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Cormoret

Un couple de jeunes paysans dévoile son quotidien

Dans le cadre de l'Année internationale de l'agriculture familiale, un couple de jeunes paysans de Cormoret participe à l'opération "Mon paysan, ma paysanne" à suivre sur internet et sur facebook. Les Ganguillet ont choisi de dévoiler leur quotidien de paysan sans rien cacher.

Le couple Ganguillet avec leur fille Margaux et les veaux. (Photo Gerber)

Yves-André Donzé

Etre paysan en 2014 n’est pas plus facile qu’en 2013. Mais quand on est jeune, qu’on a fondé une famille, que les parents sont  encore vigousses et plutôt présents, et qu’en plus on aime son boulot, il y a de quoi se sentir bien dans sa peau. C’est le cas de Raphaël et Mélanie Ganguillet, accompagnés de leur petit rayon de soleil, Margaux, 19 mois. Ils ont été sélectionnés par la Chambre d’agriculture du Jura bernois pour participer à «Mon paysan, ma paysanne», un projet de mise en visibilité de la paysannerie sur la toile, tout au long de l’Année internationale de l’agriculture familiale instituée par l’ONU. Entre découverte émerveillée et pointe de voyeurisme, ce projet permet à l’internaute de coller à la réalité du paysan, de se mettre dans sa peau, dans la mesure du possible.
Les Ganguillet font partie des 27 familles choisies en Suisse, soit une par canton. Les cantons bilingues en ont deux, une par région linguistique. A travers «Mon paysan, ma paysanne», on peut aussi découvrir des familles d’ailleurs, au Kirghiztan, en Roumanie, en Bolivie ou au Honduras.


Des vaches, c‘est mieux avec ou sans cornes?
«Dans ces familles qui participent au projet, il y en a qui rechignent de dévoiler certaines choses. Moi je suis pour tout montrer. Il faut éviter de donner une image idyllique de la paysannerie pour être au plus près de la réalité», explique l’éleveur en évoquant, par exemple, l’écornage des vaches. «Cela provoque des réactions mais  tant mieux. Moi je trouve la vache Holstein plus belle sans cornes. Par contre, c’est dommage de les enlever à une Simmental», précise l’éleveur à propos de sa présence sur le web. Idem lorsqu’il a montré un petit veau, né spontanément dont il a publié la photo juste quand il l’a trouvé gisant à même le sol, sans paille. Gare aux intolérances.
En fait c’est l’Union suisse des paysans qui a lancé ce projet pour la Suisse et qui a créé le site qui renvoie au compte Facebook du paysan (www.monpaysan.ch).
Et ce sont les chambres d’agricultures qui ont choisi les familles en Suisse. L’internaute peut également participer à un concours. Une fois par mois, on peut répondre à une question. Par exemple, la famille Paccolat, de Collonges, produit des œufs. On doit trouver combien elle en produit par jour. On peut choisir ses familles. La famille Ganguillet élève des juments poulinières franches-montagnes à Cormoret. Elle n’est pas peu fière de son élevage de franches-montagnes. Elle possède 12 chevaux et le frangin en a cinq. C’est lui qui s’occupe des chevaux le week-end. Au mur du salon, une photographie montre Raphaël en pleine course attelée à deux chevaux au Marché-Concours de Saignelégier. Cette année, l’élevage s’est augmenté de six poulains, dont deux sont partis à la boucherie. «Le monde du cheval franches-montagnes n’est pas au meilleur de sa forme. Et le marché va mal. Nous, on fait ça pour le plaisir et pour l’ambiance entre éleveurs», se réjouit le fermier. Car il a aussi 39 vaches laitières et une trentaine de veaux et génisses. Mélanie est infirmière à l’hôpital de Saint-Imier. La gestion du temps semble donc primordiale. Il faut aussi s’adapter aux changements de la politique agricole. Mais la famille ne se plaint pas. «Nous avons encore un bon prix du lait. En 2013, on nous a augmenté le prix du lait de 3,2 ct.».
 Le producteur fournit son lait à la fromagerie Spielhofer pour la tête-de-moine, le gruyère et quelques autres spécialités fromagères. Les Ganguillet sont donc bien dans le coup et se réjouissent de l’interactivité que lui offre Facebook. «Cela donne un sens supplémentaire à notre manière de vivre. A la naissance d’un veau, par exemple, nous recevons des propositions de nom.» C’est sympa, trouve Raphaël, qui a déjà publié la vidéo d’une saillie, deux vêlages, et l’évolution du pi de la vache. La famille alimente le site cinq fois par semaine. Cela va du tour des pâturages aux déchets qu’on trouve au bord des champs en passant par le débourrage des chevaux et les activités familiales. Mais aussi quand les génisses iront en estivage au pâturage de la bourgeoisie de Cormoret. Car Ganguillet bougeoise, la famille l’est depuis 700 ans, et le restera encore bien des ans.

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