Vous êtes ici

Abo

Théâtre

Krayon séduit "Le Monde"

Fabrice Bessire et la petite équipe de la compagnie Krayon vivent une aventure unique dans le cadre du célébrissime Festival de théatre, version «off».

Filmund, alias Fabrice Bessire

Stéphane Devaux

Coup de génie ou coup de pouce du destin? Les deux à la fois, car l’un ne va sans doute pas sans l’autre. Toujours est-il que la semaine dernière, la troupe du Jura bernois, Florine Némitz et Fabrice Bessire sur scène, Jessanna, la frangine de la première, en soutien polyvalent, et Damien Christen à la régie, a tapé dans l’œil de Laurent Carpentier, chroniqueur culturel et envoyé spécial du «Monde» en Avignon. Son texte, touchant et élogieux, circule sur internet. En ville, le bouche à oreille attire le public vers la salle que loue la compagnie pour la durée du festival. Salle comble: 90 spectateurs deux jours durant en fin de semaine dernière. «C’était un peu l’effervescence», s’enthousiasme le comédien-clown de Courtelary au téléphone. «Depuis, c’est redevenu un peu plus calme. Là, on repart sur une nouvelle semaine (réd: nous l’avons joint lundi après-midi), avec un public renouvelé.»

Conte de fées diabolique
Pourtant, le festival «off» d’Avignon, pendant tout le mois de juillet, ça tient un peu du pari fou. Pour la compagnie Krayon, c’est une case de deux heures, tous les jours, à partir de 11h30, sur la scène du théâtre du Rempart. «Nous avons pu choisir un des dix théâtres permanents de la ville; c’est une chance, à Avignon, pendant le festival, il y a une centaine de théâtres éphémères». A moins que cette chance ait été provoquée... «C’est vrai, reconnaît Fabrice Bessire, nous avons envoyé une trentaine de dossiers et nous reçu 25 réponses positives. Ce spectacle a tout de suite accroché.»

Le spectacle? «Tik Tak», spectacle tout public et sans parole, mis en scène par l’humoriste et comédien Karim Slama, que leurs auteurs qualifient de «poétique, féérique, clownesque». Car Florine et Fabrice ne se contentent pas de jouer, ils ont aussi écrit l’histoire de Filmund, cet artisan passionné qui ne vit que pour les horloges qu’il crée et répare. Et qui voit sa vie changer le jour où il hérite d’une vieille boîte à musique. «C’est un peu un conte de fées, avec un petit côté diabolique», suggère Fabrice Bessire. La fée échappée de la boîte est en effet plutôt du genre gentiment tyrannique... Reste que l’histoire plaît et émeut. Certains évoquent Buster Keaton ou Charlie Chaplin. Fabrice, qui est aussi clown, fait référence à Gardi Hutter ou à un de ses maîtres, le Russe Slava Polulin. Certains écrasent une larme lorsque le spectacle s’achève.

Jusqu’à mardi prochain
Mais furtivement. A peine le temps d’un rappel et l’équipe de Krayon s’attelle au démontage. Deux heures, pas une minute de plus, il faut faire place nette pour le spectacle qui suit. «On a pris l’habitude, on démonte le décor en dix minutes et on le remonte en onze», calcule, en bon horloger, Filmund alias Fabrice. Pour la petite troupe, l’aventure, entamée le 30 juin, touche à son terme. Mardi, elle pliera bagage pour de bon. Un bagage enrichi de dizaines de contacts,  des adresses de multiples pros de la scène, en France, en Allemagne, en Italie et même en Chine, et de plein d’articles de presse. «Ce qu’il nous faut, à ce stade, c’est trouver un producteur, quelqu’un qui nous accompagne de manière professionnelle», relève Fabrice Bessire. Qui deviendra, le temps du tournage d’un film d’animation, un... squelette dont la gestuelle doit se rapprocher de celle de Charlie Chaplin. Rien que cela...

Articles correspondant: Région »