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Musée des Beaux-Arts de Berne

Enfin reconnu dans sa patrie

Exposition consacrée à Samuel Hieronymus Grimm, illustrateur et caricaturiste de talent du 18e siècle

Cette oeuvre de Grimm, aquarelle et encre, date de 1791.

En ce début d’année, le Musée des Beaux-Arts de Berne rend hommage à un artiste bernois du 18e siècle totalement méconnu dans son propre pays. L’institution bernoise consacre en effet sa première expo à Samuel Hieronymus Grimm. Avant l’ouverture officielle, le directeur du musée Matthias Frehner n’a pas manqué de souligner que «la Suisse a beau être un des pays au monde où la concentration de musées, de galeries privées et de collectionneurs d’art est parmi les plus fortes, ce peintre anglo-suisse est complètement tombé dans l’oubli dans sa patrie». C’est dire si l’exposition «Samuel Hieronymus Grimm, a very English Swiss» constitue une grande première en Suisse.

Talents multiples

Ce surprenant personnage naît à Berthoud en 1733. Jeune, il se consacre tout d’abord à l’art poétique, avant de s’initier à la peinture à partir de 1760 auprès de Johann Ludwig Aberli. Il part pour Paris en 1765 et poursuit sa formation chez Jean-Georges Wille. Les longues promenades qu’il fait lui permettent de se perfectionner dans la peinture de paysage. Trois ans plus tard, il quitte la capitale française pour Londres où il va vivre jusqu’à sa mort en 1794 en tant que dessinateur et peintre indépendant.

Dans la grande ville anglaise, il entame sa carrière en illustrant des pièces de Shakespeare, mais se distingue aussi très vite comme caricaturiste. «Avec un humour mordant, il dépeint les travers et les faiblesses de la société britannique, qu’il s’agisse de la mode que du monde politique», explique Matthias Frehner.

Very English Swiss

L’exactitude de ses représentations, mais aussi sa très grande rapidité, ses tarifs modiques et sa parfaite maîtrise de l’esquisse et de la peinture en plein air rendent Grimm – que les Britanniques surnomment le «very English Swiss» – très populaire. Les spécialistes de l’art anglais le comptent comme un des pionniers de la topographie, considèrent ses aquarelles comme des œuvres novatrices et mettent ses caricatures sur pied d’égalité avec celles du célèbre Thomas Rowlandson.

Homme d’église et de sciences, Sir Richard Kaye fut un des plus fidèles commanditaires de Grimm à partir de 1773. Durant deux décennies, Kaye lui donne carte blanche pour saisir tout ce qu’il considère comme remarquable. Résultat:Grimm réalise plus de 2600 dessins et aquarelles sur la vie quotidienne, l’architecture et les paysages britanniques, ainsi que sur les manières des Anglais. Bref, «son œuvre est une véritable encyclopédie illustrée de l’Angleterre géorgienne du 18e siècle», note Matthias Frehner, avant qu’elle ne soit bouleversée par la révolution industrielle.

Durant toutes ces années, Grimm a parcouru l’Angleterre de long en large à la recherche de sujets insolites ou souvent négligés. Il a ainsi créé un véritable panorama de lieux et de sites dont beaucoup n’existent plus.

Tous les genres

L’exposition que propose le Musée des Beaux-Arts jusqu’au 21 avril prochain est la première rétrospective d’envergure consacrée à cet artiste, et le public pourra y découvrir tous les genres qu’il a pratiqués. Les œuvres exposées proviennent principalement de grands musées du Royaume-Uni. Comme l’a indiqué Matthias Frehner, le Musée des Beaux-Arts de Bâle possède plusieurs œuvres de cet artiste. Celui de Berne en a aussi quelques-unes parmi celles réalisées avant son départ pour Paris, puis pour Londres.

Al’occasion de cette exposition, le musée publie un catalogue richement illustré, réalisé par William Hauptman, spécialiste de cette période. En 1996, celui-ci avait déjà collaboré avec le Musée des Beaux-Arts de Berne en tant que commissaire de l’expo consacrée à John Webber, autre grand illustrateur bernois émigré en Angleterre et qui accompagna le capitaine Cook lors de ses fameuses expéditions.

 

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