciplines dans la formation et la formation continue des enseignants en mettant en place des programmes spécifiques à l'école obligatoire et au gymnase.

La relève manque dans les métiers techniques

Avec quelque 90000 emplois, le canton de Berne est le plus grand site industriel de Suisse. Mais l’économie bernoise peine à recruter le personnel dont elle a besoin. Pour tenter d’éveiller l’intérêt des enfants et des ados pour les métiers techniques et scientifiques, les Directions de l’instruction publique (DIP) et de l’économie publique lancent un projet baptisé «Education et technique». Hier, dans les locaux d’une entreprise industrielle de Steffisburg, leur directeur respectif Bernhard Pulver et Andreas Rickenbacher ont présenté ce projet aux médias.

Comme l’a relevé ce dernier, «la situation pour notre industrie est à ce point critique que nous voulons agir au niveau cantonal, notre objectif étant de collaborer avec les milieux économiques pour motiver les jeunes à apprendre une profession dans les domaines qu’on appelle STIM, c’est-à-dire dans les sciences expérimentales, la technique, l’informatique et les mathématiques». Le projet va beaucoup plus loin qu’une simple campagne d’information, car il en va de l’avenir du site industriel du canton, a-t-il souligné.

En effet, contrairement à la situation dans la vente, les services et la santé, de nombreuses places d’apprentissage dans les domaines des STIM restent vacantes, faute de candidats. Les entreprises ont aussi beaucoup de peine à trouver les informaticiens, ingénieurs, techniciens du bâtiment et autres scientifiques dont elles ont besoin – même lorsque la conjoncture est mauvaise.

Patrons intéressés

D’où l’importance de sensibiliser les jeunes à ces domaines de manière précoce. «Le contexte actuel offre au canton une chance unique de devenir le principal site d’implantation des cleantech en Suisse», a insisté Andreas Rickenbacher. Et d’ajouter que de nombreux entrepreneurs lui ont fait part de leur intérêt à collaborer avec les milieux scolaires.

Ce manque de curiosité est d’autant plus surprenant que beaucoup de jeunes s’intéressent aux questions énergétiques et à l’environnement, et que «la plupart ne pourraient s’imaginer vivre sans appareils high tech». Pour le conseiller d’Etat, l’une des explications de ce manque d’intérêt pour les professions techniques tient sans doute au fait qu’«elles ne sont pas toujours synonymes de temps partiel, de conditions de travail flexibles et favorables aux familles ou d’égalité des salaires».

Dès l’école obligatoire

Chez les jeunes, a pour sa part constaté Bernhard Pulver, «les intérêts sont, dans une large mesure, fixés avant l’âge de 15 ans. Il faut donc éveiller l’intérêt pour les STIMà l’école obligatoire.» Il a aussi relevé que le choix de professions dans ces domaines est aussi influencé par les résultats obtenus en maths. Sachant que les disciplines scientifiques sont souvent considérées comme difficiles, rébarbatives et abstraites, il faut inverser la tendance. Comment? «En accroissant l’intérêt des jeunes, ainsi que de leurs parents et du corps enseignant pour les disciplines STIM.» Notamment auprès de jeunes filles. Sur les 20000 places d’apprentissage proposées chaque année dans les métiers techniques, elles ne sont en effet qu’un millier à s’y lancer.

Dans le cadre du projet «Education et technique», il entend sensibiliser les enseignants de tous les degrés aux mathématiques, aux sciences expérimentales et à la technique. Le projet se compose de trois éléments:un concerne l’école obligatoire, le 2e, les gymnases, et le dernier la formation et la formation continue des enseignants.

Pour ce qui est de l’école obligatoire, il s’agit de poursuivre et de renforcer les mesures existantes. Notamment la participation au projet alémanique «Innovation SWiSE» (Swiss Science Education), qui vise à renforcer l’enseignement des sciences expérimentales et de la technique dans les classes enfantines et à l’école obligatoire. «L’apprentissage constructiviste revêt une importance particulière. Les élèves doivent expérimenter eux-mêmes ce que cela signifie de développer quelque chose, par exemple en construisant des modèles réduits de véhicules fonctionnant à l’énergie solaire», a souligné Bernhard Pulver. Cinq écoles vont rejoindre les six déjà associées au projet SWiSE.

Avec les entreprises

Afin d’augmenter l’intérêt des élèves aux domaines STIM, la DIP veut renforcer la collaboration avec les entreprises. L’idée est de permettre aux élèves de se rendre dans celles qui sont partenaires pour apprendre à connaître sur place et dans la pratique ces professions STIM.

Bernhard Pulver entend également leur donner plus de poids dans les écoles de maturité, «par exemple par des semaines thématiques, des manifestations scolaires autour de ces thèmes et via des formes d’enseignement interdisciplinaires». Et de préciser que trois gymnases pilotes élaborent des projets comme la mise sur pied de programmes STIM au niveau des options complémentaires et des offres ciblées pour les jeunes filles. Et dès l’été 2013, le gymnase Köniz-Lerbermatt ouvrira une classe STIM.

Modules STIM intégrés dans la formation

Enfin, pour sensibiliser les enseignants à la thématique des STIM, la DIPveut intégrer les modules SWiSE dans la formation et la formation continue au niveau de la Haute Ecole pédagogique bernoise, et cela dès 2014. En outre, il est également prévu d’offrir des stages d’une semaine en entreprise pour les enseignants qui le souhaitent.

Le projet va démarrer le 1er janvier prochain et s’achèvera à fin 2015 par la publication d’un rapport. Les mesures et les partenariats mis en place avec les entreprises feront alors l’objet d’une évaluation. Dans la mesure de possible, le but est de les maintenir au-delà de 2015, a conclu le patron de la DIP.

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